L’utilisation des drones dans la lutte contre les incendies peut représenter une avancée significative pour la Tunisie. En offrant des capacités de détection, de surveillance et de gestion améliorées, ces appareils augmentent l’efficacité des interventions et protègent les ressources naturelles et les champs des agriculteurs et les moissons, en l’absence d’avions bombardiers d’eau.
Alors que la saison estivale vient de démarrer, tous les yeux se tournent vers la sécurisation des grandes cultures et des récoltes. Et pour cause, comme chaque été, la Tunisie fait face à de nombreux incendies qui ravagent les champs de céréales, mais aussi les forêts. En cause, des températures extrêmes mais aussi en raison de certains actes criminels.
La saison estivale est une période cruciale pour l’agriculture, mais elle est également marquée par une hausse significative des températures et des incendies. Avec leurs conséquences dévastatrices sur les récoltes, l’environnement et l’économie locale et nationale.
L’été est marqué en Tunisie par des températures de plus en plus élevées qui assèchent la végétation, rendant les forêts et les champs de blé particulièrement vulnérables aux incendies. Les vagues de chaleur augmentent également le risque de voir se déclarer des feux spontanés.
En plus des causes naturelles, certains incendies sont déclenchés volontairement. Ces actes criminels peuvent avoir diverses motivations, qu’il s’agisse de conflits fonciers, de vengeance ou d’autres motifs malveillants, comme le confirment les autorités judiciaires et les rapports sécuritaires.
Déploiement de drones à Béja
Une question turlupine tout un chacun ; la Tunisie s’est-elle suffisamment préparée pour lutter contre ces phénomènes et catastrophes ? Alors que les mêmes causes produisent les mêmes effets, les autorités locales, notamment dans le nord-ouest, ont-elles mis en place des stratégies et des dispositifs exceptionnels surtout que le pays s’attend à des températures très élevées pour la prochaine période ? Les gardes forestiers disposent-ils des équipements nécessaires pour lancer les premières interventions ? Tant de questions se posent autour de la grande lutte contre les incendies en Tunisie.
Béja est l’un des gouvernorats les plus concernés par ces risques. A peine la saison estivale a-t-elle commencé que la région a déjà enregistré de nombreux incendies qui ont ravagé des champs de céréales. C’est ce que nous indique le directeur régional de la Protection civile de Béja, le colonel-major Moez Ben Khalifa, révélant que 61 hectares de cultures céréalières ont été ravagés par des incendies depuis le 1er mai.
S’agissant des moyens de lutte et de prévention contre ces catastrophes, le colonel-major Moez Ben Khalifa explique que des mesures exceptionnelles sont prises avec la saison des récoltes telles que le déploiement de tracteurs équipés de charrues, de réservoirs d’eau et d’extincteurs. Toutefois, des gestes barrières doivent également être adoptés par les agriculteurs « qui sont les premiers remparts contre les incendies». Notre interlocuteur ajoute qu’«il est essentiel de labourer le périmètre des parcelles avant le début de la récolte et de séparer les grandes parcelles des petites par des zones coupe-feu pour limiter les dégâts en cas d’incendie. La région a été équipée du matériel nécessaire pour réduire le temps d’intervention », a-t-il détaillé.
«En outre, un drone a été mis à la disposition de l’unité spécialisée pour cartographier les zones à risque, telles que les forêts et les champs, et une étude a été soumise au comité régional de gestion des catastrophes pour prendre les mesures nécessaires», a-t-il ajouté.
Pour sa part, Mohamed Aymen Jaouadi, responsable à la Protection civile à Jendouba explique à La Presse que des mesures préventives ont été prises pour réduire les dégâts des incendies, parfois inévitables. Selon ses propos, le «plan vert» de lutte contre les incendies a été activé depuis le mois de mai, ainsi que la mise en place de trois «postes avancés» dans trois délégations différentes pour déclencher les protocoles d’intervention immédiate et limiter un tant soit peu les dégâts.
Pour une alerte précoce et efficace
Alors que plusieurs mesures ont été prises, dans certaines localités les risques d’incendies sont inévitables, face à cette donne dont il faudra tenir compte : la Tunisie ne dispose pas d’avions bombardiers d’eau. Dans ce contexte, de nombreux pays se sont lancés dans des expériences innovantes pour lutter contre le feu. La mise en place de systèmes de surveillance pour détecter rapidement les départs de feu est essentielle. Des tours de guet sont indispensables. De même, les drones et les satellites peuvent être utilisés pour une détection précoce des incendies.
En effet, ce sont notamment les drones qui peuvent aider grandement les autorités locales à faire face aux sinistres. Equipés de capteurs thermiques et de caméras, haute résolution, ils peuvent survoler les zones à risque et détecter les départs de feu dès les premiers signes. Grâce à leurs capteurs, ces appareils peuvent identifier les anomalies de chaleur, même avant que les flammes ne soient visibles à l’œil nu. Cette capacité de détection précoce est cruciale pour intervenir rapidement et empêcher la propagation des incendies.
En effectuant des patrouilles régulières, les drones offrent une surveillance continue, notamment de nuit ou en cas de faible visibilité. Ils transmettent des images en temps réel aux centres de contrôle, permettant une évaluation instantanée de la situation et la mise en œuvre de mesures d’urgence.
Selon les experts, les images en direct fournies par les drones aident les équipes de coordination à suivre l’évolution des incendies en temps réel. Cette surveillance aérienne continue permet d’identifier les zones les plus à risque et de déployer les secours de manière optimale.
Pour prévenir les dégâts humains et matériels considérables, les autorités sont appelées à généraliser l’usage de ces dispositifs à toutes les régions.