Composé de 16 députés, dont la plupart des démissionnaires de Qalb Tounès, le Bloc national semble aujourd’hui s’enfoncer dans une crise de positionnement politique compte tenu d’éventuelles alliances qui commencent à se profiler. En effet, la crise au sein de ce bloc ne porte pas uniquement sur l’identité de son président ni sur cette bataille pour le leadership, elle porte aussi sur une éventuelle alliance stratégique avec la coalition.

Que se passe-t-il au bloc parlementaire national ? Pourquoi en est-il arrivé à cette situation de blocage et de division qui ne cesse de porter atteinte à toute l’image du parlement déjà déstabilisé par d’interminables conflits ? Les démissions s’enchaînent suite à l’élection de Ridha Charfeddine en tant que président avec comme adjoint Imed Ouled Jebril, certains députés crient au putsch.

Le bloc a tenu une réunion, samedi dernier, lors de laquelle les deux députés Ridha Charfeddine et Imed Ouled Jebril ont été élus à la tête de ce bloc parlementaire fondé il y a quelques mois suite à des démissions au sein du bloc de Qalb Tounès. Sauf que ces élections ne font pas l’unanimité au sein de ce groupe, pire encore certains députés crient à un putsch opéré avec la bénédiction de l’Assemblée. Effectivement, une sorte de conflit de leadership et de légitimité s’est emparé de ce groupe parlementaire, alors que Hatem Mliki, fondateur du bloc, revendiquait toujours sa présidence.

Sauf que le bureau de l’ARP a tranché lundi dernier en affirmant — se basant sur les correspondances reçues par les deux parties — que c’est Ridha Charfeddine qui sera proclamé officiellement chef de ce groupe, visiblement voué à la scission. Averti, Hatem Mliki a immédiatement annoncé sa démission du bloc, laissant entendre qu’il avait prévu une réunion pour réaffecter les responsabilités entre les députés membres, avant que Ridha Charfeddine n’organise une réunion en l’absence de certains députés pour s’autoproclamer président du bloc. Faisant allusion à l’implication de l’institution du parlement dans cette affaire, Mliki a averti contre «la transformation du parlement en un outil de dictature», décrivant ce qui s’est passé lors de cette réunion de «mascarade».

Sur fond de ces rebondissements politiques, plusieurs démissions ont secoué ce bloc parlementaire. La députée démissionnaire du bloc Mariem Laghmeni a fait savoir dans ce sens que sept élus ont démissionné du bloc, tout en laissant entendre que d’autres démissions sont attendues. Concernant les motifs de sa démission, la députée a indiqué que certains élus du mouvement Ennahdha sont les véritables instigateurs de la réunion présidée par Ridha Charfeddine. «Les députés du mouvement Ennahdha Noureddine Bhiri et Saïd Ferjani ont encouragé certains députés du bloc national à prendre part à cette réunion», a-t-elle déclaré.

Même son de cloche chez le député Khaled Gassouma qui a également annoncé sa démission expliquant qu’il ne «pouvait plus coopérer avec ceux qui ont choisi la coalition du terrorisme et de la corruption». Pour sa part, la députée Souhir Askri a également annoncé sa démission de ce bloc, dénonçant «un putsch et l’instrumentalisation de l’argent politique».

Aucune scission

En dépit de cette situation de blocage qui menace la viabilité de ce bloc, pour la députée Amira Charfeddine, aucune scission n’a eu lieu au sein de ce groupe parlementaire. «C’est Hatem Mliki qui a appelé à cette réunion dont l’objet était  de redéfinir les responsabilités et les nominations au sein des commissions parlementaires. Un huissier était présent afin que toutes les procédures soient notifiées», a-t-elle expliqué.

Revenant sur les circonstances de cette réunion, elle a affirmé que le quorum a été assuré, alors que Mliki a refusé de participer même à distance pour des raisons personnelles. «On lui a proposé de participer à distance mais il a refusé. Nous avions le quorum donc rien n’empêchait la réunion de se tenir. La majorité des élus a choisi un nouveau président et c’est la démocratie !», a-t-elle expliqué.

Composé de 16 députés, dont la plupart des démissionnaires de Qalb Tounès, le Bloc national semble aujourd’hui s’enfoncer dans une crise de positionnement politique compte tenu d’éventuelles alliances qui commencent à se profiler. En effet, la crise au sein de ce bloc ne porte pas uniquement sur l’identité de son président ni sur cette bataille pour le leadership, elle porte aussi sur une éventuelle alliance stratégique avec la coalition formée par Ennahdha, Qalb Tounès et Al-Karama. En effet, nous apprenons dans ce sens que les députés de ce bloc sont divisés, ce que risque de déchirer davantage ce bloc parlementaire.

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