Il y a certainement des leçons à retenir de ces onze années post-Révolution. Le 14 janvier 2011 constitue à n’en point douter une référence et un tournant dans l’histoire de la Tunisie. On ne saura cependant ignorer cette tendance à faire un fort mauvais usage des notions politiques, éthiques et morales pendant plus d’une décennie. Aujourd’hui et en dépit de quelques lueurs d’espoir, on sait que derrière les excès et les dépassements en tous genres, se profilent davantage de doute que de certitude, de danger que de quiétude…
Quand certains acteurs politiques ont une vision ambiguë de ce que représentent les valeurs de la Révolution, le dérapage devient une vision assumée. Une confusion qui trahit de toute évidence une méconnaissance du sens et de la définition de l’action politique. Le paysage politique a longtemps cumulé les ennuis, surtout lorsque la plupart des acteurs s’en donnaient à cœur joie et sans scrupule. Cela a dépassé largement le débat autour d’un environnement en pleine perdition et marqué par un rejet qui s’est ancré au fil des années dans une défiance envers l’ensemble des institutions, pourtant supposées assurer un lien non seulement politique, mais également social, voire humain, avec les Tunisiens.
Débordements et dégradation des valeurs font partie du quotidien de beaucoup de partis politiques et leur ôtent toute crédibilité. Cela est d’autant plus regrettable et désolant que tout le paysage continue à subir les dénaturations les plus compromettantes et renvoie nécessairement à une « règle institutionnelle » dont la légitimité n’est plus acceptée.
L’on sait bien que tout rappel à l’ordre est aujourd’hui violemment rejeté. Mais c’est aussi notre devoir de pointer ce que la majorité écrasante des Tunisiens considère comme étant des manquements et des défaillances.
L’on n’est pas censé aussi ignorer qu’il y a de bons et de mauvais politiques. Mais la prolifération des intrus et des opportunistes expose les différents acteurs au discrédit.
La nécessité d’un dialogue constructif reste, en dépit de tous les manquements, la pierre angulaire pour une réhabilitation qui tarde encore à venir. En même temps, la rectification du processus n’est plus aujourd’hui seulement souhaitée, mais surtout exigée. Et même si on ne parvenait pas à trancher à ce sujet, il serait quand même impératif d’assurer un certain équilibre pour que l’accroissement et le règne de la médiocrité exponentielle ne puissent se transformer en un fait accompli…