Ce n’est pas un secret, la diaspora est devenue l’un des premiers investisseurs en Tunisie. S’agissant du secteur de l’immobilier, les Tunisiens résidant à l’étranger bénéficient en effet de la dépréciation du dinar, pour acquérir surtout des logements et des lots de terrain. Et ce sont les zones côtières qui sont les plus prisées.
Ces dernières années, les transactions et transferts financiers de la diaspora tunisienne alimentent en devises les finances publiques. Selon des chiffres publiés par la Banque centrale de Tunisie, les entrées de devises ont largement dépassé la contribution du secteur touristique.
C’est pourquoi et pour cette saison estivale, le retour massif des Tunisiens résidant à l’étranger (TRE) tend à rassurer les autorités qui déploient tous les efforts pour venir à bout de cette crise économique et financière aiguë. Dynamisation du tourisme, animation des circuits commerciaux, tous les espoirs sont portés en effet sur cette saison estivale pour circonscrire les effets de la crise. En cela, la contribution des Tunisiens de l’étranger sera considérable, s’accordent les économistes.
Selon les dernières données publiées par l’Office des Tunisiens à l’étranger, le nombre des Tunisiens établis à l’étranger a augmenté en 2022 de 4,9 % par rapport à 2021, pour atteindre 1.816.833 Tunisiens, ce qui représente environ 15,4% du total des Tunisiens. 84,4% de nos ressortissants résident en Europe, alors que 73.735 autres, soit 4,1%, se trouvent dans les pays du Maghreb arabe. Les autres pays arabes accaparent 5,7%, soit 121.856 Tunisiens.
En 2022, la Tunisie est arrivée à engranger 6,4 millions d’arrivées touristiques, dont 170.000 de TRE, selon des chiffres officiels. Il importe d’ajouter que ces estimations pourraient même être revues à la hausse.
Quoi qu’il en soit, les transferts de la diaspora tunisienne viennent, en partie, amortir la crise. Les transferts de fonds des TRE ont atteint, à fin juin 2023, 3.914,2 millions de dinars contre 3.751,8 millions de dinars durant la même période de 2022.
De leur côté, les recettes touristiques, dont une bonne partie provient des TRE, ont atteint, à fin juin 2023, 2.221,3 millions de dinars, en augmentation de 54,4% par rapport à la même période de 2022.
Une forme d’investissement ?
Ces transferts ont permis, selon la BCT, de couvrir presque la totalité du service de la dette estimé, au 30 juin 2023, à 3.986,6 millions de dinars contre 4.374,6 Mds de dinars un an auparavant. Un exploit !
Ces dernières années, ces transferts mensuels ont contribué, effectivement, à renforcer les équilibres financiers de l’Etat. Paradoxalement, «ces donneurs d’ordre» sont fâchés, peut-être, à juste titre, du fait que les banques facturent au prix fort les opérations. La communauté tunisienne à l’étranger dénonce souvent des procédures extrêmement compliquées, des transferts surfacturés et parfois bloqués, de manière abusive, selon les témoignages recueillis. D’ailleurs, les TRE appellent à la mise en place de meilleurs mécanismes et plus efficaces pour assurer de manière fluide et régulière les opérations bancaires depuis les pays d’accueil.
Autre question qui nous avons posée à nos interlocuteurs ; pourquoi choisissent-ils de placer leur argent en Tunisie ? La première raison qu’ils avancent, l’attache extrêmement solide qu’ils ont gardée avec leurs familles ici, à qui ils envoient de l’argent, compte tenu de la crise qui sévit en Tunisie, pour les aider et leur permettre de subvenir à joindre les deux bouts.
D’autres ont choisi d’investir dans leur pays d’origine, en lançant des projets, notamment des projets immobiliers. Ils voient cela comme une opportunité pour booster l’économie. Il semblerait, en outre, que la dépréciation du dinar soit également un facteur attractif additionnel.
Hedia Harkati, gérante d’une agence immobilière, explique que pour l’année en cours, la majorité des biens immobiliers ont été acquis par des TRE. «Ce n’est pas un secret, la diaspora est devenue l’un des premiers investisseurs en Tunisie. S’agissant du secteur de l’immobilier, les Tunisiens de l’étranger bénéficient en effet de la dépréciation du dinar pour acquérir surtout des logements et des lots de terrain. Et ce sont les zones côtières qui sont les plus prisées. Ils perçoivent ces projets comme des investissements à long terme», explique-t-elle.
Quid des services offerts ?
Face à ce nouvel entrain que manifestent nos ressortissants d’outre mer, que leur a offert leur pays en contrepartie ?
Autant dire que les services offerts aux Tunisiens de l’étranger sont continuellement critiqués parce que considérés très en deçà des attentes.
Qu’il s’agisse des procédures consulaires, bancaires ou encore sociales. Quand ils rentrent (au bled), se plaignent-ils, les désagréments commencent depuis l’aéroport.
Passant donc outre le discours officiel, la diaspora appelle à mettre en place des mécanismes concrets et des avantages réels pour développer les liens qu’elle entretient déjà naturellement avec le pays. Les différentes structures représentant la diaspora proposent de créer des plateformes de coordination et de médiation associant pouvoirs publics et secteur privé.
Un interlocuteur unique pour faciliter l’accès aux différents services administratifs et aux opportunités d’investissement. A suivre…