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Commentaire | Surenchère et récupération politique

Il est évident que ce n’est pas parce qu’on s’appelle Ennahdha, ou encore Rached Ghannouchi, qu’on peut faire les choses plus et mieux que les autres. Le parti islamiste est prêt à s’accrocher à tout sauf à l’essentiel : l’intérêt de la Tunisie.

Par où commencer pour parler de ces partis politiques et de leurs dirigeants qui ont perdu leur rayonnement d’antan et le rang auquel ils n’ont jamais cessé d’aspirer ?

Commençons par dire que la noblesse qu’ils ont su auparavant entretenir et faire croire aux Tunisiens a perdu son âme et sa spontanéité. Il fut un temps en effet  où les Tunisiens voyaient d’un bon œil le positionnement de la plupart des anciens «opposants»  à Ben Ali et qu’ils considéraient comme les hommes de la situation. La plupart du temps, ils étaient impressionnés par les promesses qui laissaient entrevoir monts et merveilles. En tout cas un mode de vie et un quotidien nettement meilleurs que ce qu’ils avaient connu. Même s’ils n’avaient ni les ressources, ni les arguments suffisants pour convaincre les Tunisiens et pour retenir leur attention, ils ont réussi quand même à rester au pouvoir pendant plus de dix ans et à concevoir l’avenir de la Tunisie à leur manière.

La donne a beaucoup changé aujourd’hui. Les dirigeants nahdhaouis, mais aussi d’autres acteurs politiques, n’ont plus visiblement la même influence sur les Tunisiens. Des Tunisiens et des Tunisiennes qui doutent de plus en plus du bien-fondé des arguments avancés. Ils rejettent le modèle politique, économique et social auquel le parti islamiste n’a jamais cessé de vouloir s’identifier. Même en cherchant des alliances, assurément contre-nature, les nahdhaouis se trouvent encore et toujours dans l’incapacité de convaincre les Tunisiens, de faire valoir une vision et un projet persuasifs, et encore moins pertinents. Il est évident que ce n’est pas parce qu’on s’appelle Ennahdha, ou encore Rached Ghannouchi, qu’on peut faire les choses plus et mieux que les autres. Le parti islamiste est prêt à s’accrocher à tout sauf à l’essentiel : l’intérêt de la Tunisie.

Du côté de Montplaisir, il y a en ce moment une obstination acharnée pour le pouvoir. Pourtant, il existe un consensus dans l’action politique qui impose la reconnaissance du verdict des urnes. Les abus et les dépassements que les dirigeant d’Ennahdha ne cessent de manifester chaque fois et sans relâche outrepassent leurs prérogatives. La confusion dans les rôles fait qu’Ennahdha et ses alliés ne reconnaissent plus le pouvoir en place, notamment comme il est géré par Kaïs Saïed.

A travers une métamorphose éclatante et dans un environnement de plus en plus conditionné par la surenchère et la récupération politique sous-jacente, rien ne prédispose aujourd’hui le mouvement islamiste et le Front du salut à être les archétypes et les modèles de vertu politique que l’on souhaiterait qu’ils soient. Loin de véhiculer les valeurs auxquelles le paysage politique peut être particulièrement attaché, ils ne sont plus motivés que par la quête du pouvoir. Cette transformation démesurée en termes de comportements et d’attitudes renvoie à une surexposition médiatique. A la pression induise dans la vie politique de façon générale. A son effet nuisible grandissant. Les dérives et les dérivés dans les discours et dans les réquisitoires ont fini par devenir inquiétants. La quête du pouvoir ne doit pas être une obsession incontournable, même le parti islamiste n’hésite pas aujourd’hui à spéculer sur les valeurs et l’exemplarité politiques. Nous somme dans l’obligation de constater, et par conséquent d’affirmer que le fossé qui sépare aujourd’hui ce qui est préconisé dans les revendications préconisées et la réalité n’a jamais été aussi grand et aussi large. Il est assez symptomatique de la manière avec laquelle on envisage l’avenir de la Tunisie.

Certes, Ennahdha est aujourd’hui à la recherche d’un nouveau parcours, d’un nouveau destin, mais dans un environnement de dérives abondantes, les comportements exemplaires, que ce soit individuels ou collectifs, n’ont plus leur raison d’être. Le parti islamiste regrette certainement aujourd’hui de ne pas avoir pleinement conquis la confiance des Tunisiens en temps opportun et quand il le fallait vraiment. A force de chercher les intérêts personnels et les intérêts partisans, il a pratiquement perdu la confiance des Tunisiens, même s’il essaie aujourd’hui par tous les moyens de la réinventer.

Il faut dire que beaucoup de partis politiques savent conquérir l’assurance du peuple, mais peu d’entre eux savent l’entretenir et la préserver…

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