La déduction de ce 25 juillet 2021, la principale, croyons-nous, est que les Tunisiens ont repris espoir. Leurs manifs de jour appelaient à la fin d’un système, le soir-même, elles étaient entendues. Plus de Mechichi, gel de l’ARP, suppression des immunités, réouverture des dossiers, nos compatriotes, déçus, aigris, appauvris, rêvaient-ils mieux ? Bien sûr, les décisions de Kaïs Saïd pouvaient choquer le gouvernement en place, sa ceinture parlementaire, les juristes constitutionnalistes par-dessus tout. Une lecture stricte, formelle, de l’article 80 invoqué par le Président, prêtait plutôt à les réfuter. Posons-nous cette question toutefois : au soir du 25 juillet 2021. Il y avait un choix à faire, entre l’appel de 90 % de Tunisiens et les réticences d’une poignée d’élus et de savants. Entre le texte d’une Constitution et la volonté d’un peuple. Entre la légitimité populaire et la légalité des lois. Entre l’essentiel et le «conséquent» y avait-il à hésiter ? Y avait-il à hurler à la trahison, au complot, au coup d’Etat ? La démocratie se fonde d’abord sur la volonté du peuple. Ses textes ne priment plus si cette volonté se renouvelle, ou vienne à faire défaut. Le «harak» massif du 25 juillet exigeait la rupture avec tout ce qui a constitué et fait fonctionner la IIe République, avec la gouvernance, avec la représentation, avec les textes, entre autres, il fallait s’en douter. Kaïs Saïd a eu probablement la main sûre parce qu’il a été le seul à le comprendre. Et nos compatriotes s’en trouvent dispos parce que c’est exactement ce qu’ils attendaient. Ce qu’ils souhaitaient.
Des certitudes maintenant ? Pas tant. Pas ce qui se rapporte et ce qui se colporte sur Facebook. Mais une «quasi» et un presque acquis.
Seule quasi certitude : la dégringolade de l’islam politique. Dans les sondages, dans la gouvernance, dans les alliances. De la ceinture de Mechichi, il ne lui subsiste que le mini-groupe d’El Karama, et un peu moins que la moitié de Qalb Touness. Le reste a annoncé être d’accord avec les mesures d’exception. A simplement déserté. Qui plus est, l’aide étrangère aux «frères» s’est amenuisée. La Turquie critique à peine le «coup de force» de K.S. Qatar ne parle de «coup d’Etat» que par l’intermédiaire d’Al Jazira. L’Europe et l’Amérique tournent pratiquement le dos.
Ajoutons-y le déclin manifeste de Ghannouchi, à la Nahdha même. Et le résultat apparaît comme tracé. Les islamistes passent au second plan, si ce n’est plus bas. Le presque acquis, enfin (et comme les «bonheurs» se suivent parfois): les aides en vaccins et en logistiques anti-corona qui déferlent subitement sur le pays. Et les promesses de «moratoires» qui se précisent avec la main tendue récente du FMI.
Une République démocratique nouvelle se profile. La Tunisie se sent mieux.
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