Des études ont montré que 70% des enfants n’ayant pas bénéficié des prestations de l’éducation préscolaire sont les plus menacés par le phénomène de la déscolarisation précoce sinon par un rendement scolaire des plus faibles!
Ce constat, avancé, mercredi, par la ministre de la Famille, de la Femme, de l’Enfance et des Personnes âgées lors d’une conférence de presse, organisée à son siège à Tunis, a porté sur les préparatifs de la rentrée préscolaire de la petite enfance 2023-2024. Il a été à l’origine d’un travail acharné dans le but de pallier les lacunes de taille, touchant le domaine des jardins d’enfants, lesquelles entravent la continuité d’un parcours censé être méthodique et progressif, qui prend en considération les besoins cognitifs, psycho-affectifs et moteurs de l’enfant en phase de développement.
En effet, l’immensurable faille entre le taux national de scolarisation, situé à 99,8% et celui de la couverture de l’éducation préscolaire, dont notamment l’accès des enfants aux prestations des jardins d’enfants, estimé à seulement 38% en 2021, a été à l’origine de moult efforts, fournis dans l’optique de garantir à la petite enfance le droit à l’éducation préscolaire.
Aussi, l’objectif a-t-il été fixé de hisser le taux de couverture de l’éducation préscolaire au niveau du taux de scolarisation. Pour réussir ce pari, et au bout de seulement un an et neuf mois, il a été possible d’augmenter ledit taux à près de 43%, et ce, grâce à la création de 47 jardins d’enfants étatiques, à l’appui du secteur privé via le programme «Notre jardin d’enfants dans notre quartier», à la promotion de l’intégration des enfants à besoins spécifiques, notamment les autistes dans les établissements de la petite enfance ainsi qu’à l’appui social confirmé, destiné aux enfants nécessiteux.
47 jardins d’enfants municipaux accueilleront 2.700 enfants
Il faut dire que depuis quelques années, le domaine de l’éducation préscolaire se trouve entièrement assuré par le secteur privé. C’est que les jardins d’enfants étatiques, relevant des municipalités, avaient fermé leurs portes, faute probablement de moyens et de conviction en leur utilité pourtant insoupçonnée. Toutefois, caractérisés par un apport confirmé et un cadre éducatif chevronné, ces espaces étaient, pour certaines familles, l’unique alternative à même de permettre à leurs enfants de bénéficier des prestations préscolaires, de la protection, et de l’éveil social et cognitif à des tarifs raisonnables. Il était, par conséquent, nécessaire de redonner vie aux espaces étatiques en établissant, en novembre 2020, le programme spécial jardins d’enfants municipaux.
Les premiers fruits de ce travail commencent à être cueillis cette année : 47 jardins d’enfants étatiques ouvriront dans quelques jours leurs portes au profit de 2.700 enfants, habitant les délégations des plus prioritaires relevant des gouvernorats de Sfax, Jendouba, Siliana, Béja, Kairouan, Le Kef, Kasserine, Tataouine, Gafsa et Mahdia. Le gouvernorat de Tataouine sera doté, à lui seul, de quatre jardins d’enfants municipaux, et ce, en raison de son taux de couverture le plus faible en la matière, soit seulement 14%.
20.000 enfants, cette année
Ces espaces seront animés et gérés par un cadre professionnel qualifié comptant 230 animatrices, recrutées en 2022 et 80 autres le seront cette année. Cet engagement réfléchi s’appuie, non seulement sur les besoins qu’exige la population-cible, mais aussi sur un élan de solidarité sociale, amplement justifié. Et pour preuve : 70% de la capacité d’accueil des jardins d’enfants étatiques seront consacrés aux enfants issus de familles à faibles revenus. Ils bénéficieront ainsi des prestations à titre gratuit. Pour les autres, les frais d’inscription n’excèdent point la somme de 50d.
Par ailleurs, et toujours dans le but de hisser le taux de couverture des jardins d’enfants, le programme baptisé «Notre jardin d’enfants dans notre quartier» a réussi, l’an dernier, à intégrer pas moins de dix mille enfants dans les espaces de la petite enfance.
Cette année, ce nombre sera doublé en privilégiant, évidemment, ceux issus des familles à faibles revenus ; soit 15.000 enfants inscrits et 5.000 autres, habitant les gouvernorats prioritaires précités.
600 autistes auront leur place
Il est à souligner que les frais d’inscription sont fixés à 70d. Ce programme, rappelons-le, vise aussi à soutenir les jardins d’enfants du secteur privé à travers l’octroi de subventions de l’Etat. Le nombre plafonné des enfants bénéficiant de ce programme, étant de 15 enfants par établissement privé, est à augmenter dans les délégations comptant un nombre insuffisant d’espaces de petite enfance pour atteindre 20 enfants par établissement.
La rentrée préscolaire sera prometteuse pour tous les enfants, y compris pour les autistes. Cette année, 600 enfants autistes intégreront les jardins d’enfants. Et pour aider le cadre éducatif à mieux soutenir ces enfants dans leur parcours, un guide a été spécialement conçu à cet effet. Il est disponible depuis le 2 avril 2023.
Des fournitures aux plus démunis
Les fournitures scolaires nécessaires ont été remises, lundi, par les délégués régionaux de l’enfance, à 6.700 enfants pris en charge dans les 105 complexes pour enfants sans soutien familial et les 22 centres intégrés pour enfants. Le tout avec une enveloppe de l’ordre de 13,5MD, consacrée à couvrir les frais de scolarité et les dépenses liées à la cantine. Ceci étant, pour une rentrée en bonne et due forme.
Et afin de lutter contre toute violation des normes exigées dans le cahier des charges, la partie concernée a validé la fermeture de 112 jardins d’enfants anarchiques, dont 88% ont été appliquées.