Ce n’est pas nouveau et cela devient même une pratique quotidienne. L’engeance et la récupération s’invitent encore une fois dans le paysage politique. Que l’actualité soit bonne ou mauvaise, amenant de bonnes nouvelles ou porteuse de drames, le président d’Ennahdha n’hésite pas à en profiter, allant jusqu’à faire un foin de tous les diables. Suspecté, voire accusé, de vouloir à tout prix « récupérer » les événements de l’actualité, bien sûr à son profit, d’abord, et avant son parti, l’opportunisme est tellement ancré dans ses discours, tellement indissociable qu’il n’hésite pas à franchir toutes les lignes rouges, dans une tentative pouvant lui permettre d’échapper à la culpabilisation ou à une quelconque responsabilité.
La majorité des Tunisiens s’étaient montrés solidaires avec le mouvement Ennahdha et les victimes de l’incendie qui s’est déclaré au siège du parti à Montplaisir. L’homme décédé y travaillait auparavant. Les premiers éléments de l’enquête indiquent que la victime est entrée dans le siège du parti. « Il s’est immolé par le feu en arrivant au premier étage du bâtiment », révèle le bureau de l’information et de la communication du Tribunal de première instance de Tunis. Seulement, Rached Ghannouchi voit les choses autrement. Sa version des faits est complètement différente. « L’homme décédé est victime de la guerre médiatique ayant visé les militants d’Ennahdha, même dix ans après la révolution », affirme-t-il dans une sorte de démonstration par… l’absurde et de consécration encore une fois de la langue de bois.
La fiction prend ainsi la place de la réalité, surtout lorsque le président d’Ennahdha reprend la même tactique, les mêmes idées, le même discours, sans diversification d’angle, mais surtout sans arguments convaincants. Mais les Tunisiens, y compris plusieurs membres et sympathisants du mouvement islamiste, ne sont pas dupes. Les déceptions et les désillusions montent ainsi dans une ambiance morose. Il faut dire que le malaise et la confusion qui règnent aujourd’hui au sein du parti Ennahdha sont la conséquence d’un manque évident de transparence, de clarté et d’alternance dans les responsabilités. En effet, les décisions et les prises de position sont toujours édictées par les mêmes personnes.
Il ne faut pas s’attendre à ce que le climat s’améliore tant que l’on continue à puiser dans des démarches de plus en plus dénaturées, de plus en plus inconvenantes et tant que l’avenir du parti dépend automatiquement des personnes plus que des programmes et des stratégies. Il est évident que cela ne fera jamais avancer les choses.
Le mythe nahdhaoui va-t-il survivre à la dure réalité? La volonté d’une possible « renaissance » est revendiquée par des membres de plus en plus opposés à la direction actuelle. Les temps ont changé. Les nouvelles exigences imposent un mode de fonctionnement susceptible de placer le parti dans des conditions beaucoup plus optimales, et surtout plus conséquentes.