La Tunisie a lancé sa propre enquête pour revenir sur les circonstances de ce naufrage, ayant fait la Une des médias internationaux. Si, au départ, la priorité était donnée au sauvetage de l’équipage, actuellement tous les efforts se concentrent sur l’enquête pour remonter à l’origine de l’accident. Comment ce navire a-t-il fini par faire naufrage et pourquoi à cet endroit précis ?
L’incident est vraiment tombé au mauvais moment pour la Tunisie. Alors que le pays fait face à une crise économique et sociale, le naufrage du pétrolier Xelo au large de Gabès aurait pu provoquer une crise écologique d’envergure. Mais jusqu’à présent, les informations sont assez rassurantes. Il reste cependant à savoir si le navire était vraiment en situation régulière…
Samedi, un pétrolier chargé de plus de 750 tonnes de pétrole en provenance d’Egypte a fait naufrage à Gabès, les images étaient spectaculaires, mais on craignait surtout une fuite de pétrole qui pourrait mettre fin à la vie maritime et la biodiversité au golfe de Gabès. Nous ne sommes pas là, selon les dernières informations, les autorités affirment que le pire a été évité et que la Tunisie a frôlé, en effet, une crise écologique en raison de la délicatesse de la situation.
Au lendemain de l’incident, l’armée nationale a été déployée pour prendre les commandes d’une telle opération technique visant à éviter, à tout prix, toute fuite de pétrole. Mais heureusement, ce sont seulement quelques liquides, sous forme d’huiles de moteur, qui ont fuité et que les images publiées sur les réseaux sociaux laissant croire à une marée étaient toutes fausses et décontextualisées.
Autant dire que des crises de ce genre, on en a vu plein, mais la Tunisie n’était pas visiblement préparée à ce genre d’incident, notamment dans ces circonstances économiques et sociales. A en croire la version officielle présentée notamment par les départements de l’Environnement et du Transport, la Tunisie a évité le pire, et l’opération antipollution a porté ses fruits grâce à une équipe de plongeurs professionnels ayant passé plusieurs heures sous l’eau pour détecter toute trace de fuite de carburant ou autre, mais surtout pour préparer l’opération de pompage de ces 750 mille tonnes de pétrole, une mission périlleuse.
Le ministre du Transport, Rabii Mjidi, a affirmé, en effet, qu’aucune fuite de carburant n’a été constatée depuis le naufrage du cargo Xelo à sept kilomètres des côtes de Gabès. Il a ajouté que les cuves du cargo pétrolier étaient bien fermées conformément aux déclarations des membres d’équipage et aux résultats des opérations de plongée effectuées par une équipe de la Marine nationale pour inspecter la coque du navire et s’assurer de son état.
Parallèlement, des mesures ont été prises pour limiter le risque de pollution et des barrières antipollution ont été installées autour de la zone du cargo. Le secrétaire général de l’Agence nationale de protection de l’environnement, Lotfi Ben Said, a assuré dans ce sens que les fuites d’huile provenant du moteur du Cargo Xelo naufragé au large de Gabès ne sont pas nocives pour l’environnement.
« Un document essentiel à l’enquête est toujours introuvable »
Durant le week-end dernier, ce naufrage a monopolisé toute l’attention médiatique. Et en se référant uniquement au discours officiel, nous manquons de plusieurs données sur ce pétrolier qui était à destination de Malte. En dépit d’une conférence de presse donnée dimanche, plusieurs versions sur l’origine et la situation de ce navire ont émergé. Certains ont même évoqué un pétrolier clandestin et des opérations de contrebande de pétrole libyen. L’information présentée par la ministre de l’Environnement a semé encore plus le doute : « Un document essentiel à l’enquête est toujours introuvable », lançait la ministre. De quoi susciter une nouvelle polémique et des spéculations sur cet incident.
D’ailleurs, l’ancien député Mabrouk Korchid soupçonne un coup monté et appelle les autorités à réagir au plus vite pour préserver les droits de l’Etat tunisien. Pour lui, cet incident n’est pas innocent et la naufrage pourrait cacher une « tentative criminelle ».
Chose faite, quelques heures après l’incident, la Tunisie a lancé sa propre enquête pour revenir sur les circonstances de ce naufrage, ayant fait la Une des médias internationaux. Si, au départ, la priorité était donnée au sauvetage de l’équipage, actuellement tous les efforts se concentrent sur l’enquête pour remonter à l’origine du mal. Comment ce navire a-t-il fini par faire naufrage et pourquoi à cet endroit précis ?
En tout cas, les membres de l’équipage ont été interrogés par les autorités tunisiennes pour avoir plus d’informations sur cet incident. La ministre de l’Environnement, Leila Chikhaoui, a indiqué dans ce sens que l’Etat tunisien revendiquera des dommages et intérêts en cas de pertes enregistrées même pour les moyens déployés par l’Etat durant l’opération d’intervention engagée à la suite du naufrage du navire Xelo au golfe de Gabès.
Cependant, en dépit de la version officielle, certaines zones d’ombre sont toujours de mise. Pourquoi le navire aurait-il changé de destination avant d’atteindre Malte pour accoster à Sfax ? Certaines informations laissent croire que le navire a demandé à accoster à Sfax pour des travaux de maintenance. En tout cas, parti du port de Damiette en Égypte, le Xelo, battant pavillon de la Guinée Equatoriale (numéroté OMI 7618272), se dirigeait vers Malte. Vendredi 15 avril, il s’est adressé aux autorités tunisiennes pour demander la permission de se rendre dans les eaux territoriales, en raison des mauvaises conditions météorologiques. Mais en dépit de cette tentative de se mettre à l’abri, le navire marchand de 58 mètres de long sur 9 mètres de large a coulé samedi 16 avril. Alors qu’il se trouvait à environ 7 km des côtes, le pétrolier a commencé à prendre l’eau, qui s’est infiltrée dans la salle des machines, montant jusqu’à près de deux mètres de hauteur.
Notons que plusieurs pays de la Méditerranée ont proposé leur assistance à la Tunisie pour éviter une crise écologique. Parmi eux figure l’Italie qui a suggéré d’envoyer des navires pour appuyer les efforts de lutte contre la pollution dans cette zone maritime.
D’ailleurs, suite au naufrage samedi, du pétrolier Xelo dans le golfe de Gabès, la Fédération tunisienne de l’environnement et du développement (Fted) a appelé le Président de la République, Kaïs Saïed, à charger tous les ministres concernés de mettre en place un plan d’action visant à minimiser les impacts de cette « catastrophe écologique » et à activer la diplomatie tunisienne afin de défendre les intérêts nationaux.