Intentions de vote pour les législatives et la Présidentielle : Saïed indétrônable, le PDL toujours premier, le Courant démocratique monte…

Alors que la crise politique bat son plein en Tunisie à cause d’un conflit opposant les trois présidences, les partis politiques font toujours preuve d’une faible performance, aucun d’entre eux n’est en mesure de proposer une solution à même de faire sortir le pays de cette crise. Dans la foulée, ce sont les sondages d’opinion qui nous donnent des indicateurs sur la popularité de certains partis, même s’ils accusent de nombreux problèmes de représentativité et de scientificité.

Le dernier sondage du mois d’avril 2021 réalisé par Emrhod Consulting, dont les résultats ont été publiés hier, place toujours le Parti destourien libre (PDL) en tête des intentions de vote pour les législatives, si jamais elles sont organisées maintenant, avec un léger recul. En effet, de 39% au mois de mars, le PDL passe à 37%, perdant ainsi deux points en faveur du parti Ennahdha qui monte et passe de 22% au mois de mars à 26% au mois d’avril.

Ce qui marque également ce nouveau sondage, c’est la montée du Courant démocratique qui devance, cette fois-ci, le parti Qalb Tounès, avec 9% des intentions de vote contre 6% pour le parti de Nabil Karoui.

Cependant, la sixième place est réservée à la coalition Al-Karama qui avance légèrement pour passer de 2% à 3%. Achaâb, Tahya Tounès et Machrou obtiennent en revanche 2% des intentions de vote.

Les intentions de vote pour Saïed passent à 48%

Pour la présidentielle, si elle a lieu aujourd’hui, les intentions de vote pour Kaïs Saïed passent à 48% contre 44% au mois de mars.  Abir Moussi est, comme le PDL, en recul et reste loin derrière Kaïs Saïed avec 15% d’intentions de vote contre 17% au mois de mars.

S’agissant du taux de satisfaction des Tunisiens, compte tenu du rendement de leurs dirigeants et personnages politiques, le Chef de l’Etat Kaïs Saïed est toujours en tête des opinions favorables avec 44% au mois d’avril, contre 42% au mois de mars. Quant au Chef du gouvernement, Hichem Mechichi, il perd en popularité avec seulement 18% comme taux de satisfaction contre seulement 8% pour le chef de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) Rached Ghannouchi.

Commentant les résultats de ce sondage d’opinion, le journaliste, écrivain et analyste politique Slaheddine Jourchi explique que pour le moment, il s’agit d’intentions de vote fluctuantes, auxquelles on ne peut pas se fier pour décrypter l’actuel paysage politique tunisien. Il ajoute que ces intentions varient selon les circonstances politiques, notamment à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), devenue la première source de spectacularisation de la vie politique. Evoquant le cas Ennahdha, Jourchi explique que ce parti renferme un réservoir électoral stable même si son électorat commence à s’effriter.

Pour ce qui est du léger recul du PDL, il note que le rendement politique de ce parti dépend largement des agissements de sa présidente Abir Moussi et que ces nouveaux résultats pourraient être analysés à partir des récentes apparitions médiatiques de Abir Moussi, notamment par le biais des vidéos diffusées directement, car pour lui, une forte présence sur les réseaux sociaux pourrait être contre-productive.

Notons que ce sondage a été réalisé entre le 30 avril et le 2 mai 2021 sur un échantillon de mille personnes interrogées se trouvant dans les 24 gouvernorats avec respect de la démographie tunisienne. Selon Emrhod Consulting, «il respecte les normes scientifiques en la matière et le panel est représentatif de la société tunisienne». Le taux d’erreur est de 3%.

Tantôt critiqués, tantôt exploités comme arme de persuasion politique, les sondages d’opinion sont aujourd’hui au cœur du débat. Dans un contexte de construction démocratique, ces sondages peuvent jouer un double rôle d’information des citoyens et d’exploration de leurs intentions de vote mais aussi d’orientation et même de conditionnement des choix électoraux de l’opinion publique. Durant ces derniers mois, et notamment avant les élections de 2019, une «frénésie sondagière» avait marqué les paysages audiovisuel et politique, soutenue par des intentions de recomposer l’échiquier politique, d’où l’apparition surprise de nouveaux partis et de nouveaux candidats, notamment au Palais de Carthage, dans les intentions de vote, supposées représenter celles des Tunisiens. 

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