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Le travail, une valeur en perdition !

Editorial La Presse

Considérées comme étant le principal rempart de l’économie tunisienne, les ressources en devises émanant du tourisme, ainsi que de certains autres secteurs stratégiques, sont quasiment absorbées par la dette extérieure. Une absorption qui déstabilise les équilibres et les finances d’un pays toujours à la recherche d’un redressement jusque-là difficile à se dessiner. Une absorption qui n’a pas manqué, aussi, de provoquer une chute du stock des réserves en devises, laquelle chute s’est nettement répercutée  sur les règlements des échéances importantes de la dette extérieure, des paiements, d’achats de produits de base, aussi bien alimentaires qu’énergétiques.

Le service de la dette est l’équivalent du double des recettes touristiques qui n’ont pas dépassé 760,5 MD. Aussi, les crédits bancaires à l’Etat se sont-ils élevés, d’après les statistiques, à 23967,7 MD en accroissement de 16%, comparativement à l’année dernière et sont répartis entre bons du Trésor à court terme (7097,9 MD) et bons du Trésor assimilables (16869,8 MD).

On a toujours pensé que l’économie tunisienne disposait des qualités requises pour se réhabiliter. Mais on ne sait pas toujours si elle a vraiment les hommes et les compétences pour le faire.

Il faut dire qu’au-delà des défaillances, toujours ingérables, c’est l’absence de stratégie, d’évolution et de projection sur l’avenir qui est ainsi visée. D’ailleurs, les constats d’aujourd’hui sont ceux d’hier. Ils ne diffèrent pas, ou presque, de ce qui se concevait depuis 2011 : mêmes causes à l’arrivée, mêmes effets au départ. Pas d’impact sur les choix stratégiques, aucun agissement sur les équilibres financiers.

Nous restons encore dans l’incapacité d’oublier tous les aléas qu’a dû subir l’économie tunisienne au lendemain de la révolution, et spécialement sous le règne de la Troïka. Surtout quand le travail était devenu une valeur en perdition !…

Mais la force d’une nation est de construire son économie, pas seulement dans les situations favorables, mais aussi et surtout dans les contextes difficiles. Au-delà des atteintes qui avaient conditionné sa raison d’être, l’économie tunisienne ne peut plus continuer à évoluer de façon ordinaire et à être gérée de manière « archaïque », sans productivité, sans création de richesses, sans valeur ajoutée, sans investissement rentable. La situation se complique. Elle risque de s’aggraver davantage.  

Il est grand temps de siffler la fin de la récréation. Le travail, l’effort et la performance doivent être reconnus comme des valeurs salvatrices et pérennes à inscrire au fronton de la praxis. La Tunisie a les compétences nécessaires. Elle ne saura jamais s’en passer…

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