Les dernières mesures prises par la Commission de lutte contre la Covid ne semblent pas convaincre, encore moins rassurer, une grande partie des Tunisiens. Pourtant, la vague monte et les jours qui viennent s’annoncent de plus en plus difficiles. Et c’est peu dire puisque les chiffres sont loin d’être sécurisants. La Tunisie vient en effet d’enregistrer le bilan le plus élevé depuis l’apparition de la pandémie en mars 2020. Soit 119 morts annoncés rien que pour la journée de mardi dernier et portant le nombre des victimes de la Covid-19 à 10.563.
Le bilan prouve que la Tunisie a été prise de vitesse par la troisième vague de la pandémie et après plus d’une année de cohabitation avec le virus, l’on ne parvient toujours pas à régler le curseur sur les résultats auxquels on aspire. Faute de vision, les différentes décisions adoptées jusque-là ne donnent pas l’impression de suffire.
D’aucuns s’interrogent d’ailleurs sur la pertinence des nouvelles mesures et pensent qu’elles risquent de ne pas avoir l’impact souhaité sur la crise sanitaire à laquelle est confronté le pays qui semble visiblement manquer d’une stratégie adéquate. Une stratégie à laquelle les Tunisiens peinent, il est vrai, à adhérer quand ils ne font rien, ou presque, pour respecter ses règles et son tempo. Conçue pour réduire la propagation de l’épidémie, l’efficacité des mesures annoncées par le Comité scientifique n’est pas tout à fait garantie, notamment face à l’indifférence et à la nonchalance que ne cessent de manifester dans leur comportement et dans leur mode de vie une grande partie des citoyens désirant retrouver la vie d’avant.
Il faut dire aussi qu’on continue encore à se tromper de choix et de priorités dans la gestion de la crise sanitaire. Si les problèmes liés à l’incapacité de stopper la propagation du virus et les défaillances aux différents niveaux sont connues de tous, les alternatives et les solutions ne le sont réellement pas. Le contexte général est devenu défavorable à la prise des décisions les plus indiquées et cela se répercute sur la manière avec laquelle les différentes crises, et non pas seulement sanitaires, sont gérées. Les options et les interprétations, aussi justifiées soient-elles, ne font que nourrir le doute, la démobilisation. Penser aujourd’hui à ce qui aurait dû être accompli pour faire face à la pandémie, mais aussi à ce qui risque encore d’arriver relève d’un exercice de haute voltige.
Le flou a une fâcheuse tendance à se normaliser dans la gestion des crises qui ne cessent de toucher le pays. Son expansion, en même temps que sa propagation, font écho d’une déformation plus que jamais compromettante, tout comme le risque de s’aventurer encore davantage sur un terrain glissant.
C’est malheureusement la face visible d’un paysage politique, économique et social miné par une dénaturation existentielle et dans lequel se profilent les dessous d’un environnement désorganisé et décomposé. La Tunisie fait en effet face à la crise sanitaire dans une atmosphère de conflit, d’affrontement et de dissension entre les différentes parties prenantes. Les défaillances se multiplient. Les travers sont nombreux et la spirale ne semble pas finir…