Hôpital régional de Jendouba: «Parfois, on se trouve obligé de transporter les patients via les escaliers ! …»

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Les ascenseurs ont été réparés un mois après le drame survenu à l’hôpital régional de Jendouba, à l’origine du tragique décès d’un jeune résident en chirurgie générale. Les conditions sont toujours aussi dures dans cet établissement hospitalier, qui manque cruellement de personnel médical et paramédical.


Les drames que nous vivons au quotidien ne cessent de se multiplier dans notre pays. Mais on ne doit surtout pas s’habituer et cela ne doit en aucun cas être un motif valable pour les banaliser ou les oublier.  Cela fait presqu’un mois que nous nous sommes tous réveillés sur le drame de la mort de Badreddine Aloui dans la cage d’ascenseur de l’hôpital régional de Jendouba.

Badreddine, ce jeune résident en 1ère année chirurgie générale, qui vient de fêter ses 27 ans, s’est éteint dans la cage d’un ascenseur.

L’incident est survenu, comme tous les médias l’ont mentionné, lorsque le résident a fait un appel à l’ascenseur à partir du deuxième étage pour descendre voir un patient en urgence. La porte s’est ouverte  au deuxième étage, sauf que la cabine a continué son chemin en montant jusqu’au cinquième étage.

Par inadvertance, le jeune médecin s’est précipité vers la porte de l’ascenseur et a chuté dans la cage de l’ascenseur. C’est ainsi que Dr Sami Skandrani, médecin généraliste au service Samu de l’hôpital de Jendouba, a décrit les circonstances dans lesquelles Badreddine  est parti.

«C’était notre équipe de Samu qui était la première à découvrir ce qui s’est passé !», rajouta-t-il avec émotion.

La rencontre avec le Dr Skandrani était une occasion pour discuter de l’état de l’hôpital de Jendouba. En effet, ce dernier, comme d’autres hôpitaux, connaît un manque terrible au niveau des services ; manque de matériel, manque d’ustensiles et  personnel, à savoir  les techniciens, les infirmiers et les médecins spécialistes.

«Il y a même des employés sans qualifications qui, par manque de personnels soignants, font le travail des infirmiers et vous pouvez imaginer les dégâts qui peuvent survenir en cas de faute médicale…», a affirmé le Dr Skandrani.

Un hôpital régional avec un seul ascenseur pseudo-fonctionnel qui transporte aussi bien le personnel soignant que les visiteurs et les malades, y compris les malades Covid+, soulève à tout moment le problème lié au risque de contamination du personnel médical et paramédical et des malades.

«Les autres ascenseurs sont toujours en panne, il n’y a que deux fonctionnels et en mauvais état qui sont activés en alternance!», a observé récemment le Dr Skandrani. «Et parfois il n’y en a aucun qui est disponible et on se trouve obligé de transporter les patients via les escaliers !…», observait le médecin.

Le manque de spécialistes n’est pas aussi des moindres à l’hôpital de  Jendouba. «Il y a également un énorme manque de médecins dans plusieurs spécialités, comme la pédiatrie…», a ajouté le médecin.

Il faut avouer aussi que le manque de médecins est dû principalement à leurs migrations vers des destinations qui leur offrent de meilleurs honoraires et rémunération en plus de conditions de travail favorables.

Parmi ces médecins, on trouve Dr Skandrani qui nous a fait part des conditions catastrophiques à l’hôpital de Jendouba avant de partir pour un pays de l’Afrique cherchant une expérience meilleure.  Encore une fois, il a fallu qu’on vive une tragédie pour se rendre compte des systèmes défaillants du pays ! Et encore une fois, c’est le secteur de la santé publique qui est concerné.

Quand est-ce qu’on va comprendre que la santé et l’éducation sont les deux priorités du secteur public. Un secteur qui bat de l’aile, mais qui doit résister tout de même !

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