« La visite que va effectuer une équipe du Fonds Monétaire International en Tunisie, du 5 au 17 décembre 2023, est un signal positif pour renouer le contact entre les deux parties » , a indiqué, samedi, le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) , Marouane Abassi, dans une interview accordée à l’Agence TAP, en marge des travaux des Assemblées Annuelles du FMI et de la Banque Mondiale (du 9 au 15 octobre 2023, à Marrakech- Maroc).
Cette visite s’inscrit dans le cadre d’une mission de revue, conformément aux dispositions de l’article IV des Statuts du FMI. L’ensemble des pays membres y sont soumis, y compris les grandes économies, à l’instar des États-Unis, a précisé Abassi.
Et de relever que la Tunisie ne fait pas exception, d’autant plus qu’elle n’a pas accueilli une mission pareille depuis deux ans. Le gouverneur représentant la Tunisie au FMI a fait savoir, aussi, que des réformes qui ont été discutées avec le Fonds, ont été concrétisées dans la Loi de Finances 2023, dont l’augmentation du taux de TVA pour les professions libérales, réforme qui a permis d’améliorer les recettes fiscales.
Abassi a rappelé que la Tunisie traversait en octobre 2022, date de la conclusion d’un accord au niveau des experts entre le FMI, au titre du Mécanisme élargi de crédit, portant sur un montant d’environ 1,9 milliard de dollars, une crise provoquée par la guerre russo-ukrainienne ayant entraîné un renchérissement des denrées alimentaires et des hydrocarbures à l’échelle internationale.
Il a souligné que le déficit de la balance des paiements s’est réduit à 2,1% actuellement contre 8,6% fin 2022. Ce déficit devrait être de 4%, à la fin de l’année 2023, faisant remarquer « qu’il s’agit d’un niveau de déficit que le pays n’a pas atteint depuis des années. Si le déficit énergétique n’est pas comptabilisé, la balance des paiements serait excédentaire ».
Et d’enchaîner « si des efforts supplémentaires sont consentis pour favoriser la transition énergétique et rétablir le rythme de production et d’exportation du phosphate, ce déficit pourrait être surmonté ».
Toujours selon lui, la Tunisie est parvenue à réduire le déficit de la balance des paiements grâce à l’amélioration des exportations des secteurs du textile et habillement, des industries mécaniques et électriques et de l’huile d’olive, du rendement des secteurs des services notamment le tourisme et des transferts des Tunisiens résidents à l’étranger.
Le gouverneur a fait savoir que la Tunisie a honoré les factures de ses achats et remboursé ses dettes, affirmant qu’elle est aussi capable de rembourser l’échéance de 500 millions d’euros prévue pour fin octobre 2023.
« La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, avait déclaré lors des travaux des assemblées annuelles de la BM et du FMI, que la Tunisie n’est pas dans une situation qui l’oblige à renégocier sa dette » a t-il rapporté.
Abassi a estimé que la Tunisie a été capable de contenir l’inflation dont le taux bien qu’il soit élevé, a reculé de 11,3% à 9,3% actuellement.
« La performance de la Tunisie dans ce domaine reste meilleure comparée à certains pays dont des pays européens a l’origine d’une inflation importée pour nous ».
Et d’ajouter que le taux d’inflation devrait encore reculer vers la fin de 2023, et ce, malgré l’accroissement de la consommation résultant de l’évolution des entrées touristiques et la baisse du rendement agricole en raison de la sécheresse.
S’agissant des avoirs nets en devises qui s’élèvent actuellement à 120 jours d’importation, le gouverneur de la BCT a indiqué qu’il s’agit là d’un « bon indicateur ». « L’ensemble de ces indicateurs sont positifs et viennent démontrer la résilience de la Tunisie face à une conjoncture économique difficile ».
Il a, à ce propos, mis l’accent sur l’impératif de booster l’investissement, d’accroître les exportations et d’encourager la consommation locale. « Avec ou sans FMI, nous sommes appelés à engager des réformes afin d’assurer une relance de l’économie nationale qui doit être durable, inclusive et qui tient compte du changement climatique ». Ces réformes doivent être « acceptées socialement ».