
• Des travaux d’un tunnel découverts dans un domicile près de la résidence de France
• Descente sécuritaire et investigations
• Un extrémiste serait impliqué
• L’affaire est suivie à un haut niveau
L’affaire fait couler actuellement beaucoup d’encre. Le scénario est digne d’un film hollywoodien, un tunnel — ou du moins des travaux d’un tunnel inachevé — menant vers la résidence de France à La Marsa, Tunis, a été découvert par les unités sécuritaires. Si quelques éléments de l’enquête policière entamée dans la soirée de mardi dernier ont été dévoilés, les motifs et surtout les auteurs restent inconnus.
L’affaire a commencé lorsqu’une chaîne privée a annoncé l’information en exclusivité, mardi soir. Quelques heures plus tard, la nouvelle s’est propagée comme une traînée de poudre : un tunnel menant vers la résidence de l’ambassadeur de France à La Marsa, banlieue nord de Tunis, a été découvert. Au début, le ministère de l’Intérieur a opté pour le silence, mais au bout de quelques heures, un communiqué a été publié pour présenter la version officielle.
Le ministère de l’Intérieur a indiqué, hier mercredi, qu’à la suite des informations parvenues aux services sécuritaires, faisant état d’activités suspectes dans une maison à La Marsa, aux environs de la résidence de l’ambassadeur de France en Tunisie, une descente policière a été menée dans ce domicile après coordination avec le ministère public.
« Des travaux de creusement d’un tunnel y ont été découverts », ajoute le ministère de l’Intérieur dans un communiqué, précisant « qu’après vérification, il s’est avéré que parmi les personnes qui visitent la maison figure un individu connu pour son extrémisme ».
Les services de la direction générale de la Garde nationale de lutte contre le terrorisme ont été chargés de mener l’enquête en coordination avec le parquet, ajoute la même source, affirmant que la question fait l’objet d’un suivi au plus haut niveau.
Même avant ce communiqué très attendu au vu de la délicatesse de l’information, les éléments de l’enquête fuitaient déjà et on savait que le tunnel était construit dans une maison pas loin de la résidence de France. Selon d’autres sources, les premiers éléments de cette affaire indiquent qu’une grande maison squattée depuis plusieurs années par des citoyens abritait ces travaux. Le tunnel, en cours de construction, aurait été découvert suite à une alerte lancée par un individu ayant constaté des bruits de travaux nocturnes sans pouvoir les identifier. Alertées, les unités sécuritaires ont entamé les investigations et ont fini par découvrir un trou dans la maison qui conduisait dans ce tunnel près de la résidence de l’ambassadeur français. D’ailleurs, au début, l’enquête allait dans le sens d’une affaire de fouille archéologique illégale, mais rapidement, les enquêteurs ont fini par découvrir ce tunnel en cours de construction.
Une faille sécuritaire ?
Comment a-t-on pu mener ces travaux dans une zone aussi sécurisée que La Marsa ? Qui sont les personnes impliquées ? Quels sont les motifs ? Qui est le propriétaire de la maison en question qui abritait ce plan ? L’ambassadeur français est-il réellement ciblé par un acte quelconque ? Tant de questions qui restent jusqu’à présent sans réponse. En tout cas, ce que les observateurs de la scène nationale craignent, c’est la piste d’une faille sécuritaire, d’autant plus qu’on évoque l’un des quartiers les plus sécurisés dans la capitale Tunis.
En tout cas, c’est la brigade anti-terroriste relevant de la Garde nationale qui s’est saisie de l’affaire. De quoi penser à des motifs terroristes derrière la construction d’un tel tunnel dans une zone sensible de la capitale. Les prochaines heures apporteront plus de réponses, surtout que, selon le ministère de l’Intérieur, l’affaire est suivie à haut niveau. L’ambassade de France n’a rien communiqué jusque-là à ce sujet.
Aperçu historique
Même si pour l’instant rien n’indique que la résidence de France, ni l’ambassadeur français ne sont ciblés par d’éventuelles activités hostiles par le biais de ce tunnel en construction, il faut noter que cette maison baptisée « Dar al-Kamila », est un site historique construit en 1800 par un notable tunisois, et attribuée par les autorités beylicales au consul de France, Léon Roches, en 1857.
Lieu de résidence de l’ambassadeur, ce château abrite régulièrement des manifestations culturelles. En septembre 2018, à l’occasion des Journées du Patrimoine, des visites guidées étaient proposées au grand public.