Le ministre français de l’Intérieur en visite à Tunis : « Il ne faut pas confondre l’Islam avec l’idéologie extrémiste et terroriste »

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« L’extradition de certains Tunisiens accusés de terrorisme doit obéir à des conditions précises. Ils doivent jouir de tous leurs droits et être traités dignement et épuiser tous les mécanismes de recours face à la justice française », soutient le ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine

Cette visite intervient, certes, dans un contexte régional mouvant et tendu, notamment en raison des menaces terroristes qui planent sur les pays de la Méditerranée, mais elle vient à temps pour mettre au point les stratégies des deux pays visant à lutter contre le terrorisme, mais aussi la migration irrégulière.

En tournée dans plusieurs pays méditerranéens, le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin était en visite hier à Tunis, où il a donné un point de presse conjoint avec le ministre de l’Intérieur.

Si sa principale mission était d’évoquer ou même de négocier le sort de plusieurs Tunisiens présents sur le sol français, soupçonnés d’être radicalisés et dont Paris réclame l’expulsion, le responsable français est revenu également sur la question migratoire. 

Prévue de longue date, cette visite a été accélérée par l’attentat qui a fait trois morts dans la basilique de Nice fin octobre, et dont l’auteur présumé est un jeune Tunisien fraîchement arrivé en Europe par la voie clandestine de Lampedusa.

Revenant sur l’attentat terroriste ayant ciblé une cathédrale à Nice, en France, Darmanin a, sans évoquer la nationalité tunisienne du présumé auteur de l’attaque, souligné le fait que la Tunisie lutte également contre ce fléau et que son pays restera toujours aux cotés des Tunisiens pour éradiquer la menace des courants extrémistes.

« Il ne faut pas confondre l’Islam avec l’idéologie extrémiste et terroriste », a-t-il souligné, rappelant que la France s’opposera fortement à tous ceux qui veulent nuire aux relations tuniso-françaises.

Evoquant le phénomène de la migration clandestine, le ministre français de l’Intérieur a souligné la nécessité de le traiter dans un cadre méditerranéen. « Aujourd’hui plusieurs pays sont concernés par ce dossier dont notamment la France, la Tunisie et l’Italie, nous devons trouver des solutions adéquates à ce fléau dans un cadre méditerranéen tout en adoptant une approche participative », a-t-il noté.

Extradition des terroristes présumés

Pour sa part, le ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine, est notamment revenu sur la question de l’extradition des Tunisiens radicalisés se trouvant actuellement sur le territoire français. Pour lui, si tous les Tunisiens ont le droit de revenir dans leur pays, conformément à la Constitution, la question de l’extradition de certains individus radicalisés ou accusés de terrorisme doit se faire selon certaines conditions, dont notamment le respect de la dignité et des droits.

Charfeddine a assuré, dans ce sens, que la Tunisie n’acceptera l’extradition de ces Tunisiens que s’ils auront épuisé tous les possibilités de recours garantis par la justice française.

« L’extradition de certains Tunisiens accusés de terrorisme doit obéir à des conditions précises, ils doivent jouir de tous leurs droits et doivent être traités dignement et épuiser tous les mécanismes de recours face à la justice française », a-t-il expliqué davantage. S’adressant à son homologue français, le ministre de l’Intérieur a rappelé que de nombreux Tunisiens rendent actuellement service  à la France, notamment dans les domaines de la médecine et de l’enseignement.

Pour le ministre de l’Intérieur, l’Islam, « cette religion pacifique », n’a aucun rapport avec le terrorisme, ni l’extrémisme.

« Ce sont des criminels qui veulent s’en prendre à l’humanité, ils n’ont ni nationalité, ni religion », a-t-il ajouté. Et d’insister que la Tunisie et la France font face aux mêmes menaces terroristes et aux mêmes défis sécuritaires, rappelant que la Tunisie était aussi victime du terrorisme, dernièrement, à Akouda dans le gouvernorat de Sousse.

S’agissant de la migration clandestine, le ministre de l’Intérieur a appelé son homologue français à privilégier les approches économiques et sociales, outre l’approche sécuritaire, pour y faire face.

 

crédit photo : © Abdelfattah BELAID

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