Le chef du parti Ennahdha est encore une fois sous les projecteurs des médias. Sa situation ne promet pas le meilleur si on rappelle qu’il est poursuivi dans plusieurs affaires de justice. « Certains dossiers sont vraiment très lourds », estiment les observateurs de la scène nationale.
Dernièrement, Rached Ghannouchi, président du mouvement islamiste a été condamné à un an de prison et à une amende de mille dinars pour « apologie du terrorisme » dans une affaire pour laquelle il avait été entendu en février par le pôle judiciaire antiterroriste.
Cette affaire fait suite à une plainte déposée par un syndicat de policiers qui l’accuse d’inciter les Tunisiens à s’entretuer, en raison de propos tenus début 2022 lors des obsèques d’un leader d’Ennahdha. Il avait alors affirmé que le défunt « ne craignait pas les dirigeants ou les tyrans ».
Cette condamnation par contumace a fait réagir le comité de défense de Rached Ghannouchi qui confirme que ce dernier poursuit toujours le boycott des auditions.
Le membre du comité de défense de Rached Ghannouchi, Samir Dilou est revenu sur la condamnation du président d’Ennahdha à un an de prison. Il a affirmé que le Tribunal aurait pu reporter l’affaire puisque Rached Ghannouchi refuse toujours de comparaître. « Rached Ghannouchi a maintenu sa décision de comparaître lors des auditions », a-t-il expliqué.
Et d’ajouter qu’il est « possible de faire recours contre cette décision, mais la présence de Rached Ghannouchi sera obligatoire dans ce cas ».
Le mouvement Ennahdha a dénoncé cette décision qualifiée de « jugement politique injuste ».
Dans un communiqué publié lundi 15 mai, le parti islamiste a réclamé la libération de son président, estimant que « Ghannouchi est détenu pour avoir exprimé son opinion », signalant « qu’il n’avait jamais hésité à se présenter devant le juge d’instruction lors de précédentes occasion, cependant, lorsqu’il s’était rendu compte qu’on voulait délibérément lui nuire, il avait jugé opportun de ne pas le faire ».
Le mouvement Ennahdha a évoqué « les écrits de Ghannouchi hostiles au terrorisme et à l’extrémisme et prônant la modération et le juste milieu ».
De sa part, le Front de salut national a réagi à son tour à cette condamnation rappelant que Rached Ghannouchi a refusé de comparaître dans le cadre de cette affaire la considérant « fabriquée et sans fondement ».
Le Front de salut avance que « la condamnation de Rached Ghannouchi reposait uniquement sur des propos détournés de leur sens ; une preuve de l’incapacité du pouvoir à fournir des preuves et des faits criminels contre le leader du mouvement Ennahdha et les opposants politiques détenus ».
Rattrapé par le passé ! affaire Instalingo
Rached Ghannouchi, présenté par certains médias étrangers comme étant le principal opposant du président Kais Saied et du processus du 25 juillet, risque gros.
L’avocat Mokhtar Jemai, membre du collectif de défense du chef du mouvement Ennahdha, a révélé que son client est poursuivi dans 19 affaires, alors qu’il est actuellement détenu suite à des déclarations qu’il a faites récemment.
En effet, Ghannouchi, actuellement écroué, est poursuivi dans le cadre de nombreuses affaires, certaines sont de nature terroriste.
En avril dernier, il a été confronté à une personne qui avait précédemment prétendu avoir une vidéo filmant une réunion entre Ghannouchi et des éléments terroristes.
Dans l’affaire Instalingo, il est également poursuivi par la justice. Le juge d’instruction près le tribunal de première instance de Sousse 2 a émis, le 9 mai 2023, un mandat de dépôt contre le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi. Il est un des suspects dans l’affaire dite de la « société Instalingo », à Kalaâ Kebira dans le gouvernorat de Sousse, spécialisée dans l’industrie du contenu et de la communication numérique.
Ce mandat de dépôt a été émis à l’encontre de Rached Ghannouchi alors qu’il avait refusé de quitter la prison, pour comparaître devant le juge d’instruction alors qu’il était convoqué afin d’être interrogé dans le cadre de cette affaire.
Cette affaire Instalingo remonte à juin 2022 lorsque le parquet avait ordonné l’ouverture d’une information préliminaire à l’encontre de 28 personnes, dont Rached Ghannouchi. Au total, 46 personnes sont concernées par cette affaire, dont 12 sont aux arrêts alors que huit mandats d’amener ont été émis à l’encontre d’autres suspects en fuite à l’étranger.
De même, Ghannouchi est actuellement emprisonné dans une affaire d’atteinte à la sûreté nationale et à la paix sociale pour des propos fuités sur les réseaux sociaux.
On se rappelle tous de cette vidéo, durant une soirée organisée par le Front populaire, dans laquelle il estime qu’une guerre civile sera déclenchée en cas d’élimination de l’islam politique en Tunisie.
En juin dernier, le président du parti Ennahdha avait été officiellement accusé dans le cadre de l’affaire de l’appareil secret d’Ennahdha. C’est le comité de défense des deux martyrs qui révélait cette décision de justice, affirmant que 18 personnes ont été également accusées dans le cadre de cette affaire, pour atteinte à la sûreté de l’État.