Accueil A la une Commentaire | Le FMI et nous : Quand le réflexe remplace la réflexion

Commentaire | Le FMI et nous : Quand le réflexe remplace la réflexion

C’est sur cette culture de valeurs bafouées au gré des profits et des enjeux diverses et où il n’est plus question d’humanisme partagé et où le réflexe a curieusement remplacé la réflexion, que la Tunisie préfère la vérité qui dérange à l’illusion qui réconforte.
Les slogans et les différentes expressions politiques ne correspondent plus à la réalité. Dans un ordre mondial en profonde mutation, il est devenu facile de spéculer sur les valeurs humaines et sur l’exemplarité d’un monde dont l’avenir se démarque de plus en plus des droits de l’homme et surtout de la dignité humaine.
C’est sur cette culture de valeurs bafouées au gré des profits et des enjeux diverses et où il n’est plus question d’humanisme partagé et où le réflexe a curieusement remplacé la réflexion, que la Tunisie préfère la vérité qui dérange à l’illusion qui réconforte.
« Pour toute négociation avec le Fonds monétaire international, les solutions ne peuvent, en aucun cas, être présentées sous forme de diktats », a affirmé de nouveau Kais Saied. D’ailleurs les solutions classiques ne feront, selon lui, « qu’aggraver la crise sociale et impacter, négativement, la situation pas seulement en Tunisie, mais aussi dans toute la région ».
Lors de son entretien dimanche avec la présidente du Conseil des ministres Italien, Giorgia Meloni, la présidente de la commission européenne, Ursula Van Der Leyen, et le premier ministre néerlandais, Mark Rutte, le Président de la République persiste et signe : « Le FMI doit revoir ses propositions pour parvenir à un accord avec la Tunisie ».
Au lieu d’inciter à convertir les crédits de la Tunisie en projets d’investissement, ou encore aider la Tunisie à récupérer les fonds pillés avant et après 2011, ainsi que les crédits détournés, des parties étrangères continuent à formuler des discours aseptisés. Elles ne cessent de formater les arguments tout en restant dans l’ignorance des spécificités des pays.
Mais le peuple Tunisien, qui s’est révolté fin 2010 contre le despotisme et la corruption, a choisi quant à lui, de ne jamais abandonner ses revendications de la liberté, ni son droit légitime à la dignité nationale.
A ce sujet, Saied est catégorique à : « Les solutions à la situation en Tunisie doivent émaner de la seule volonté des Tunisiens. La Tunisie n’est pas un dossier international, c’est une question purement nationale et, avec les partenaires, la solution doit être trouvée sur cette base ».
Des donneurs de leçons en proie à toutes les dérives
Les négociations entre la Tunisie et FMI sur les critères de crédit à allouer par le Fonds monétaire à notre pays, auraient certainement fait un grand si certaines parties, concernées ou non par ce dossier, avait assumé le rôle qui leur incombait.
L’ordre mondial à travers lequel se dessinent aujourd’hui les relations internationales confirme les dérapages et les débrayages qui ne semblent plus connaitre de fin. Des relations internationales dans lesquelles les pseudo-défenseurs des droits de l’homme sont d’une façon ou d’une autre impliqués. Des penseurs et des donneurs de leçons en proie à toutes les dérives, emportés comme toujours par la révélation de démons intérieurs, qui ont pour noms indifférence, nonchalance, et insouciance envers le traitement dégradant, humiliant et inhumain des migrants, tout particulièrement les africains.
Au fait, quand il appelle à une approche réaliste et collective du dossier de la migration, le président de la République ne fait en réalité que rappeler les fondamentaux sur lesquels la Tunisie a pris l’habitude de se revendiquer : « Nos valeurs nous dictent de traiter de façon humaine, les migrants irréguliers », affirme-t-il. « De point de transit, la Tunisie est devenue une destination. Le séjour des migrants doit être régulier, tout le monde doit respecter le pays et ses lois », insiste-t-il encore.
Sur la même lancée, Saied n’hésite pas à qualifier la proposition avancée, discrètement, par certaines parties d’installer les migrants en Tunisie contre un soutien financier, comme étant « inhumaine et inadmissible ». Plus encore : il considère que les solutions sécuritaires ont montré leur limite en aggravant la souffrance des victimes de la pauvreté et des guerres. « S’ils avaient les attributs les plus élémentaires d’une vie décente, les migrants n’auraient pas été forcément une proie facile pour les réseaux criminels ».
Il ne faut pas chercher ailleurs les raisons de la tragédie et du calvaire de migrants abandonnés à leur triste sort. Au point où en est arrivé aujourd’hui le monde, c’est-à-dire au fond de la fosse, il est vital de recomposer les priorités de la question de l’immigration irrégulière, d’en redéfinir les mécanismes. Bref de s’appuyer sur des vraies valeurs humaines.
Mais le pire dans tout cela est que ces différentes parties ont vraiment le sentiment de ne pas se moquer du monde. Dans la mesure où elles ne semblent pas s’inquiéter de ce qui se passe dans les pays sur lesquels elles tiennent pourtant à avoir un droit de regard, notamment ceux les plus touchés par un contexte mondial de plus en plus défavorable, de plus en plus contraignant, l’on ne s’étonne plus des arguments lancés ici et là, particulièrement au moment où les solutions recommandées, voire imposées, par les plus forts, sont aujourd’hui désavouées par les pays qui ne croient plus en leur bonne volonté et en leur bonne foi.
Il est temps qu’émerge, à la place des instructions et des réformes qu’on veut à tout prix imposer pour l’avenir des autres pays, un débat d’idée sur la lutte contre l’immigration irrégulière. Même si l’on ne parvient pas à trancher à ce sujet, il serait quand même impératif de prendre les décisions nécessaires pour que tous ceux qui émettent leurs avis, sans avoir à en subir les conséquences et aussi éloignés soit-ils, ne puissent pas masquer une autre réalité humaine. Amère et compromettante.

 

 

 

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