Après une fermeture de six mois, les écoles rouvrent leurs portes | Elèves excités, parents soucieux et cadre éducatif méfiant !

La rentrée scolaire 2020 est marquée par le rebond, tant redouté, du coronavirus. C’est donc masqués qu’élèves et enseignants ont repris le chemin de l’école. Comment mène-t-on cette rentrée dans ce contexte sanitaire toujours très incertain ?
A La Soukra, on juge réussie la reprise des cours.

Nouveaux vêtements, nouveau tablier, un masque visière pour protéger son petit visage excité, cette petite écolière prend pour la première fois le chemin de l’école. Mais pour elle, le paysage est assez étrange : point de désinfection à l’entrée, des parents qui accompagnent leurs enfants mais aussi qui s’inquiètent pour leur sécurité, un cadre éducatif aussi ferme qu’il soit pour veiller sur la bonne application du protocole sanitaire fixé par le ministère de l’Intérieur… L’école primaire de Zouaidia, à La Soukra, dans le gouvernorat de l’Ariana, a ouvert ses portes pour les élèves, après une fermeture de six mois. Ce sont les élèves de la première année qui sont les premiers à reprendre les cours dans des conditions sanitaires peu communes.

Située au cœur d’un quartier populaire bâti dans le cadre d’un programme social destiné aux familles démunies, l’école ne renferme pas un grand nombre d’élèves. Ils sont d’ailleurs estimés à moins de trois cent quarante élèves inscrits. Mais au matin de ce premier jour de la rentrée scolaire progressive, l’affluence des élèves et des parents était remarquable si on sait que seulement les élèves de première année, étaient concernés, hier, par la reprise des cours. «Certains parents, même si leurs enfants ne reprenaient pas les cours, sont venus inspecter les conditions de cette rentrée scolaire exceptionnelle», affirme le seul surveillant de ce petit établissement scolaire. En effet, pour certains parents, il est essentiel de prendre connaissance des conditions de cette reprise des cours. « Je suis venue seulement m’assurer des conditions sanitaires, ce n’est pas aujourd’hui que mon fils reprend les cours, mais pour moi, il est essentiel de voir de près ce qui se passe et dans quelles conditions nos enfants retrouveront les bancs de l’école », explique une parente.

Tous étaient conscients de la nécessité d’appliquer les mesures sanitaires imposées par les autorités, dont notamment le port du masque, la distanciation physique et la désinfection des mains. Les différents intervenants jugent réussie cette reprise des cours. D’ailleurs, un bon nombre d’élèves portaient le masque, mais pour eux, c’était comme un accessoire de plus pour leur fourniture scolaire. « Je ne sais pas pourquoi je le porte, mais ma maman m’a dit que si je ne le porte pas, je tomberai malade », nous répond avec innocence un jeune écolier venu découvrir pour la première fois sa nouvelle école.

De nombreux enfants portaient en effet le masque de protection même si, pour eux, il n’est pas imposé par le protocole sanitaire. Regroupés devant cet établissement scolaire, certains parents ont émis leurs craintes de voir ce masque se transformer en un vecteur de contamination. « Pour eux, c’est un simple accessoire, ils ne savent pas comment l’utiliser, je crains que certains n’échangent leurs masques », s’inquiète une parente.

Compter sur nos propres moyens

Ces inquiétudes ont été également soulevées par le directeur de cette école qui s’est dit contre le port du masque, notamment pour les élèves des deux premières années de l’enseignement primaire. Il affirme que toutes les dispositions ont été prises dans son établissement, mais il  s’est montré, en revanche, étonné face à l’absence de tout contrôle sanitaire. « Nous n’avons reçu aucun représentant du ministère de la Santé, aucun suivi ni contrôle sanitaire n’est assuré », s’est-il désolé, affirmant que son établissement compte sur ses propres moyens pour assurer un strict minimum de protection aux élèves et au cadre éducatif. « Nous n’avons pas encore reçu des équipements et des produits de protection de la part du ministère de l’Education, nous comptons sur nos propres moyens pour assurer une protection à nos élèves et nos instituteurs », a-t-il expliqué.

Pour le cadre éducatif de cette école, toutes les mesures ont été prises pour assurer une reprise des cours tout en minimisant les risques de contamination par le coronavirus. D’ailleurs comme l’explique une institutrice, ce sont notamment les mesures de distanciation physique qui ont été rigoureusement appliquées. A l’intérieur des classes, comme nous avons pu le constater, chaque table était occupée par un seul élève, et les classes n’étaient pas chargées. « Pour ce premier jour, on se contente seulement de présenter le programme d’enseignement et nous essayons d’expliquer aux élèves qui découvrent pour la première fois le monde de l’école la nécessité de ces dispositions exceptionnelles. Pour nous, c’est un double enjeu, réussir cette rentrée scolaire, et maintenir les élèves dans un état psychologique serein », explique-t-elle, tout en admettant que quelques produits de désinfection manqueront progressivement durant la prochaine période.

 

crédit photo : © Abdelfattah BELAÏD

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