«Pareille attaque meurtrière perpétrée, mardi soir à Djerba, pourrait survenir n’importe où dans le monde. En rien, elle ne saurait entamer notre unité nationale indéfectible et notre attachement profond à la Tunisie. Nous devons y faire face avec vigilance et solidarité».
L’attaque ayant ciblé, mardi dernier, la synagogue de la Ghriba à Djerba a suscité de multiples réactions en Tunisie et dans le monde. Alors que la Tunisie a déjà fait face à de nombreuses tentatives visant à porter atteinte à sa sécurité, cette attaque, qualifiée de criminelle par les autorités tunisiennes, a été rapidement exploitée par certaines parties.
«Terrorisme» et «antisémitisme», plusieurs discours officiels parvenant surtout de l’étranger font croire que cette attaque cible notamment les Juifs, alors qu’en vérité, il s’agit, selon les autorités tunisiennes, d’une attaque criminelle qui a ciblé la Tunisie, pas la communauté juive.
D’ailleurs, le Président de la République, Kaïs Saïed, a prononcé un discours, mercredi 10 mai 2023, lors de la réunion du Conseil de sécurité nationale, à la suite de l’attaque survenue la veille aux abords de la synagogue de la Ghriba à Djerba.
Qualifiant cette attaque de criminelle, il a tenu à rassurer la communauté internationale sur la sécurité du pays. «Nous sommes réunis après l’acte criminel lâche qui a eu lieu à Djerba. Nous ne pouvons, d’abord, que présenter nos condoléances aux familles des martyrs parmi les forces de l’ordre, mais aussi à toutes les victimes de cette opération lâche. Je veux, à cette occasion, rassurer le peuple tunisien, mais aussi le monde entier que la Tunisie restera un pays sûr, malgré toutes les tentatives de ces criminels pour la déstabiliser. Nous veillerons à préserver la sécurité et la stabilité au sein de la société», a-t-il dit.
Et au ministre de l’Intérieur Kamel Feki de confirmer. Pour lui, «il s’agit d’un meurtre avec préméditation et que l’assaillant dans l’opération de Djerba a été abattu en 112 secondes, soit une minute et 52 secondes».
En dépit de cette position officielle, certaines parties ont fait croire que cette opération est antisémite, appelant la Tunisie à protéger les Juifs résidant sur son territoire. Et c’est notamment la position de certains pays européens qui n’est pas passée inaperçue. Si cinq personnes, dont un Français, ont été tuées mardi soir devant la synagogue de la Ghriba à Djerba, le président français a rapidement réagi. «Toujours, sans relâche, nous lutterons contre la haine antisémite», a indiqué Emmanuel Macron après l’attentat. «L’attaque contre la synagogue de la Ghriba nous bouleverse. Nous pensons avec douleur aux victimes, au peuple tunisien, nos amis. Nous sommes aux côtés de la famille de notre compatriote assassiné», a ajouté le Président français dans un message publié sur Twitter.
Pour sa part, le communiqué de l’ambassade d’Allemagne en Tunisie, ayant condamné cette attaque, a également suscité de nombreuses réactions. L’Allemagne a vivement condamné l’attentat de la Ghriba, à Djerba. L’ambassade d’Allemagne a affirmé que l’attaque de Djerba a provoqué la consternation et une profonde tristesse.
« La synagogue de la Ghriba et le pèlerinage annuel sont des piliers de la vie juive en Tunisie. Nous nous engageons à protéger la vie juive et à lutter contre l’antisémitisme et toute forme de discrimination dans le monde. Nous espérons maintenant une clarification rapide des circonstances » a-t-elle souligné.
La Tunisie répond
La réponse officielle à ces positions controversées est parvenue du côté du Bardo. Le président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Brahim Bouderbala, a appelé les parties étrangères qui se sont dit prêtes à lutter contre l’antisémitisme en Tunisie à réviser leurs déclarations.
«Nos frères citoyens juifs jouissent de la sécurité et de la paix. Ils vivent parmi nous en toute tranquillité et l’État est garant de leur sécurité comme tout citoyen (…) nous disons à ces parties que la Tunisie est souveraine (…) si l’objectif derrière ces déclarations est de servir leurs intérêts dans leurs pays, nous leur disons que nous n’avons pas créé une cellule de crise quand les attentats ont été commis chez eux pour protéger certains citoyens sur leurs sols (…) nous assurons que la Tunisie est un pays libre et indépendant (…) nous appelons ces pays à adapter leurs positions à ce qui correspond aux valeurs d’amitié qui nous unissent et les valeurs d’égalité entre tous les pays», a-t-il ajouté.
«Pareil attentat pourrait survenir n’importe où dans le monde»
Au fait, cette exégèse qui veut, coûte que coûte, faire du débat une question de lutte contre l’antisémitisme en Tunisie n’a même pas convaincu la communauté juive basée en Tunisie.
D’ailleurs, à travers ces différentes apparitions médiatiques, René Trabelsi, ancien ministre et figure de proue de la communauté juive en Tunisie, a tenu à rassurer sur la sécurité du pays, laissant entendre que la Tunisie restera une terre de solidarité et de coexistence.
«Pareille attaque meurtrière perpétrée mardi soir à Djerba pourrait survenir n’importe où dans le monde. En rien, elle ne saurait entamer notre union nationale indéfectible et notre attachement profond à la Tunisie. Nous devons y faire face avec vigilance et solidarité».
C’est ce qu’a déclaré René Trabelsi, dénonçant vigoureusement cet acte qu’il a qualifié d’ignoble, il a mis en évidence la réaction immédiate des forces sécuritaires, se félicitant du retour au calme.
Crédit photos : © Abdelfettah Belaid
Cram
14 mai 2023 à 08:03
La politique de l’autruche, en somme. Ou alors, celle du « c’est pas moi, c’est l’autre ». Les victimes, juives, musulmanes, méritent beaucoup plus de transparence et de respect. « Ça aurait pu se produire ailleurs dans le monde »… est une insulte!