De Bab Souika à Bab Bhar, de la médina centrale à Sidi el Bechir, comment vivent les femmes dans la médina ? Où peuvent-elles aller quand elles ne sont pas chez elles ? Quels sont les espaces publics qui leur sont ouverts ? Car si les hommes sont dans leurs échoppes, leurs ateliers ou les cafés, quels sont les espaces urbains sûrs et inclusifs offerts aux femmes en médina pour améliorer leur participation économique, politique, sociale et culturelle dans la ville ?
Une étude vient de s’achever sur ce sujet, enquête qui devrait permettre de comprendre, en un premier temps, les principaux obstacles et facilitateurs de la participation des femmes dans la médina. Puis de proposer des recommandations politiques et urbanistiques qui permettraient de surmonter les principaux défis auxquels ces femmes sont confrontées. Enfin d’identifier et de proposer des interventions spatiales dédiées aux femmes dans les espaces publics
L’un des premiers obstacles à la participation sociale des femmes demeure le fait que l’état des rues et les incidents de violence et de criminalité font que les femmes ne se sentent pas en sécurité, surtout la nuit. Et préfèrent donc se réunir dans des lieux privés plutôt que publics. Cela malgré les efforts de réhabilitation de certains quartiers.
Au niveau de la participation culturelle, il semblerait, au vu des résultats de l’étude, que le financement et le soutien apportés aux programmes et activités culturels ne sont pas nécessairement propices à l’engagement des femmes. Elles auraient du mal à accéder et à utiliser les espaces culturels disponibles dans la médina. Leur statut social et familial ne leur permet pas toujours d’accéder aux opportunités.
En ce qui concerne la participation économique, aussi ingénieuses soient-elles, les femmes de la médina ont du mal à atteindre leur indépendance économique. Discrimination fondée sur le sexe, marché majoritairement masculin, insuffisance des opportunités de formation et de soutien les handicapent fortement.
Quant à leur participation politique et institutionnelle, si une augmentation de leur présence dans la vie politique est à saluer, elle demeure néanmoins limitée et considérée comme une simple formalité obéissant à la politique des quotas. Car les femmes en politique font face à beaucoup de résistance et de critiques, souvent même à un faible niveau de confiance au niveau des autorités publiques.
Une fois l’état des lieux établi à l’issue de cette enquête, un certain nombre de recommandations est proposé :
Recommandations politiques au niveau national et local
Interventions au niveau des programmes, des activités et des évènements.
Interventions spatiales et urbaines dans des lieux particuliers répondant aux besoins et intérêts des femmes de la médina.
Les problèmes sont certes multiples, mais les solutions existent, identifiées par cette étude, qui permettraient aux femmes d’être heureuses, actives, et efficaces dans leur milieu naturel : la médina.
Il suffit de vouloir.
Etude menée par FEMMEDINA, dans le cadre du programme de ville inclusive à Tunis