Dans ses différentes apparitions publiques, le Président de la République ne manque pas à chaque fois de clarifier sa position. Il revendique une intransigeance à toute épreuve : rien ne sera plus comme avant. Il en appelle même au slogan : «Du pain et de l’eau et plus jamais un retour en arrière», pour réitérer sa détermination à aller toujours vers l’avant, sans le moindre relâchement.
On reproche à Saïed de s’acharner à faire le procès des personnes, mais l’on oublie qu’il met tout simplement en cause un système et des politiques qui ne sont plus adaptés aux exigences actuelles du pays. Continuer à s’en remettre aux « cellules malades » qui nuisent aux moyens de subsistance des Tunisiens, cela équivaut à «de la haute trahison». Surtout lorsque les dérapages désavouent les valeurs et les principes sur lesquels devrait se construire la Tunisie.
Ce serait une illusion de s’attendre à un éveil de la part de ceux qui n’arrêtent pas de surprendre par leur mauvaise foi, leur déloyauté et leur tromperie. Contrairement à ce qu’ils veulent laisser croire, ce n’est pas une prise de conscience qu’ils revendiquent. Mais un accroissement de déficit et des dérives. Des irrégularités aussi dans la manière de raisonner. Paralysés dans tout ce qu’ils entreprennent, ils ont visiblement laissé de côté toutes les vertus humaines, celles qui font les grands hommes, les grands politiques, les grands responsables. S’ils n’ont rien appris, ni rien retenu, ils assistent, au moins de là où ils sont aujourd’hui, à la fin de leur monde.
Réuni sur fond de tensions et de retrait de plusieurs de ses membres, le Conseil de la Choura ne considère plus les événements du 25 juillet comme un coup d’Etat. Il dit comprendre la colère populaire croissante face à l’échec des politiques économiques et sociales, dix ans après la révolution. Il tient toute la classe politique responsable de la situation dans le pays, appelant à la nécessité de présenter des excuses sur les erreurs commises et à œuvrer à rectifier le processus. On ne sait pas ce qu’il convient d’imaginer pour ceux qui se permettent encore de faire un mauvais usage des valeurs et des principes politiques. On aurait aimé que les rebondissements et les éclairages de ces derniers jours puissent servir à l’émergence des idées et participent au jaillissement de la vérité et du sens de la responsabilité. Qu’ils inspirent et qu’ils permettent à certaines parties de se rendre compte de la réalité tunisienne et des aspirations des Tunisiens.
Il y a cependant encore de plus en plus de dérapages qui se passent dans l’impunité totale. La langue de bois et les discours trompeurs sont toujours l’apanage de ceux qui tournent le dos au peuple et qui lui rendent la vie impossible. L’on ne devrait pas accepter qu’ils fassent de la récupération par rapport à ce qui se passe actuellement. Pour avoir participé d’une manière ou d’une autre à tout ce qui constitue une source de nuisance, pour avoir été dépassés par les événements, ils ont autorisé les dérives et les dérapages en tous genres. C’est dire à quel point ils n’ont pas vraiment conscience de la réalité. A travers ses modes de fonctionnement et le tort qu’il n’avait cessé de porter aux Tunisiens, Ennahdha est resté encore en déphasage avec les exigences, les contraintes et les impératifs auxquels fait face le pays.