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Indécent !

Editorial La Presse

ON peut toujours discuter du mérite de la classe politique, de l’impact de tel parti, du degré de crédibilité de tout un paysage. Mais il y a une conclusion qui ne souffre pas la contestation. Le peuple tunisien n’aime rien moins que jauger, comparer, opérer des hiérarchies et finalement… classer.   

Certains noms, certaines personnalités, ont, en dépit de tous les dérapages, donné un sens et une vocation particulière à la Révolution tunisienne. Ils n’étaient pas certes nombreux à s’y impliquer, ou encore à montrer la voie, mais ils ont réussi à s’en faire une raison d’être.

De façon générale, on voit mal aujourd’hui les Tunisiens faire encore confiance à des hommes politiques dont les valeurs ont explosé. Le comportement de la plupart est quelque part le symbole d’une décadence sans appel. On s’interroge encore sur l’implication d’une classe politique complètement désorientée, ou encore sur un milieu vilipendé pour ses dérives. Le paysage politique a fini par payer le prix de cette décomposition fatale. Encore merci à tous ceux qui sont  passés par là à différents niveaux de responsabilité!…

Nous osons aujourd’hui affirmer que ce que la plupart des acteurs politiques laissent entrevoir manque de crédibilité. Encore, il y a désormais, au bout du compte, une certaine déformation, une déviation par rapport à ce qui aurait pu, et dû, être accompli.

Onze ans après la Révolution, la classe politique se montre encore incapable de régenter, et encore moins d’apporter les solutions nécessaires. Sa responsabilité est fortement engagée, pour ne pas dire unique, dans la dégradation du registre politique, économique et social. Mais aussi moral.

Les propos indécents, diffamatoires et avilissants du député islamiste gelé Becher Chebbi à l’encontre du gouverneur de Tunis et de son épouse montrent à quel point un homme politique peut tomber aussi bas. Sans scrupule et sans limites. Sa manière de dénigrer et de déconsidérer ses adversaires politiques invite à un sidérant spectacle dans lequel les règlements de comptes autorisent et légifèrent tous les excès. Lui et ses semblables ont envahi le paysage politique  à la faveur de la multiplication des intérêts personnels et partisans, ainsi que tout ce qui en fait la raison d’être. Aujourd’hui, le mal est fait. A des années lumière de ceux qui ont écrit l’histoire de la Tunisie,  l’action politique, et, derrière elle, la Révolution ont pris une mauvaise tournure. Elles ne sont plus à l’abri des dérives. Elles n’ont plus la même vocation. Elles véhiculent tous les travers, malheureusement non contenues dans les valeurs et les idéaux.

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