Depuis sa création en 2014, le Forum DSI s’est imposé comme une plateforme essentielle pour les décideurs informatiques en Afrique. Chaque édition a abordé des thèmes variés, de la cybersécurité à l’intelligence artificielle, reflétant les évolutions rapides du secteur.
Le 10e Forum DSI, organisé récemment à Hammamet, a visiblement tenu toutes ses promesses et atteint la maturité voulue et imaginée par ses initiateurs. Que ce soit en séances plénières, dans le hall d’exposition ou dans les coulisses, tout était matière à échange, à débats et même à des deals entre DSI. Sur le pupitre de la grande salle, se sont succédé de grands orateurs qui ont permis aux participants d’y voir plus clair. Depuis sa création en 2014, le Forum DSI s’est imposé comme une plateforme essentielle pour les décideurs informatiques en Afrique. Chaque édition a abordé des thèmes variés, de la cybersécurité à l’intelligence artificielle, reflétant les évolutions rapides du secteur. La dixième édition, intitulée « 10 Years of Transformation : What Next? », a offert une réflexion sur les progrès réalisés et les perspectives.
Le Niger et la Tunisie, une coopération en perspective ?
Le Niger, pays d’honneur de cette édition, a dépêché une délégation de 20 représentants des DSI nigériens. Taoufik Tissaoui, secrétaire général du club DSI, a salué cette coopération et souligné l’importance du soutien de la Tunisie au Niger pour le développement numérique. « Les homologues nigériens ont invité les entreprises tunisiennes à participer activement à leur transformation numérique, une initiative qui témoigne de l’esprit de coopération africaine», a-t-il affirmé. L’un des temps forts de l’événement fut la présentation du baromètre de la transformation digitale en Tunisie et dans les pays africains. Selon Tissaoui, bien qu’il y ait une amélioration notable, elle reste insuffisante pour atteindre les objectifs escomptés. « Les entreprises avancent, mais pas à la vitesse souhaitée. Le processus de transformation numérique est encore trop lent », a-t-il déclaré à La Presse, en appelant à une mobilisation plus rapide et plus ambitieuse. La question de la cybersécurité a également été abordée avec des constats préoccupants. Pour le journal La Presse, l’expert invité, Clément Domingo, (un gentil Hacker) a attribué une note de 4 sur 10 à la cybersécurité en Afrique, un score qui reflète les défis importants auxquels le continent est confronté dans ce domaine. « La sécurité des données est un pilier de souveraineté. Nous devons intensifier les efforts pour protéger nos entreprises des menaces croissantes », a insisté Tissaoui.
L’IA et ses capacités sans limites
Mais même s’il s’agissait dans cette édition de faire le bilan de 10 années, comme l’année dernière, le sujet principal, qui s’est imposé par lui-même, était l’Intelligence Artificielle, ses capacités illimitées et son lot de risques inhérents. L’un des points d’orgue de cette conférence était l’intervention très attendue de Idriss Aberkane, qui a été décevante, par moments, mais comportait tout de même quelques éléments pour mieux comprendre les enjeux de cette IA.
Idriss Aberkane, expert en neurosciences et en géopolitique, conférencier et consultant international, a frappé fort en introduisant le concept d’« IA exécutive », une intelligence artificielle qui donnerait des ordres et, à terme, pourrait se passer de l’humain pour décider et exécuter des actions stratégiques. L’orateur, controversé, a estimé que l’IA n’en est qu’à ses débuts, mais elle sera inévitablement un outil de pouvoir, voire une arme. Pour lui, contrairement à l’humain, l’IA ne connaît ni paradigmes figés ni biais cognitifs. En gros, techniquement, tout est possible, à condition d’avoir les capacités de calcul nécessaires.
Mais ce potentiel est limité par la puissance technologique actuelle et la question n’est plus ce que l’IA peut faire, mais ce qu’elle peut faire seule, selon Aberkane. Aberkane parle ainsi beaucoup — parfois en faisant des digressions — du pathfinding, ou recherche de chemin, qui illustre cette capacité de calcul autonome de l’IA : qu’il s’agisse de choisir des routes logistiques, de diriger des robots ou de faciliter des réseaux complexes, l’IA devient progressivement capable de tracer ses propres décisions. De son côté, Nour Bouakline, CEO de « Point Digital », qui a présenté le baromètre annuel de perception de la maturité numérique, a rappelé, pour La Presse, que la transformation digitale en Afrique ne doit pas être seulement une avancée technologique, mais aussi une chance pour un développement inclusif. Elle souligne que la question de l’utilité de cette transformation est désormais dépassée et qu’il s’agit maintenant de la vitesse et de la manière dont elle est mise en œuvre pour en faire une réelle opportunité pour le continent.
Selon elle, l’IA, catalyseur de cette transformation, ne doit pas écarter l’humain, mais être intégrée de façon à respecter et même renforcer sa place. Elle insiste sur la vision d’un « digital à l’Africaine », où l’IA soutiendrait l’humain dans ses spécificités. Dans cette perspective, Bouakline propose une IA accompagnée par l’humain, et certainement pas l’inverse. Elle met l’accent sur les qualités intrinsèquement humaines, comme l’empathie et la réflexion.