La relation entre le gouvernement et l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) devient tendue de jour en jour. En cause, ce que la centrale syndicale considère comme une approche unilatérale adoptée par La Kasbah.
Au cœur de cette situation, le dernier accord préliminaire entre la Tunisie et le Fonds monétaire international (FMI). Alors que le gouvernement affirme travailler avec cette institution en toute transparence, l’Ugtt accuse un flou total et appelle à dire la vérité aux Tunisiens.
En effet, l’Ugtt a appelé le gouvernement à informer les Tunisiens de ce qui a été convenu avec le FMI, exprimant son refus de la levée des subventions ou la cession des entreprises publiques. L’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) a jugé nécessaire que le gouvernement informe les Tunisiens de «ce qui a été convenu de manière unilatérale avec le Fonds monétaire international (FMI)», exprimant son rejet de toutes les décisions sur la levée des subventions ou la cession des entreprises publiques.
La centrale syndicale a critiqué, à l’issue de la réunion de son bureau exécutif qui s’est tenue vendredi dernier, le manque de transparence du gouvernement qui n’a pas dévoilé ce qui a été convenu avec le FMI, ainsi que ses déclarations contradictoires sur les dossiers de la levée des subventions et la cession des entreprises publiques.
Elle a affirmé sa disposition à entamer un dialogue participatif permettant d’introduire des réformes justes et équitables afin de sauver les entreprises publiques qui sont le levier de l’économie, notamment en l’absence d’investissements privés nationaux et étrangers.
L’Ugtt a également appelé à faire face à la flambée des prix, à adopter une politique claire visant à lutter contre la spéculation, le monopole et la contrebande et à dédommager les citoyens suite à la dégradation du pouvoir d’achat, à travers l’intervention directe de l’Etat pour soutenir la production agricole, réviser les circuits de distribution et réduire l’ingérence des lobbies.
Vers un passage en force ?
En dépit des avertissements de l’Ugtt, le gouvernement poursuit sa politique de réformes qui prévoit des décisions douloureuses selon les estimations des économistes. Sauf que pour la ministre des Finances, Sihem Nemsia, le gouvernement n’a rien à cacher et le document relatif aux différentes réformes a été déjà publié. Intervenant à chaque fois pour expliquer la position de la Tunisie à cet effet, la ministre rappelle que l’Ugtt a déjà été invitée aux différentes sessions de dialogue autour de ces questions, sauf que les discussions techniques avec le FMI ne peuvent pas être divulguées. Cependant, du côté de l’Ugtt, le gouvernement est appelé à publier l’accord préliminaire signé avec cette institution financière. On soupçonne d’ailleurs que le gouvernement aurait proposé de privatiser les entreprises publiques comme garantie pour accéder à cette ligne de crédit.
Le secrétaire général de l’Ugtt, Noureddine Taboubi, a annoncé dans ce sens que des responsables d’anciens gouvernements lui ont proposé de vendre des entreprises publiques.
Il a ajouté que l’Etat a adopté une stratégie de communication pour faire accepter la privatisation de certaines entreprises. Et d’ajouter que ces personnes ciblent des secteurs particuliers, comme la Rnta, les ports, le secteur pétrolier et le secteur bancaire.
Répondant à cette polémique, le porte-parole du gouvernement a assuré que le gouvernement n’a nullement l’intention de privatiser les entreprises publiques, et qu’il accorde la priorité à leur réhabilitation. Il a assuré que le gouvernement a présenté au FMI la proposition d’étudier les situations de ces entreprises au cas par cas, avant de présenter les solutions pour chacune d’entre elles.
«Le gouvernement a tenu des conseils ministériels pour étudier les solutions pour chaque entreprise, de même que les propositions de leurs administrations. Ces études se feront en collaboration avec les experts de chaque domaine d’activité», a-t-il insisté.
Le Président de la République, Kaïs Saïed, a également insisté que les entreprises publiques sont un acquis de l’Etat et que la Tunisie doit préserver son rôle social. Le Chef de l’Etat s’est dit «résolu à appréhender ces questions selon une nouvelle approche fondée sur la justice et l’équité», sans que l’Etat ne renonce à son rôle social.
«La solution efficace devra émaner de la volonté du peuple», a-t-il souligné, affirmant que «les entreprises publiques ne seront pas cédées, comme le prétendent certains».
Sami BEN YOUSSEF
14 novembre 2022 à 12:54
STB IFRS!