La réalité est déroutante. Les pertes sont plus que jamais cumulées et l’économie tunisienne est malade. Elle est de plus en plus exposée à la déflagration, à la légèreté. Les aléas, voire les manquements, deviennent cruciaux pour l’économie tunisienne et pour ses fondements. La persistance des déficits et le dépassement du seuil financier, ainsi que des lignes rouges, imposent des réformes urgentes, quelque peu douloureuses, mais nécessaires. Tout en tenant compte de l’impératif de préserver le pouvoir d’achat des Tunisiens et de protéger les couches sociales vulnérables et marginalisées.
Les réformes et les mécanismes d’ajustement, sur fond de levée progressive des compensations en matière de produits de base, mais aussi dans le secteur des énergies, que présentera le gouvernement au Fonds monétaire international afin de pouvoir obtenir un accord de financement continueront certainement à faire polémique. Entre espoir et crainte, la question qui s’invite d’elle-même nous renvoie à un constat habituel : la réticence de certaines parties est toujours là. Le secrétaire général de l’Ugtt reconnaît que l’Etat traverse une conjoncture difficile et qu’il est dans l’impossibilité d’honorer les engagements liés aux accords signés avec l’organisation ouvrière, ni ceux ayant trait au développement régional.
Certaines informations fuitées, mais confirmées par le secrétaire général de l’Ugtt, indiquent que pour atteindre les prix réels d’ici à l’année 2026, le gouvernement vise une levée progressive des prix de l’ensemble des produits énergétiques et non pas seulement des hydrocarbures.
Il faut dire que, tout en continuant à subir plusieurs défaillances et dérives, c’est tout l’environnement économique, financier et social qui passe sous évaluation. Tant qu’elles ne sont pas rentables, les options et les réformes traditionnelles ne peuvent plus aujourd’hui suffire. La vision paternaliste de l’Etat n’a pas disparu. Les entreprises et les sociétés publiques sont encore gérées par le biais de subventions, à défaut d’auto-accomplissement. Et sous forme de tutelle à défaut de nouvelles formes juridiques.
Pendant de longues années, l’économie tunisienne a été paralysée dans tout ce qui était censé lui apporter une nouvelle dynamique. Les principales interventions avaient visiblement laissé de côté toutes les vertus d’une gestion efficiente et agissante. Celles qui font les grandes restructurations et les reconfigurations salutaires. En somme, celles qui favorisent les performances.
Il importe de prendre en considération les conséquences que peut avoir cette mutation économique. Il s’agit aussi de définir l’intérêt et les limites d’une pareille transposition économique et financière. L’idée des grandes réformes est devenue incontournable. Mais encore faut-il savoir et pouvoir gérer l’apparition et le développement des enjeux économiques devenus aujourd’hui déterminants et décisifs.