Pour clôturer l’année en beauté et ouvrir de belles perspectives sur la nouvelle, l’espace d’art Hédi Turki du peintre Sylvain Montéléone a accueilli l’exposition de peintures et dessins intitulée “Bonjour Monsieur Hédi”, ainsi que son livre autobiographique “Au bord de mes lips”.
“Mon espoir est que votre trait ne s’arrêtera jamais de vibrer sur ce chemin qui a fait naître l’envie d’être sur la voie de mon maître … et que mon livret de chevet soit le reflet de toute une éternité”, c’est avec ces vers que cet Italien de Tunis salue son ami et maître, lui rend hommage, celui d’une rencontre autour du dessin, du trait et du croquis. Une histoire qui ne se raconte qu’en vers et en peinture.
Dans une exposition qui vogue entre surréalisme et abstraction qui reflète le cheminement particulier de Sylvain Montéléone, nous sommes en présence d’œuvres qui nous invitent dans une proximité bouleversante, dans l’intimité d’un mouvement, dans les courbes d’un tracé, dans la chaleur d’une couleur. Elle nous laisse aussi sous la domination d’une œuvre qui nous écrase, qui nous happe dans ses entrailles et puis nous abandonne sur les rives d’un monde imagé, dans les méandres des abysses. Les techniques que le peintre met en place nous font visiter son univers, un univers qui trouve son harmonie dans l’assemblage, dans la densité et dans la dextérité.
“Nous sommes souvent confrontés à ce fameux stade du miroir où Lacan et Dolto nous ont tenus en haleine, mais ce miroir n’est qu’une libération des “romantiques où le verbe “comprendre” nous apprend que les rêveurs, les peintres, les poètes et autres personnes qui se nourrissent de sensibilité peuvent apporter de l’aide dans ce monde, pourvue d’une “technicité” qui va crescendo. Vladimir Kirillov disait“: Donnez-moi une feuille, une simple feuille” convenons à juste titre que c’est une simple feuille pour nous rendre heureux”, Par ces mots, Sylvain nous entraîne dans son monde fait de poésie et d’humanisme.
D’ailleurs, il fait partie de ceux qui pensent que l’art peut venir au secours de certains maux. Dans «Le temps du mépris”, Malraux faisait dire à l’un de ses personnages “aucune parole humaine n’est aussi profonde que la cruauté”. Pour lui, l’Art doit mettre en exergue trois mots : contemplation, suggestion et fabulation; et si nous arrivons à mettre sur toile ou sur un autre support cette trilogie, l’œuvre aura atteint son but et si ce but est atteint, les maux peu à peu s’éteindront.
Avec cette même verve, Sylvain aborde son rapport avec Hédi Turki, un rapport si particulier qui a fait naître cet hommage qu’il lui dédie dans cette exposition. Shakespeare disait une très belle phrase: «ne pleure plus ceux que tu as perdus, mais réjouis-toi de les avoir connus», et Hédi Turki l’homme mage, mérite la dédicace”, dit-il avec émotion..
Il est vrai que le titre « Bonjour monsieur Hédi Turki peut rappeler quelque peu “bonjour monsieur Courbet, peint par Gustave Courbet vers 1854, en la période dite réalisme, mais l’oeuvre avait aussi une autre appellation “la rencontre” avec Si Hédi, ce n’était pas simplement une rencontre mais un moment de son vécu où le dessin sous toutes ses formes a soudé leur amitié.
Quant au livre “Au bord de mes lips”, il cache, à lui seul, une grande part de ses secrets “Mon livret est une autobiographie ou biographie pour être à la page où ma bouche garde le silence pour écouter parler mon cœur, comme le pensait Alfred de Musset dans sa “Nuit de mai”, écrit en 1835, et en me mettant à l’abri de mes feuilles, ma bouche n’a pas toujours parlé le silence et le cœur avait aussi ses mots à dire, ses mots écrits en vers blancs, en vers libres ou en vers… luisants qui sont venus éclairer mes nuits où j’étais en verve”…