«Je refuse d’acheter des marchandises fabriquées par des entreprises qui emploient des enfants, exploitent leurs salariés, les protègent mal contre les maladies et les accidents ou celles qui polluent l’environnement, etc. Idem pour les services».
Cette déclaration, que l’on entend ou lit de plus en plus souvent, n’est plus aujourd’hui l’apanage d’un grand leader du mouvement consumériste ou de celui du mouvement altermondialiste. Elle est devenue celle de monsieur tout-le-monde.
Une véritable conscience de l’importance vitale de la dimension éthique qui doit entourer la naissance, le développement et l’interaction de l’entreprise avec son environnement a ainsi vu le jour et est venue ainsi renforcer l’exigence de responsabilité sociétale, devenue aujourd’hui pressante pour toute entreprise qui se respecte.
Dimension qui, aujourd’hui, est devenue décisive pour la survie de toute entreprise, surtout avec les scandales qui ont éclaté depuis au moins deux décennies, qui ont touché surtout des multinationales et qui ont révélé l’existence de pratiques inacceptables envers des populations de pays sous-développés et pauvres.
A tous les préjudices cités plus haut sont venus s’ajouter d’autres, disons moins visibles tels que ceux liés à l’origine des capitaux, à la capacité de protéger les données personnelles, les subventions accordées, etc.
Au départ «exclusive», la notion d’entreprise éthique, c’est-à-dire une entreprise qui possède une charte éthique bien ficelée et bien appliquée, est devenue petit à petit une notion qui englobe des exigences «positives» et intégrées.
Positives, c’est-à-dire incluant des actions visant, au-delà de la lutte contre les pratiques négatives, des objectifs de réparation de torts, de bien-être, etc. Intégrées veut dire ici, tout au long de la chaîne ayant permis la naissance du produit ou du service (fournisseurs, sous-traitants, distributeurs, etc.).
Bien plus, une entreprise éthique se trouve obligée, par exemple, de retirer un lot de ses produits du marché, non parce qu’il renferme une quelconque défaillance décelable, mais aussi une défaillance qu’elle seule a pu déceler.
C’est dire l’importance de cette dimension sur le plan pratique et pour le progrès de l’humanité toute entière, car elle lutte contre les pratiques liées à des fléaux ainsi qu’à des crimes, tels que l’enrichissement facile.
A côté des normes internationales adoptées dans ce sens, la charte éthique reste la colonne vertébrale de l’entreprise éthique. Sa conception, sa rédaction, son adoption et sa publication sont entourées de beaucoup d’attention et de respect.
Une entreprise qui se dote de cet important outil, et qui l’affiche non sans fierté, se doit de le respecter scrupuleusement et l’investissement consenti pour réaliser cette exigence aura des retombées positives sur elle, y compris celles financières.
Il est vrai que bon nombre d’entreprises adhèrent à ce processus à des fins de marketing. Il n’empêche, d’autres, et elles sont de plus en plus nombreuses, le font par profonde conviction. D’autant qu’il ne s’agit plus d’une «mode», comme cela a été au départ.
Aujourd’hui, il faudrait ajouter à la définition d’entreprise dans les manuels d’économie et de gestion, cette dimension éthique devenue incontournable. Ainsi, l’entreprise ne serait plus seulement cette organisation sociale possédant un statut légal dont le principal objectif est de dégager des profits, elle est devenue aussi celle qui se doit de dégager des profits dans le respect des lois et de l’éthique.