Au moment où les chiffres tardent à s’améliorer, bon nombre de Tunisiens n’hésitent pas à s’affranchir des gestes barrières. Ils se déplacent, se rencontrent et font même la fête comme en temps ordinaire. Il suffit parfois d’un rien pour qu’il y ait foule. Pas de distanciation, pas de masque. Beaucoup de Tunisiens font preuve ainsi d’insouciance et de nonchalance totales, notamment dans les lieux de rassemblement. Les images qui nous viennent de Sfax, où les supporters du CSS, mais aussi le grand public sfaxien, ont fêté la victoire de leur club en finale de la coupe de Tunisie, sans aucun respect des protocoles sanitaires et sans aucun souci de la gravité de leur comportement— exposant ainsi leur vie et celle d’autrui en danger— sont inadmissibles. Cela nous amène à constater que les insignifiances et les dérives ne sont plus une affaire marginale, mais qu’elles font désormais partie de la vie des Tunisiens. Après les meetings et les manifestations des partis politiques, c’est au public des stades et d’autres activités de leur emboîter le pas et de s’identifier à ceux qui leur ont donné le mauvais exemple.
Il s’est avéré que se partager la médiocrité et la nonchalance, c’est ce qu’aiment le plus un bon nombre de Tunisiens. Mais que l’on perde sa lucidité dans les moments critiques, cela devient intolérable.
Décidément, les week-ends ne semblent pas arranger les choses pour la Tunisie dans son combat contre la pandémie. Pire que les solutions de facilité adoptées ces derniers temps par le conseil scientifique, l’échec de la campagne de vaccination et la stratégie de faiblesse préconisée, c’est un mode de comportement fait d’indifférence, d’insensibilité et un aveu d’insouciance qui semblent orienter le quotidien des Tunisiens. L’incapacité de faire respecter les mesures sanitaires renvoie l’image d’hommes décideurs coupés de la réalité. Ceux qui en assument la responsabilité ne font pas honneur à un pays qu’on semble de plus en plus détruire sans y prendre garde. Ils sont tous incapables de faire face à une crise incontrôlable et plus que jamais ingérable. Et ce n’est malheureusement pas une surprise. Car dans les faits et dans les actes, et surtout loin des beaux discours, il n’y a plus d’hommes qui ont la carrure et le charisme pouvant faire d’eux des responsables d’exception.
Vivre dans l’attente et la confusion, c’est aussi vivre dans le doute. Cela, personne ne semble aujourd’hui l’ignorer. Les dérapages, les manquements dans la stratégie de lutte contre le Covid-19 inspirent beaucoup d’inquiétudes sur la façon dont la crise sanitaire est aujourd’hui gérée. Face aux records de contaminations, c’est tout le système hospitalier qui est aujourd’hui en danger. Il risque même l’effondrement à tout moment.
Le constat est alarmant : est-on vraiment capables de combler les manquements sous toutes leurs formes ? A-t-on le ou les hommes politiques capables de rectifier le tir, de montrer la voie et qui font honneur à la mission dont ils sont investis?
Force est de reconnaître qu’un autre monde est en train de naître. Celui qui consacre l’image d’acteurs défaillants, qui abaissent la vocation de mandataire par des actes dont le pays risque de ne pas se relever de sitôt…