Dans l’armoire aux mauvais souvenirs, la défaite de la sélection tunisienne face à l’Algérie occupera, à coup sûr, et bien que concédée dans le cadre d’un match amical, «une place de choix» dans l’histoire et le parcours des deux équipes. La prestation fournie à l’occasion intègre directement le top des pires matchs de l’histoire du football tunisien.
Certaines défaites font un peu plus mal que les autres. Mais l’on sait qu’en football, chaque performance et chaque débâcle découlent forcément d’une certaine logique. Ce qui impose aujourd’hui dans les différentes prestations de la sélection et dans le registre dans lequel elle évolue, c’est un jeu en manque d’efficacité et de concrétisation, mais surtout d’inspiration, d’initiative et d’anticipation.
Les approches et les choix préconisés par Kbaier ont quelque chose de vertigineux. Il suffit d’en évoquer la prestation face à l’Algérie, et évidemment la différence de niveau entre les deux équipes, pour deviner un mal-être, voire un traumatisme chez un équipe tombée très bas et qui, tout en faisant l’objet de défaillances techniques, de gouvernance et de gestion, se retrouve aujourd’hui dans un tournant.
Il faut dire que depuis l’arrivée de Kbaier, la sélection évolue sous une prétendue spécificité sportive qui, malheureusement, n’a que trop servi de couverture pour tenter de cacher une réalité amère. Il s’agit au fait des défaillances et des manquements qui nous amènent à nous interroger sur la qualité du travail accompli et l’apport du sélectionneur depuis sa nomination. Tout cela sans évoquer le parcours et l’expérience qui devaient en principe lui permettre d’être là où il est aujourd’hui.
Mais au-delà des constats et des jugements de valeur, ceux qui font comme toujours de la sélection un sujet de réflexion, tout ce qui a été entrepris jusque-là par le sélectionneur et ses joueurs ne correspond pas aux priorités de l’équipe, à la définition des rôles, des approches et des stratégies. En somme, tout ce qui est de nature à permettre aux joueurs de s’attacher réellement au terrain. De faire vibrer le public, de rallumer les passions autour de la sélection.
L’exemple de l’Algérie est édifiant. Voilà, en effet, une équipe qui a réussi à construire une identité, à se doter des vertus et des valeurs sportives rarement trouvées dans d’autres équipes. Des qualités qui ont une signification particulière dans le chemin que la sélection algérienne s’est particulièrement tracée et dans lequel la tâche du sélectionneur est essentiellement aidée par la présence de joueurs de haut niveau, ainsi que la stabilité assurée aussi bien dans le staff technique que dans l’ossature de l’équipe.
De manière générale, ce que nous offre aujourd’hui la sélection est loin d’inviter à rêver, encore moins de constituer une véritable protection autour de l’équipe. Et ce ne sont pas des novices comme Hannibal Mejbri, ou encore Hamza Rafia, autour desquels il y a eu un grand tapage, qui sont vraiment en mesure de donner des certitudes à une équipe, toujours aussi incapable de s’attribuer des espaces et de la maîtrise. Car quelle que soit la formule et quels que soient les noms des joueurs alignés, la sélection n’a pas réussi jusqu’ici à étoffer son jeu. Les changements n’ont fait que compliquer davantage les choses. Tout cela sans compter la dégradation des rapports entre les joueurs, notamment sur la base de traitement de deux poids, deux mesures.
Au vu de ses différentes prestations, la sélection désole plus qu’elle ne rassure. Ce qui s’y conçoit est devenu une crainte avérée et il est fort à parier qu’elle risque d’entrer dans une phase de décomposition dont l’issue sera incertaine, voire difficile à cerner. Plus que des questions de résultats ou de comportement, la réalité de la sélection offre aujourd’hui les contours d’interminables interrogations. Que ce soit sur le plan de crédibilité et d’infaillibilité, ou d’ordre structurel, elle n’a plus la même identité. La situation dans laquelle elle se trouve montre que la nouvelle vague des joueurs se contentent de prendre la tangente. Des joueurs qui débarquent en sélection accidentellement, sinon dans un temps inapproprié…