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Photographes et droits d’auteur: Ces œuvres volatiles…

Le droit d’auteur des photographes semble être méconnu, au point que certains ignorent même jusqu’à l’existence d’une loi réglementant le droit à la protection de la photo. Cette dernière s’aligne pourtant bien parmi les œuvres d’art. Elle acquiert l’importance d’un document du moment qu’elle immortalise un évènement.

Dans le domaine médiatique, la photo représente un composant essentiel à l’information. Loin d’être une simple illustration, elle peut accaparer à elle seule l’information. Cependant, pour les photographes de presse, la densité du répertoire photographique, son éparpillement et l’absence de signature identifiant, noir sur blanc, le propriétaire de la photo, menacent le droit d’auteur. Dérober une photo était facile au temps du tirage argentique et des négatifs jetés ça-et-là dans les tiroirs ou amassés dans des boîtes d’archives. Il l’est aussi à l’heure du numérique, à la portée de tous, et où la photo circule sur les sites électroniques et sur les réseaux sociaux à un rythme frénétique au point de ne plus en connaître l’origine.

Koutheïr Khanchouch est photographe au journal La Presse depuis plus de vingt ans. Pour lui, le droit à la protection de la photo est loin d’être garanti et ce jugement trouve son fondement aussi bien du temps du tirage argentique que de nos jours.

«Je n’ai travaillé qu’au sein du journal La Presse et du journal Essahafa. Ce n’est que dans le bureau du service photo que mes photos étaient classées dans des boîtes d’archives. Pourtant, il m’est arrivé de tomber sur ma photo, parue dans un journal concurrent, en langue arabe. Je me souviens qu’il s’agissait d’une photo culturelle», indique-t-il.  Aujourd’hui, le problème se pose aussi mais sous une autre forme. «Certains confrères mal-avisés n’hésitent pas à publier une photo qui n’est pas la leur en lui accolant leurs propres signatures. Il m’est arrivé, en effet, poursuit M. Khanchouch, de rendre service à un jeune photographe qui avait eu la malchance de rater un évènement de taille et qui était dans le besoin d’une illustration photographique. En bon confrère, je lui ai transmis quelques photos pour le tirer de l’embarras. Et à mon grand étonnement, quelques minutes après, il avait publié mes photos sur sa page facebook en mentionnant qu’il s’agissait de son propre crédit photos !».

A qui s’adresser ?

Certes, dans le deuxième incident, le fauteur s’était vite rattrapé en supprimant la publication. Néanmoins, pour le premier incident comme pour le deuxième, d’ailleurs, le photographe de presse n’avait aucunement l’intention de porter plainte ! Ignorant à qui s’adresser et jusqu’à l’existence d’un organisme spécialisé dans la protection des droits des auteurs y compris des photographes, à savoir l’Organisme tunisien des droits d’auteur et des droits voisins, le photographe semble trouver vaine toute tentative à même de lui rendre justice. Encore faut-il indiquer que nous avons sollicité des informations auprès dudit organisme sur ce point. Toutefois, il semblerait que les démarches bureaucratiques prennent toujours le dessus sur la vulgarisation de l’information pourtant manquante ! «  Vous pouvez déposer une demande auprès du directeur général et c’est à lui de désigner qui pourrait vous aider, madame » : telle était la réponse à notre requête.  A défaut d’information, rares sont les photographes avisés sur l’Organisation tunisienne des droits d’auteur et des droits voisins. « Je me souviens que les photographes avaient pensé à créer un organisme pour défendre les droits des photographes. Cette idée remonte à plus d’une quinzaine d’années. Hélas, le projet n’a pas vu le jour», renchérit M. Khanchouch.  Hamza Kristou est un jeune photographe exerçant à la TAP (l’Agence tunisienne de presse). Intégrant la vie professionnelle depuis à peine deux ou trois ans, Hamza a vu l’une de ses photos, dérobée et publiée dans un autre support médiatique comme si c’était une photo des leurs. «Finalement, je n’ai pas porté plainte pour la simple et unique raison que je viens tout juste de débuter ma carrière. Cet incident m’a appris à signer immanquablement mes photos. Sinon, si de telles pratiques me porteraient offense désormais, c’est au Snjt que je m’adresserai pour trouver appui et droit à la protection de mes photos», souligne M. Kristou.

Manifestement, peu de photographes sont avisés sur l’existence d’une loi, réglementant les droits d’auteur dont les photographes. Certes, mais cette même loi implique un critère bien déterminé, plus ou moins relatif et pas toujours évident qu’est «l’originalité» !

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