Accueil A la une Le président de la République et le SG de l’UGTT : Condamnés à s’entendre 

Le président de la République et le SG de l’UGTT : Condamnés à s’entendre 

La tension était déjà palpable entre les deux parties. Les déclarations incendiaires alimentaient encore ce contexte tendu qui a considérablement nui au climat politique dans le pays. Aujourd’hui, les deux parties ont finalement compris qu’un tel bras de fer ne pourra en aucun cas se poursuivre alors que la situation sociale et économique va de mal en pis.

Ces derniers temps, il semble que le malentendu, pourtant rejeté par les deux hommes, soit résolu. Alors que le secrétaire-général de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) réélu pour un nouveau mandat, Noureddine Taboubi, a tendu son bras au dialogue, le Chef de l’Etat, Kaïs Saïed, souligne le rôle historique de la centrale syndicale dans la résolution des différentes crises qu’ait connues le pays. «L’union générale tunisienne du travail restera un partenaire national actif et une force nationale qui va contribuer à faire face aux différents défis enregistrés dans le pays en cette étape délicate de son histoire». C’est avec ces mots que le locataire de Carthage a félicité Taboubi pour sa réélection à la tête de la centrale syndicale. Si la lettre de félicitation paraît ordinaire, son sens ne l’est pas et semble révélateur.

En effet, dans la soirée du lundi, Saïed a félicité dans un message Noureddine Taboubi, suite à sa réélection en tant que secrétaire général de la centrale syndicale. Le Président de la République a également félicité les membres du nouveau bureau exécutif. Saïed a aussi souligné l’importance du rôle de l’Ugtt contribuant à protéger la Tunisie et à édifier l’avenir des futures générations.

Selon les observateurs de la scène nationale, c’est une main que tend le Président de la République à l’Ugtt pour adhérer au processus du 25 juillet et aux réformes sociales et économiques qui s’annoncent cruciales.

Car, d’ores et déjà, c’est sur fond de ces questions qu’un conflit opposait la présidence de la République à l’Ugtt, notamment au sujet du dialogue national, une initiative de la centrale syndicale longtemps rejetée par Kaïs Saïed qui tient à sa consultation nationale numérique. Encore faut-il le rappeler, même s’ils ont démenti l’existence de tout conflit ou même malentendu, Kaïs Saïed et Noureddine Taboubi se sont inscrits à un jeu de déclarations incendiaires qui mettaient à mal la position des deux parties. Heureusement, cette situation n’a pas trop duré et le bout du tunnel avait été vu avec un tête-à-tête le mois dernier au palais de Carthage. Il y a un mois, Taboubi avait été convié au palais présidentiel pour une première réunion avec le Président de la République depuis le 26 juillet. C’était l’occasion de dissiper le flou autour des positions interprétées comme des hostilités envers le processus du 25 juillet, mais aussi pour rappeler le rôle historique de la Centrale syndicale.

Taboubi : «Le Parlement est fini»

C’est pour confirmer la fin de cette crise que Noureddine Taboubi a annoncé récemment que de nouveaux pourparlers avec le Président de la République sont attendus dans les prochains jours. En effet, Noureddine Taboubi, qui s’exprimait dans le JT de la chaîne nationale, a affirmé qu’il s’entretiendra prochainement avec le Président de la République. Taboubi a indiqué également qu’à l’issue de cette réunion tant attendue, d’autres entretiens auront lieu avec les organisations nationales pour discuter des solutions à la crise actuelle.

Et de souligner la nécessité pour les différentes forces politiques de s’auto-réviser et de travailler à se réformer au profit du pays. Taboubi a indiqué que la Tunisie a besoin, plus que jamais, de la fin des querelles politiques. «Faire un pas pour le bien de ce pays ne sera pas considéré comme une faiblesse mais comme une force de volonté», a-t-il ajouté. A cet effet, le responsable syndical a appelé le Président de la République à revoir certaines questions, exprimant son espoir d’une interaction positive de sa part, ainsi que du reste des composantes politiques. «Tant qu’il y aura la volonté et l’esprit de responsabilité, nous surmonterons tous les obstacles et trouverons des solutions tunisiennes sans diktats extérieurs», a conclu Taboubi.

Revenant sur les circonstances politiques dans le pays, le haut responsable syndical a affirmé que l’ère des querelles politiques est révolue et que la Tunisie a plus que jamais besoin d’unité nationale. «Le pays ne peut plus en supporter davantage, il est temps de passer à autre chose. On ne pourra pas passer aux défis économiques et sociaux si le politique n’est pas arrangé en premier. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir, avec les organismes nationaux, les politiques et la société civile pour faire bouger les choses», a-t-il ajouté. Et de préciser qu’actuellement, le Parlement dans sa forme que nous connaissons est fini.

Les réformes, point de discorde ?

Néanmoins, si les deux parties paraissent, actuellement, sur la même longueur d’onde, les réformes économiques et sociales envisagées par le gouvernement Bouden pourraient provoquer une nouvelle crise. En effet, alors que les négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) piétinent, cette institution financière exige des engagements à opérer des réformes douloureuses.  

Si dans un document adressé au FMI, le gouvernement évoque d’une manière ou d’une autre une meilleure maîtrise de la masse salariale, et une levée progressive de la subvention des produits de première nécessité, la centrale syndicale a déjà posé son veto. Commentant les négociations avec ce bailleur de fonds, le secrétaire général de l’Ugtt, Noureddine Taboubi, s’est montré catégorique en affirmant que l’organisation syndicale s’opposait à la levée des subventions ou la réduction des salaires.

«Le discours portant sur la levée des subventions marque un paradoxe à la lumière des bas salaires et de la pauvreté généralisée», a-t-il expliqué.

Que vont faire donc Kaïs Saïed et le gouvernement Bouden ? Opteront-ils pour un passage en force et mettre tous les Tunisiens, partis et organisations dont l’Ugtt, devant le fait accompli ? Ou organiseront-ils un débat national pour essayer d’introduire doucement ces réformes ?

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