L’entreprise économique, existante ou en puissance, restera sans aucun doute le grand perdant de l’hégémonie pathologique de l’Etat sur la Société, et ce, à côté, entre autres, de l’appareil de production des compétences, de celui de la gestion des connaissances, de celui du développement de la créativité et de l’institution de production des ressources humaines et de socialisation de base qu’est la famille. Le grand perdant à la suite de cette lutte, inutile et à armes inégales, ce sont les entreprises économiques qui sont pourtant les seules entités capables de créer des richesses et d’accroître l’investissement directement productif et de veiller à ce qu’il soit plus rentable, ce qui a fait retarder le processus de développement du pays et tué dans l’œuf l’esprit de l’initiative privée. (Voir notre chronique du 27-09-2023).
Hégémonie d’un Etat, à la fois parasite et prédateur, paradoxalement sous l’emprise d’une administration archaïque et de groupes influents qui ont conduit le pays tout droit au mal-développement et à une économie basée sur l’informel, la corruption, la spéculation, la rente et bien d’autres tares. Hégémonie qui a également imprégné la société d’une mentalité bureaucratique, celle des droits acquis et de la planque, celle anti-initiative privée, etc. et a largement contribué à la création de ce que nous avons appelé l’« anti- citoyen».
Exemple, quand une loi, dont la Constitution garantit des libertés ou des droits fondamentaux, y compris celles et ceux à caractère économique, est promulguée, il faut s’attendre automatiquement à ce que des décrets anticonstitutionnels viendront restreindre lesdites libertés et lesdits droits.
Résultat, des politiques publiques souvent conçues par une administration coupée de la réalité, ce qui a donné naissance à la fois au provisoire qui dure et à la fièvre des réformes qui nécessitent elles aussi des réformes, avec tout ce qui s’ensuit comme flou. L’Etat s’est retrouvé gérant de budgets de fonctionnement de plus en plus grands que ceux dédiés au développement. Ainsi, il a embourbé le pays dans des processus perdants à l’avance et dans l’accumulation de problèmes sans solution.
Facteurs de production excessivement chers et de mauvaise qualité, pression fiscale intolérable et très mal répartie, banques archaïques et taux d’intérêts élevés, rareté des liquidités, entre autres à cause des dettes de l’Etat contractées auprès des banques privées, prolifération de pratiques non-concurrentielles y compris celles dont l’auteur est l’Etat lui-même et la liste et longue.
Côté entreprises publiques, c’est la vraie tragédie. Ces structures souffrent, entre autres, des conséquences d’un vraie absurdité. Elles sont en effet tenues de générer des bénéfices alors qu’elles sont astreintes à la bureaucratie. Elles sont donc devenues de véritables fardeaux financiers pour l’Etat, donc pour les contribuables. Celles opérant dans des secteurs stratégiques sont agonisantes et l’Etat semble croiser les bras face à leur éventuel effondrement.
Certaines arrivent même à entraver la bonne marche de l’économie et même de la vie quotidienne des citoyens lorsque leur personnel déclenche des grèves pour des revendications qui n’ont souvent aucune légitimité ou pour des motifs dont l’origine est une solidarité aveugle avec certains de leurs collègues soumis à des mesures disciplinaires logiques et justes.
Ce sont là quelques-unes parmi les multiples conséquences de la mainmise de l’Etat sur la société et sur l’économie du pays. Mais le pire réside, hélas, dans l’implantation et le développement d’une culture nocive et contreproductive, sous-tendue par un système de valeurs qui freine inexorablement toute activité économique effective.
En effet et alors que l’entreprise économique se réclame de valeurs telles que le risque calculé, l’importance du facteur temps, la souplesse, la responsabilité sous toutes ses formes, l’efficacité et l’efficience, la proactivité, les pratiques concurrentielles, bref la bonne gouvernance et les résultats, l’administration, elle, fonde son existence et son action sur des valeurs à l’opposé de celles citées.
Citons, en exemple, la sécurité, les délais tuants, la sacralité et la complexité des procédures, l’impunité et les droits acquis, le système des autorisations qui entrave les activités et qui est l’un des piliers de la corruption endémique qui gangrène le pays.
Bref, deux systèmes de valeurs contradictoires dont les conséquences sont néfastes pour l’entreprise économique et l’initiative privée, surtout à cause de la mainmise de l’administration sur la vie économique, et par là même pour le pays tout entier.
(*) III et fin