Elles constituent pourtant le pilier de l’économie nationale au vu de leur forte capacité d’employabilité. Les petites et moyennes entreprises (PME) ne connaissent malheureusement pas leurs meilleurs jours en raison de ce qu’appellent les économistes un écosystème défaillant et impropice.
Inflation, accès limité au financement, dettes, concurrence déloyale, les PME tunisiennes font actuellement face à plusieurs problèmes d’ordre structurel. Si des centaines de structures de ce genre n’ont pas pu surmonter la crise pandémique et ont mis la clé sous la porte, d’autres résistent toujours, mais pour leurs patrons, ce n’est pas évident.
Il suffit de revenir sur la dernière déclaration du porte-parole de l’Association des PME, Abderrazek Houas, qui a assuré que pas moins de 7200 chefs d’entreprises croupissent, en ce moment en prison, et ce pour des infractions financières.
Un chiffre qui n’a pas été confirmé par les autorités mais qui démontre la gravité de la situation pour ces entreprises qui se trouvent souvent livrées à elles-mêmes.
Autant dire que toute la conjoncture économique et financière du pays semble frapper de plein fouet l’activité des PME.
En effet, « en l’absence des aides et de l’accompagnement de l’État, du moins au niveau de la facilitation de l’accès aux fonds d’investissement et de financement, ce tissu économique risque de s’effondrer, alertent les économistes ».
Selon certaines estimations, les PME en Tunisie représenteraient environ 98% des entreprises, employant plus de 50% de la main-d’œuvre totale. Elles sont considérées comme le moteur de la croissance économique et de la création d’emplois en Tunisie.
Mais les PME en Tunisie font face à de nombreux défis, notamment la concurrence accrue, l’accès limité au financement, la complexité administrative, la faible productivité, la pénurie de compétences et le manque de soutien.
« Les PME tunisiennes souffrent d’un déficit d’accès aux financements, qui s’est encore creusé au fil des ans », selon les enquêtes menées par la Banque mondiale. « 21,9 % des entreprises considéraient le manque d’accès au financement comme un obstacle majeur en 2023 ; elles étaient 43,9 % en 2020.
Les PME qui ont quant à elles accès à des financements, obtiennent principalement des crédits de court terme, en raison notamment d’un manque de liquidités à long terme dans le secteur bancaire.
De fait, les marchés financiers et les institutions d’épargne contractuelle, qui constituent les principales sources de financement à long terme dans de nombreux marchés émergents, ne sont pas encore pleinement développés en Tunisie ».
Le gouvernement tunisien a mis en place plusieurs programmes et initiatives pour soutenir les PME, tels que des subventions, des allégements fiscaux, des facilités d’accès au financement, des programmes de formation et de développement des compétences, ainsi que des mesures pour réduire la bureaucratie et faciliter les démarches administratives, notamment après la crise pandémique.
Cependant, malgré ces efforts, de nombreuses PME tunisiennes continuent de faire face à des difficultés et ont besoin d’un soutien supplémentaire pour se développer et prospérer.
De nombreuses structures de ce genre affirment ne pas avoir jusqu’aujourd’hui accès aux aides pour lutter contre les répercussions de la crise du coronavirus.
Hausse des coûts
Qu’il s’agisse des services, de l’Agriculture ou de l’Industrie, ces entreprises sont également ébranlées par la hausse remarquable des coûts de production liée notamment au conflit russo-ukrainien. Rappelons que la Tunisie est un pays fortement dépendant de l’importation des produits de base et des matières premières pour alimenter l’activité de ces entreprises.
Cette situation a poussé plusieurs bailleurs de fonds à proposer une aide à la Tunisie pour limiter l’impact économique sur ces entreprises.
En février dernier, le Conseil des administrateurs de la Banque mondiale a approuvé un prêt de 120 millions de dollars en faveur de la Tunisie, au titre du Projet d’appui au redressement économique des PME.
Ce projet vise à remédier aux problèmes de liquidité auxquels sont confrontées les entreprises tunisiennes, en finançant des lignes de crédit à long terme qui seront rétrocédées par le ministère des Finances aux institutions financières participantes pour l’octroi de prêts aux petites et moyennes entreprises (PME) éligibles.
« Les PME jouent un rôle clé dans l’économie tunisienne. La pandémie de COVID-19 et la guerre en Ukraine ont entraîné des déséquilibres macroéconomiques en Tunisie qui ont exacerbé les difficultés rencontrées par les PME et affaibli leurs performances et leur santé financière », explique Alexandre Arrobbio, responsable des opérations de la Banque mondiale pour la Tunisie. « Grâce à ce projet et à d’autres programmes d’appui au secteur financier, la Banque mondiale, en collaboration avec ses partenaires, poursuit son soutien au plan de relance du gouvernement tunisien.
Ce plan comprend la réalisation de réformes cruciales visant à renforcer la réglementation et le contrôle du secteur financier, développer davantage l’infrastructure financière et promouvoir une inclusion financière plus large », a-t-il indiqué.
Plus récemment, l’Italie a annoncé qu’elle va fournir 110 millions d’euros aux petites et moyennes entreprises tunisiennes par l’intermédiaire de l’Agence italienne pour la coopération au développement (AICS).