Dans une énième tentative d’interpeller l’opinion publique internationale sur ce qui se passe en Tunisie, et toujours sur fond d’allégeance à l’étranger, le parti islamiste essaie par tous les moyens de pousser vers une confrontation dans la rue. Le nouvel ordre, provoqué notamment par les résultats du référendum, ne semble pas calmer les ardeurs de Ghannouchi, ni celle de ses lieutenants et de ses alliés… contre nature !
La plupart des partis politiques n’ont rien de plus que les autres. Ceux qui revendiquent un statut spécial n’ont pas réellement de pouvoir absolu. Ils sont tout simplement ce qu’on en a fait.
Dans tout paysage politique, il y a des moments de tension dus aux divergences, parfois même à l’incompréhension. Mais l’ampleur de la crise, qui ne semble pas connaître de fin sur la scène politique tunisienne, est plus qu’une incompréhension. La situation a empiré à cause de multiples interférences aux desseins inavoués. L’exemple d’Ennahdha est significatif. Qu’il gouverne ou pas, il se considère toujours au-dessus de tout contrôle et détenteur d’un pouvoir politique parallèle.
Ses adversaires politiques le voient comme le reflet des tensions qui ne cessent de traverser le paysage politique. Il est souvent accusé d’actes de sabotage. Il est évoqué dans les tentatives destinées à provoquer une crise sociale et même le chaos. On lui impute la tendance à envenimer la situation à des fins politiques.
Dans une énième tentative d’interpeller l’opinion publique internationale sur ce qui se passe en Tunisie, et toujours sur fond d’allégeance à l’étranger, le parti islamiste essaie par tous les moyens de pousser vers une confrontation dans la rue. Le nouvel ordre, provoqué notamment par les résultats du référendum, ne semble pas calmer l’ardeur de Ghannouchi, ni celle de ses lieutenants et de ses alliés contre nature.
Pour comprendre la stratégie, ou encore la politique des partis islamistes, il faut se pencher sur leur histoire et sur leur passé. Il y a, à titre d’exemple, un fait assez révélateur dans la manière avec laquelle Ennahdha appréhende les autres partis : ses ennemis d’hier deviennent souvent les alliés d’aujourd’hui. Les consensus qu’il a souvent tissés avec d’autres partis n’étaient pas clairs. Ils obéissaient à l’intérêt du moment. Beaucoup de partis politiques ont été victimes de faux consensus avec Ghannouchi et son parti. L’implosion de Nidaa Tounès en est un exemple révélateur… Même chose pour Kalb Tounès et Tahya Tounès. Tout cela a mis à mal non seulement la situation politique, mais aussi économique et sociale du pays.
Menacé dans son existence et visé directement à chaque fois où Saied appelle à l’application de la loi contre tous ceux qui sont impliqués dans des affaires de corruption, Ennahdha multiplie les mauvaises décisions et les prises de position inopportunes. En détresse, le parti islamiste en appelle à l’ingérence étrangère.
Egarement ? Fuite en avant ? Une chose est sûre : ce qu’il ne cesse d’entreprendre ne fait pas la fierté de ceux que l’on considérait au-dessus de tout soupçon. Le désaveu ne peut en aucun cas être un phénomène naturel au sein d’un parti incapable de renouveler le centre de ses intérêts au-delà de ce qu’il a pris l’habitude d’entreprendre. Face à un ordre national, et même mondial, en mutation constante, ses principaux dirigeants n’arrivent pas à se démarquer des stratégies et des modalités mal pensées.
Si on concède que les dix dernières années portent l’emprunte de l’échec d’un parti en déphasage avec les aspirations des Tunisiens, on regrette qu’on n’ait pas emprunté la voie de la reconstruction. De la réédification. En un mot, du rétablissement de valeurs. Point d’évolution. Encore moins de progrès.
On regrette qu’au fil des années les promesses aient été transformées en un abandon progressif des grands principes, au profit des stratégies et des approches, où n’interviennent depuis de longues années que les intrus et les inopportuns sur des projets qui ne prennent pas en considération les véritables attentes des Tunisiens et la réalité et les exigences du paysage politique. Chose qui a conduit à faire de l’action politique une option qui se plie à toutes sortes de pratiques étrangères aux champs des compétences et des valeurs sûres.
Entre pas de vision ou une vision trop étroite, le mouvement islamiste se perd et se trompe chaque fois d’opportunité. Il navigue à contre-courant et les horizons lui manquent. Faute d’éducation politique, c’est l’usage qui perdure. Le sens exacerbé de ses dirigeants a transformé le parti en moyen d’expression des réactions et des positions les plus… inconséquentes.