Accueil A la une Nette amélioration de la balance commerciale alimentaire : Quelles sont les perspectives de l’économie tunisienne pour 2024 ?

Nette amélioration de la balance commerciale alimentaire : Quelles sont les perspectives de l’économie tunisienne pour 2024 ?

 

Des chiffres prometteurs relatifs à l’évolution du déficit de la balance commerciale alimentaire sont annoncés. Des indicateurs boostés par la nette hausse des exportations d’huile d’olive et la baisse de certaines importations.

En effet, selon un récent rapport publié par l’Observatoire national de l’agriculture (Onagri), fin décembre 2023, ce déficit s’est établi à -211,4 millions de dinars (MD), marquant une nette amélioration par comparaison aux 1.991,7 MD enregistrés à la même période en 2022. Une réduction significative de près de 90% qui s’ajoute à une amélioration du taux de couverture, passant de 75,2% à 97,2%, soit une augmentation de 22 points.

Toujours selon ces données, les exportations alimentaires tunisiennes ont connu une hausse remarquable de 21,3%, tandis que les importations ont enregistré une baisse de 6,2%. C’est principalement la hausse des exportations d’huile d’olive (+52,4%) et la diminution des importations de céréales (-11,2%) et d’huiles végétales (-40%) qui expliquent ces résultats encourageants. On note tout de même l’augmentation des importations de sucre (+49,6%) et de lait et dérivés (+50,7%).

Peut-on parler d’une relance économique ?

La balance commerciale alimentaire, cet instrument économique, mesure la différence entre la valeur des exportations et des importations de produits alimentaires sur une période donnée.

Elle représente essentiellement la balance commerciale spécifique aux produits alimentaires. Si un pays exporte plus de produits alimentaires qu’il n’en importe, il aura un excédent commercial alimentaire. À l’inverse, s’il importe plus de produits alimentaires qu’il n’en exporte, il aura un déficit commercial alimentaire. Cette balance commerciale alimentaire sert principalement à évaluer la capacité d’un pays à produire suffisamment de nourriture pour sa population et à participer au commerce international des produits alimentaires.

La balance commerciale a également des conséquences sur le déficit commercial, un indicateur important pour évaluer la performance d’une économie, d’une industrie, d’une monnaie et définir les actions correctrices. En Tunisie, le déficit de la balance commerciale a baissé en 2023 de 8,52% par rapport à 2022. Il a atteint -9.665,7 millions de dinars fin 2023, contre -10.566,2 millions de dinars fin 2022.

De quelles manières devrions-nous interpréter ces indicateurs, annoncent-ils un début d’une rémission de l’économie tunisienne ?

Aram Belhaj, universitaire et expert en économie, explique que ces indicateurs restent conjoncturels et qu’ils sont liés à certains contextes internationaux, mais surtout à la baisse importante de certaines importations alimentaires. Selon lui, ils restent de bons résultats pour l’économie nationale dans la mesure où ils permettent d’alléger la pression sur les réserves en devises. Cependant, il pense qu’on ne peut annoncer, à ce niveau, une réelle relance de l’économie nationale. En cause, plusieurs défis restent  à relever.

Des mesures révolutionnaires pour un contexte difficile

«Dans le cadre de la loi de finances pour l’exercice 2024, nous nous attendions à des mesures révolutionnaires pour sortir de ce contexte économique difficile et pour commencer à évoquer une  véritable relance économique. Malgré des mesures positives, il n’y a pas lieu de parler de plan de relance dans lequel l’Etat s’attaque par exemple au secteur parallèle, soutient les PME», a-t-il décrypté à La Presse.

Evoquant également la dette publique, il a noté que l’Etat est condamné à s’endetter auprès de l’étranger et «ce n’est pas un crime», or, explique-t-il, l’important est d’orienter ces dettes vers des projets d’investissements, de production, et non pas pour couvrir la masse salariale et le règlement du service de la dette. 

Interrogé au sujet de la récente participation du Chef du gouvernement au Forum de Davos, Aram fait remarquer qu’elle représente une opportunité pour mobiliser des fonds d’investissement au profit de la Tunisie et que des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) s’imposent pour clarifier la situation et trouver un nouveau terrain d’entente. «J’aurais aimé que le gouverneur de la Banque centrale soit  membre de la délégation de la Tunisie, car sa participation est essentielle pour faire avancer le dossier des négociations avec le FMI», a-t-il conclu.

Des indicateurs positifs, mais…

La Tunisie a connu de bons indicateurs économiques pendant 2023, notamment pour ce qui concerne la maîtrise du taux d’inflation, malgré l’impact de la vague de sécheresse et les défis liés au contexte géopolitique international et les pressions budgétaires. 

De même, le pays a pu, dans ce contexte, honorer tous ses engagements extérieurs et ceux liés à l’importation des produits de base, outre assurer l’équilibre des soldes des finances publiques.

Lors d’une récente conférence, la ministre des Finances, Sihem Boughdiri, a expliqué que l’année en cours sera celle de la relance de l’économie tunisienne, appelant à multiplier les efforts pour lutter contre l’économie informelle.

Selon un nouveau rapport de la Banque mondiale sur les «Perspectives économiques mondiales», le taux de croissance du PIB en Tunisie devrait se situer à 1,2% pour toute l’année 2023, soit une révision à la baisse par rapport à 1,1% pour les prévisions de juin 2023. 

Les prévisions de la BM tablent également sur une croissance de 3% en 2024 et 2025, indique ce rapport. Pour sa part, le département des affaires économiques et sociales des Nations unies prévoit un taux de croissance économique en Tunisie qui devrait passer de 1,5% en 2023, à 1,8% en 2024.

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