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Biodiversité en péril | La Tunisie d’antan : Où est passée toute cette richesse ?

Si les éléphants auxquels a eu recours Hannibal dans son offensive sur Rome et qui ont disparu avec les Carthaginois demeurent un problème insoluble pour les naturalistes et les historiens, la Tunisie était un pays giboyeux. Les fresques en mosaïque présentes au musée du Bardo ou celui de Sousse comportent plusieurs tableaux de chasse qui attestent de la présence des fauves dans notre pays. Jusqu’au début du XXe siècle, on y trouvait, en effet, toutes les espèces sauvages et on y voyait, en outre, certains grands fauves, bien qu’à vrai dire ces carnassiers soit déjà devenus de plus en plus rares.

C’était en parcourant les sous-bois de la Kroumirie qu’on avait des chances de se trouver subitement nez à nez avec le lion, mais on y chassait aussi avec succès la panthère, le guépard, le caracal, le chat-tigre (ou serval), le lynx, de même le cerf el le daim.

La fin du XIX siècle a dû voir celle du dernier lion. Les dernières autruches libres ont été chassées, dit-on, au sud des chotts, il y a une centaine d’années. Chaque année, pendant l’hiver, on tuait quelques panthères bères dans les grands fourrés d’Aïn-Draham, des Nefzas, de Feriana et d’El-Feïdja. La loutre de Barbarie se tenait également à proximité des cours d’eau de Kroumirie, mais surtout dans la région de TabarKa; on la trouvait aussi le long de la Medjerda et dans l’oued El-Abid (Cap Bon).

La hyène rayée se terrait un peu partout; le renard, la genette, la mangouste se cachaient dans les bois, les montagnes et autour des fermes.  Dans le sud, on capturait assez facilement un joli petit renard au pelage soyeux, appelé fennec. Quant au chacal, c’était la plaie : il pullulait sur toute l’étendue du territoire et, pour s’en débarrasser, on était souvent obligé d’avoir recours aux procédés… chimiques. Le sanglier, très commun, principalement dans les Mogod, en Kroumirie, au Cap Bon et dans presque tous les djebels du centre et du sud, vivait en troupeaux, souvent nombreux, et causait aux récoltes de sérieux ravages.

Le porc-épic se trouvait dans les endroits secs, rocheux et accidentés, assez éloignés des lieux habités; le centre et le sud paraissaient être ses endroits préférés, mais ce n’est pas là une règle, car dans les collines du Cap Bon, il était assez abondant, ainsi que dans les montagnes de la frontière algérienne.

Au-delà de Kairouan, en s’enfonçant dans le sud, on croisait fréquemment des troupes de gazelles «dorcas», principalement dans les parages de Gafsa, El-Haffey, le bled Ségui, El-Guetlar, Kebili, Douz, El-Hamma.  Sur les montagnes de ces mêmes régions et tout à l’ouest de la Tunisie; sur la frontière algérienne, les chasseurs trouvaient la gazelle de montagne ou «corinne». Plus au sud à deux ou trois jours de marche de Kébili, on voyait, mais rarement, la jolie-gazelle blanche.  Enfin, vers la frontière tripolitaine se promenaient quelquefois de petits troupeaux d’antilopes addax.

A cette époque-là, le mouflon était commun dans tout le massif montagneux situé entre Gafsa, la frontière algérienne et le Chott Djerid, ainsi qu’au sud du chott, dans le djebel Tebaga. Mais les véritables massacres auxquels se livrèrent maints chasseurs peu scrupuleux avaient considérablement éclairci les rangs de cet intéressant gibier, à tel point qu’un arrêté interdisant la chasse du mouflon pendant plusieurs années consécutives a été promulgué.

Le lièvre existait en grande quantité, ainsi que le perdreau. Sur les rocs de l’île de La Galite, on rencontre des chèvres sauvages et des légions de lapins. De nombreux passages de cailles se produisent au printemps et on en faisait des hécatombes.

Dans les oliviers, non loin de Tunis, les grives et les tourterelles étaient communes; les étourneaux y étaient par vols innombrables. Beaucoup d’oiseaux hivernaient en Tunisie: on pouvait chasser dans les grandes plaines la grue cendrée, l’aigrette, la poule de Carthage, le ganga, le vanneau, le pluvier doré, etc.

Sur les bords des lacs, on trouvait du gibier d’eau de toute sorte : canards, sarcelles, grèbes, macreuses, poules sultanes, chevaliers, damants. La bécasse était commune de décembre à fin février dans les coteaux boisés de la Kroumirie, des Mogod et de la vallée de la Medjerda, dans les marécages des plaines de Mateur, de Grombalia, dans les vallées des Béjoua et des Nefza. La bécassine abondait également de novembre à fin mars, et il n’est pas rare d’y rencontrer la bécassine-double ou «royale».

Enfin, dans l’extrême sud, surtout aux environs de Gabès et dans les montagnes des Matmata, on chassait la grosse outarde et les grands oiseaux de proie, tels que le vautour, le gypaète, les grands aigles, les faucons, buses, busards, etc. Ces mêmes oiseaux de proie se rencontraient aussi dans les massifs montagneux du nord tunisien.

Mais, l’abus de la chasse et le braconnage ont diminué notablement la quantité du gibier, surtout à proximité des villes.

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