Accueil A la une Aïd el Kebir à Kairouan : La fièvre des préparatifs

Aïd el Kebir à Kairouan : La fièvre des préparatifs

 

L’importance de l’Aïd El Kébir se révèle à Kairouan dans la précocité des préparatifs qui commencent deux à trois semaines avant le jour J. En outre, cette fête revêt un intérêt tout particulier pour sa dimension religieuse, sociale et civilisationnelle.

Le gouvernorat de Kairouan est réputé pour sa production ovine, dont il occupe la première place sur le plan national avec ses 440.000 têtes. D’où le flux de beaucoup d’intermédiaires d’autres régions du pays pour en acheter la plus grande partie.

Notons que l’importance de l’Aïd El Kébir se révèle à Kairouan dans la précocité des préparatifs qui commencent deux à trois semaines avant le jour J. En outre, cette fête revêt un intérêt tout particulier pour sa dimension religieuse, sociale et civilisationnelle. Et à l’approche de l’Aïd, on s’occupe de l’étamage des ustensiles en cuivre, de l’achat des condiments et du grand ménage.

Beaucoup de familles procèdent à l’acquisition du mouton quelques semaines à l’avance. Ce mouton est alors placé dans le garage, s’il y en a, le jardin et parfois même dans le balcon. Le soir, c’est le concert des bêlements à n’en plus finir. Dans les quartiers populaires et en milieu rural, on observe des moutons tenus en laisse, des organisateurs de combats et des troupeaux entiers entassés dans les camionnettes. Dans les pâturages, les bergers qui veillent sur leurs troupeaux font signe aux véhicules qui passent puis qui s’arrêtent. Et l’on assiste ensuite à de longues scènes de marchandage. Cela se répète tous les ans, en pareilles occasions.

Néanmoins, l’ambiance générale n’est pas aussi festive que les saisons écoulées à cause de l’augmentation excessive du prix du mouton, ce qui va contraindre beaucoup de familles à se rabattre sur les chevreaux. Les éleveurs, qui ont consenti beaucoup de sacrifices pour protéger leurs brebis et leurs agneaux des actes de pillage, voudraient les vendre à des prix très intéressants, car c’est leur unique ressource. Et leur aubaine aussi. En outre, la faible pluviométrie de cette année a engendré la hausse des prix du fourrage et la cherté des coûts de la production.

La tradition perpétrée de génération en génération

Par ailleurs, l’Aïd El Kebir offre des opportunités mercantiles avec la prolifération d’étalages qui proposent des barbecues et des accessoires métalliques pour les grillades. N’oublions pas que de petits métiers prospèrent aux alentours et qui, par là-même, ressuscitent et prennent vie et corps. Tel celui des affûteurs qui, tous les ans, à l’approche de l’Aïd El Idha, reprennent du service.

Outre les trois boutiques permanentes au cœur de la médina, d’autres rémouleurs s’installent dans plusieurs quartiers de la ville proposant leurs services à des citoyens tous occupés à préparer la fête du sacrifice et à faire sortir les haches, les couteaux et les machettes qui ont besoin d’un coup de neuf. Ainsi, à longueur de journée, on a l’occasion de voir ces artisans s’affairer, aiguisant les lames rouillées pour qu’elles deviennent coupantes et reluisantes.

D’un autre côté, rares sont les personnes qui achètent des moutons égorgés chez le boucher, car la plupart des gens préfèrent immoler la bête en famille où l’on essaie de créer une ambiance festive et goûter aux recettes de grands-mères, dont le couscous aux « osbens », la mloukhia, le borghol, la hergma et le melthouth de  mouton, car toutes les femmes rivalisent d’imagination et recourent aux recettes du terroir pour faire plaisir aux membres de leurs familles. Quant aux risques liés à l’augmentation du taux de cholestérol et à la surcharge pondérale, on préfère ne pas trop y penser.

En outre, à l’occasion de l’Aïd, l’élan de solidarité est très important. Ainsi, on distribue des aides alimentaires et des moutons aux familles nécessiteuses, tant au niveau régional que local…

Tabouna, sini’ya et pain au blé dur

La veille de l’Aïd, beaucoup de mères de famille préparent la quantité de farine dont elles auront besoin (tabouna, siniya ou pain au blé dur) à cause de l’absence de cette denrée alimentaire durant les jours de fête. En effet, tous les quartiers se retrouvent pendant plusieurs jours privés de boulangeries, d’épiciers et de marchands de légumes.

Et le jour de l’Aïd, les familles commencent par brûler l’encens qu’on fait inhaler au mouton avant son sacrifice. On procède ensuite à son abattage, à son dépouillement et à son découpage par un boucher professionnel disposant du matériel adéquat. Ensuite, on passe à la préparation du méchoui, de la qlaya bell’lya et du couscous aux «osbens».

Puis, en fin d’après-midi, il faudra découper, saler, épicer et préparer le qadid, faire sécher la peau du mouton après l’avoir salée. Ce n’est qu’au deuxième jour que la ronde des visites aux parents, pour échanger les vœux, commence. Alors bonne fête à tous…

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