
En Tunisie, il y a encore de la place pour l’ensemble des réfugiés et demandeurs d’asile, dont le nombre s’élève actuellement à plus de 8.000 de différentes nationalités.
Soixante-dix ans déjà, l’Unhcr, Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés, a encore du souffle. Aussi, l’engagement et la volonté d’aller plus loin. Depuis sa création en 1951, il n’a jamais failli à une mission : prise en charge de ceux ayant fui la guerre et la galère. Les protéger et les aider à vivre en paix, sa raison d’être.
D’ailleurs, c’est ce qui a fait son histoire humanitaire. Un temple de solidarité universelle digne de ce nom ! Au fil des ans, il n’a cessé d’épouser son temps et ajuster son agenda d’actions à l’aune des vicissitudes et circonstances. La Tunisie, un des signataires de la convention relative au statut des réfugiés en 1951, était, alors, le premier pays, à avoir abrité, en 1963, son bureau dans l’Afrique du Nord.
« Merci la Tunisie ! », ainsi s’exprime, reconnaissant, l’Unhcr, lors de la cérémonie d’inauguration de son nouveau siège aux Berges du Lac à Tunis. En mode protocolaire, Othman Jerandi, ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, avait dévoilé, mercredi dernier, la plaque commémorative du nouveau bureau HCR. La représentante de l’Unhcr en Tunisie, Dr. Hanan Hamdan, s’est fait plaisir de l’avoir vu partager, aux côtés des partenaires et invités, des moments fort significatifs de coaction et de coopération si historique et séculaire. Dans son mot de bienvenue, elle n’a pas tari d’éloges à l’égard de la Tunisie et son appui constant à l’Unhcr tout au long de ses mandats successifs exécutés sur son territoire national.
Coopération séculaire
Bien qu’un tel partenariat remonte à avant l’indépendance, il n’a revêtu un aspect officiel qu’au lendemain de la révolution en 2011. « Nous l’avons déjà senti lors des plans d’alerte étroitement préparés et coordonnés avec beaucoup de ministères tunisiens et d’organismes onusiens, aux fins de savoir gérer les flux migratoires prévus suite aux évènements survenus, à l’époque, en Libye », rappelle-t-elle. Au même rythme, cette coopération, fait-elle encore valoir, se poursuivra, sans relâche. En témoigne cette crise sanitaire, à cause du Covid-19. Et ce n’est pas tout. Sous nos cieux, il y a encore de la place pour l’ensemble des réfugiés et demandeurs d’asile, dont le nombre s’élève actuellement à plus de 8.000 de nationalités différentes. Ceux-ci se jouissent du droit aux soins, à l’éducation et à la formation. Mais aussi un accès à l’emploi, à condition que cela se fasse dans la dignité. A son tour, l’Unhcr n’a jamais lésiné sur les moyens pour apporter son soutien à la Tunisie, selon Mme Hamdan. « 70 ans d’actions et d’interventions, notre Haut commissariat continue à donner le meilleur de soi-même pour la protection des réfugiés dans le monde entier », s’engage-t-elle, souhaitant, en conclusion, aller plus loin dans son partenariat avec la Tunisie.
La solution n’est pas uniquement sécuritaire
De son côté, le chef de la diplomatie tunisienne, Othman Jerandi, a formulé l’espoir de voir cesser les tensions et les conflits dans le monde pour que tous les migrants et réfugiés retrouvent la paix et la solidarité. Un monde où il fait bon vivre ! Il a salué l’Unhcr pour les efforts qu’il a déployés, sans répit, à même de prendre en charge des réfugiés. Un vibrant hommage a été particulièrement adressé au bureau du HCR à Tunis, pour ses diverses prestations fournies, malgré le nombre accru des réfugiés et demandeurs d’asile. « Pour cette cause humaine, la Tunisie réitère son attachement indéfectible aux principes et valeurs universels de protection des réfugiés. D’autant plus qu’elle s’engage pleinement à respecter les protocoles et conventions internationaux en matière de droit de l’homme », affirme-t-il. Et d’ajouter que notre pays n’a jamais fermé ses frontières devant les réfugiés ou cessé de leur favoriser, en coordination notamment avec l’Unhcr, les conditions d’accueil appropriées. « On ne traite pas ce phénomène d’un côté purement sécuritaire, mais suivant une approche complémentaire et humaniste », insiste-t-il. L’idéal, d’après lui, est de réfléchir sur ses causes principales, soit la résolution des conflits dans les pays d’origine.
Les droits sociaux consacrés
Par ailleurs, Ayman Gharaibeh, Directeur du HCR- Région Mena, avait rejoint sa collègue Hanan Hamdan. Il a abondé dans le même ordre d’idées, mettant en avant le rôle de la Tunisie et sa réponse aux demandes d’asile sur sa terre, et ce, en dépit de la conjoncture difficile dictée par la pandémie.
«Et pourtant, on a abouti à des résultats probants, en termes d’appui à cette catégorie vulnérable », se félicite-t-il, indiquant que sa visite de trois jours en Tunisie s’inscrit dans le droit fil de renforcer ces liens de partenariat.
Suite à quoi, des conventions-cadre ont été signées avec le ministère des Affaires sociales, l’Union tunisienne de solidarité sociale (Utss) et l’Université de Tunis pour l’enseignement à vie.
Cela puise dans l’intégration sociale des réfugiés. Un mémorandum d’entente HCR-OIM, note-t-il, vient aussi d’être signé, pour le plus grand bonheur des migrants et réfugiés. Mais, aussi, révèle-t-il, pour l’unification des efforts onusiens conjugués à cet effet.
Sa rencontre avec Arnaud Peral, Coordinateur résident des Nations unies en Tunisie va, de même, dans le sens d’une coordination élargie avec les différentes instances de l’ONU basées sous nos cieux.
Toutefois, les objectifs souhaités sont encore loin d’être réalisés, déplore M. Peral. Et pour cause ! « Il est de notre devoir, en tant que partenaires, de faire tout notre possible pour donner à tous les réfugiés les mêmes chances d’intégration socioéconomique », préconise-t-il.
Pour lui, l’agenda semble extrêmement complexe et difficile.
« Mais, ensemble nous pouvons y arriver, bien que les moyens soient si limités», estime-t-il en conclusion.
En déménageant dans ses nouveaux locaux, l’Unhcr s’offre l’opportunité de mieux servir sa cause. La protection des réfugiés étant, depuis longtemps, son cheval de bataille, voire le phénomène du siècle passé et le défi d’avenir. Son partenariat avec la Tunisie est un gage de succès. Tout comme son aide qu’il apporte souvent à notre pays continue à alléger le fardeau d’un flux migratoires non-stop. Cette coopération mutuellement profitable devrait s’inscrire dans la durée.