Le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Mohamed Moez Belhassine, s’est rendu vendredi dernier à la station touristique de Yasmine Hammamet, faisant le suivi d’une inspection inopinée d’un certain nombre d’unités touristiques effectuée, par plusieurs inspecteurs du tourisme.
Cette récente visite de travail s’est déroulée en présence du président de la commission du tourisme, de la culture, des services et des industries traditionnelles de l’ARP, Yassine Mami, le directeur central du produit et de l’investissement à l’Office national tunisien du tourisme et la déléguée régionale au tourisme, à Yasmine Hammamet.
Droit aux mêmes avantages
Le ministre a été informé de l’avancement de l’activité de ces unités touristiques et a inspecté la qualité des services rendus à la clientèle, notamment au niveau de l’accueil des Tunisiens que l’on doit essayer de mieux servir et qui sont en droit de bénéficier de meilleurs avantages. « Ce qui me désole, c’est que nous sommes dans l’obligation de prendre avec nous des devises dont le pays a tant besoin. Mon épouse et moi n’allons pas à l’étranger pour acheter des fanfreluches. Ils en envoient assez chez nous, mais pour des vacances. Nous aurions pu les passer en Tunisie, mais les prix sont insupportables». C’est dit. Il n’est donc pas question «d’essayer», mais bien d’appliquer ces recommandations et de faire bénéficier les tunisiens des mêmes avantages que l’on offre aux étrangers.
Combien de fois a-t-on soulevé cette question ? Combien de fois a-t-on promis de la régler dans les meilleures conditions ? Il est normal qu’un pays, qui a décidé de compter sur ses propres moyens, engrange le plus de devises possibles, mais il est anormal de brader notre produit et favoriser effrontément la clientèle étrangère, en lui accordant des prix dérisoires. Le haut de gamme on en parle, mais nous n’avons vu nulle part ce qui a été fait dans ce domaine. Nos hôtes, certes, amènent des devises et nous, nous en prenons une partie avec nous. Cela ne semble pas émouvoir ceux qui veillent sur le secteur.
Peut mieux faire
En effet, nous avons beau déclarer que les arts artisanaux sont en pleine expansion. Cela est insignifiant par rapport à ce qu’on fait ailleurs. Les efforts sont insuffisants et ils se limitent à des ateliers qui s’adonnent au haut de gamme. L’expansion signifie une action qui entraîne dans son sillage toutes les parties prenantes et lorsqu’ un touriste met le pied dans une ville réputée pour ses produits, son tissage, ses réalisations à partir d’une matière première donnée, il n’en sort qu’avec des souvenirs, des habits adaptés et inspirés du traditionnel, des ustensiles de ménage qui ressemblent à ceux qu’ils a vus dans la démonstration, la mise en scène que l’on passe de longs moments à attendre.Les préparations des « tajines», le rôti d’agneau par exemple, sont des moments solennels pour lesquels on se rend spécialement pour y assister et dire «qu’on y était».Lorsqu’on a mis fin au ridicule des «représentants» qui accueillent les touristes de passage à La Goulette, il fallait agir, engager des frais, encourager les artistes, les metteurs en scène pour qu’ils imaginent, innovent avec l’intention de présenter un avant-goût de la musique, de la danse, des habits traditionnels dans ce pays de passage, pour éveiller la curiosité et inciter à la visite organisée.
A propos de l’adaptation de nos us et coutumes, il y a certes des efforts, mais c’est à l’adresse d’une clientèle limitée. Le label, cela fait des années qu’on en parle. Depuis que l’on a imité et «industrialisé» les cages de Sidi Bousaid. Cela fait bien longtemps au point de devenir un serpent de mer. Voilà qu’on veut y revenir. Quand cette opération sera-t-elle une réalité qui protège le génie des générations montantes et à venir?
La qualité l’emporte !
De toutes les façons, il n’y a pas que cela, c’est le sceau de la qualité qui prime. Et c’est là où c’est plus urgent d’agir, car la concurrence est rude. Nos concurrents potentiels ont plus de moyens, sont vifs à la détente et concrétisent ce qu’ils projettent de faire. Au niveau de l’hébergement, les Tunisiens se rabattent plus vers les maisons d’hôtes. C’est moins coûteux que les hôtels, surtout s’ils comptent y aller en famille. Cela ne semble pas émouvoir le secteur hôtelier, qui ne bouge et ne s’émeut que dans le cas où il n’y a pas d’étrangers à l’horizon.
D’ailleurs, l’animation de la ville où se trouvent ces hôtels, le nettoyage de la plage, la décoration, l’animation, l’encouragement des petits métiers de bouche ou autres sont des domaines qui devraient bénéficier de l’aide directe ou indirecte de ces unités qui ont des moyens et sont en devoir de collaborer avec les autorités ou des professionnels privés pour améliorer la qualité des services. C’est dans leur intérêt. Pourtant, le client tunisien dépense plus, s’amuse plus et devient fidèle. C’est une sorte d’investissement qui n’est jamais prise en compte.
Pour résumer, ces remarques faites dans la foulée d’une visite sont toujours utiles. Mais elles sont totalement insuffisantes. Il faut plus et c’est aux responsables du secteur d’y consacrer l’attention souhaitée.
En sport, par exemple, une équipe a le droit d’engager un nombre déterminé de joueurs étrangers, mais ne peut lancer sur le terrain qu’un minimum pour protéger le joueur tunisien. C’est un droit, une précaution pour ne pas priver «l’autochtone» de ses droits du sol, de ce qu’en fait il a contribué à édifier. Les hôteliers comprendront-ils le message ou sera-t-on dans l’obligation de légiférer encore ?!