Secoué en 2011, meurtri par les attentats terroristes en série en 2015 et 2016 et, enfin, « écrasé » par la crise sanitaire, le tourisme tunisien agonise. Pire, il manque d’éclairage. Encore moins de perspectives.
La saison touristique touche à sa fin. La crise sanitaire et les mesures de restriction ont lourdement pesé sur le rendement d’un secteur qui se morfond et qui est entraîné sur un terrain plus que jamais glissant.
L’année 2020 a été, comme attendu, catastrophique pour une activité qui constitue l’un des piliers de l’économie nationale et fournit des moyens de subsistance à des milliers d’actifs. Le tourisme est même considéré comme un vecteur d’intégration, d’autonomisation et de génération de revenus aussi bien pour les hommes que pour les femmes.
Les impacts socioéconomiques de la crise sanitaire montrent que les travailleurs dans ce secteur font partie des catégories les plus à risque. L’impact de cette crise sur le tourisme apparaît dans toute son ampleur lorsque le directeur de l’Office national du tourisme dresse le bilan d’une année « catastrophique à tous les niveaux ». Une baisse de 78% du nombre de touristes a été enregistrée entre le 1er janvier 2020 et le 20 décembre de la même année. Au vu de leurs apports habituels pour l’économie nationale et par rapport à l’année dernière, les recettes touristiques ont chuté de 64% et le nombre de nuitées a connu une baisse de 80%. Les mesures d’accompagnement des entreprises touristiques prises par le gouvernement, à l’instar de l’accord entre les banques et la Société tunisienne d’assurance, sont considérées par les professionnels comme incomplètes. D’ailleurs, et jusqu’à présent, elles ne sont pas appliquées.
Frappé de plein fouet et face à une situation d’extrême urgence, le tourisme tunisien est appelé aujourd’hui à se repositionner. Le fleuron de notre économie peut-il vraiment être sauvé ? Peut-il résister et se relever ? Peut-il éviter l’effondrement ?
Même si pour la plupart des acteurs du secteur, ce qui est perdu est perdu, même si le choc a été d’une violence inouïe, les solutions et les alternatives sont toujours bonnes à prendre. A consacrer surtout. Il s’agit d’inventer de nouveaux modèles, d’attirer une nouvelle clientèle, de proposer une offre plus accessible à une population modeste. Entre les contraintes quotidiennes, la reprise et la relance, il ne faut pas oublier l’aspect social. Un certain nombre de mesures sont aussi importantes comme le chômage partiel, les exonérations fiscales, mais aussi les prêts et les aides pour permettre aux hôteliers de survivre. Il faudrait une réaction forte du gouvernement pour porter secours au secteur. Un vaste plan de soutien et de sauvetage est nécessaire pour amortir non seulement l’effet de la baisse du chiffre d’affaires, mais aussi pour faire face aux défaillances actuelles.
Comme dans d’autres branches économiques, la crise sanitaire devrait ancrer de nouvelles tendances qui émergent dans un secteur touristique qui risque d’être encore fortement ébranlé…