La relation entre le gouvernement et l’Union générale tunisienne du travail reste toujours mitigée. Après la signature d’un pacte social, un rapprochement entre les deux parties avait été observé. Mais les rapports entre ces partenaires sociaux sont encore interprétés de différentes manières.
Négociations sociales, réformes économiques, circulaire numéro 20 et Fonds monétaire international, ces dossiers restent toujours en suspens et sont, tantôt, à l’origine de tensions entre les deux parties.
Actuellement, des sessions intensives de discussion et de négociations entre le gouvernement et la Centrale syndicale sont en cours. L’objectif est de parvenir à un accord concernant plusieurs dossiers, dont notamment les augmentations salariales, mais la situation n’est guère confortable. A en croire les déclarations des responsables des deux côtés, on s’attend à un rapprochement sur plusieurs niveaux, notamment au sujet de la circulaire numéro 20.
En tout cas, la Cheffe du gouvernement, Najla Bouden, s’est entretenue, jeudi dernier, à La Kasbah, avec le secrétaire général de l’Ugtt, Noureddine Taboubi. La rencontre était une occasion d’évoquer l’état d’avancement des négociations entre les délégations gouvernementale et syndicale.
Les parties gouvernementale et syndicale devront signer incessamment un accord sur les revendications sociales. Alors que le gouvernement évoque une avancée notable des négociations sur plusieurs points, la centrale syndicale fait état de divergences persistantes, excepté sur la circulaire n°20 qui sera remplacée par une autre, recueillant son approbation. Durant cette entrevue, le chef de la centrale syndicale a présenté un document sur le programme des réformes économiques, en vue d’une sortie de crise, élaboré par des experts de l’Ugtt.
Le porte-parole de l’Union générale tunisienne du travail, Sami Tahri, a assuré dans ce sens, lors d’une conférence de presse, que «l’Union syndicale est parvenue à un accord avec le gouvernement au sujet d’une nouvelle formulation pour remplacer la circulaire n° 20».
Il a ajouté que «l’ancien décret sera supprimé et le projet du nouveau décret sera publié le plus tôt possible, si le gouvernement respecte ses engagements».
L’Ugtt et les réformes économiques
Au fait, parallèlement au document élaboré par le gouvernement sur les réformes économiques, l’Ugtt a également élaboré son propre projet à cet effet depuis plusieurs mois.
En effet, selon la centrale syndicale, ce document constitue une alternative aux programmes des réformes du gouvernement, avec un accent mis sur le redressement des entreprises publiques. Le programme de l’Ugtt vise notamment à rationaliser les dépenses de l’Etat, optimiser les recettes fiscales, planifier et concrétiser la relance économique, élaborer une nouvelle politique industrielle et agricole et enfin établir une meilleure structuration de la dette publique.
L’Ugtt rappelle dans ce sens qu’elle a présenté au gouvernement un projet alternatif et non pas un rapport. Cette clarification intervient suite à la publication par le gouvernement d’un communiqué concernant la réunion, qui indiquait que Noureddine Taboubi avait soumis, simplement, un rapport sur le programme de réformes économiques pour sortir de la crise, qui avait été préparé par un certain nombre d’experts syndicaux.
Les responsables de la centrale syndicale avaient affirmé à maintes reprises que l’Ugtt ne s’opposait pas à un nouvel accord avec le FMI, mais exigent plus de clarté au niveau des discussions avec ce bailleur de fonds, mais aussi au niveau des réformes économiques et sociales envisagées.
En tout cas, un compromis devrait être trouvé sur les autres sujets, notamment celui des majorations salariales dans la fonction et le secteur publics, l’augmentation du salaire minimum, Smig et Smag, etc.
Sur fond de crise
Les négociations sociales interviennent dans un contexte de crise marqué par une hausse des prix et une pénurie des produits de base.
En effet, depuis plusieurs mois, la Tunisie est confrontée à une inquiétante pénurie des produits de première nécessité. Dans les supermarchés, les prix des produits ont flambé, des mesures de rationnement ont même été mises en place, quand les rayons ne sont pas simplement vides.
Rappelons qu’après plusieurs semaines de froid, les séances entre le gouvernement et l’Ugtt ont repris récemment. Parmi les revendications de l’Ugtt figurent notamment l’annulation de la circulaire n°20 interdisant aux ministres, secrétaires d’Etat et directeurs généraux des établissements publics d’entamer des négociations sans autorisation préalable de la présidence du gouvernement, ainsi que pour lancer les négociations sociales afin de demander une augmentation des salaires dans le secteur public et la fonction publique.