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La Presse — Les préférences et comportements d’achat diffèrent selon les marchés. En Asie, l’histoire du produit et ses bienfaits pour la santé sont des arguments clés. En Amérique du Nord, la demande pour des huiles premium certifiées bio est en forte croissance. En Afrique, le prix et la disponibilité restent les principaux critères de choix.
Une journée de rencontres professionnelles B to B sera organisée au profit de la filière de l’huile d’olive par le Centre de promotion des exportations (Cepex), le 24 février 2025 à la Maison de l’exportateur. Des acheteurs marocains et russes seront présents pour découvrir l’offre tunisienne et établir des partenariats avec les producteurs locaux. Un rendez-vous crucial pour les exportateurs, qui doivent impérativement s’inscrire avant le 20 février 2025.
Ces initiatives ponctuelles, bien que louables, suffisent-elles à transformer la donne ? Pas vraiment. Car malgré une production d’exception et un savoir-faire ancestral, l’huile d’olive tunisienne reste dans l’ombre des mastodontes espagnols et italiens. Trop souvent vendue en vrac, sans marque ni identité forte, elle se retrouve noyée dans des assemblages étrangers, empêchant la Tunisie de capitaliser sur son excellence, et ce, malgré les innombrables distinctions remportées lors de concours internationaux.
Sortir du vrac et créer une identité forte
Il ne suffit pas d’avoir un produit de qualité, encore faut-il le faire connaître. Si l’huile made in Tunisia veut percer, elle doit imposer ses propres marques, créer des gammes premium et mettre en avant ses atouts ; huile d’olive biologique, variétés locales, méthodes traditionnelles et qualité nutritionnelle. Les labels comme l’Indication Géographique Protégée (IGP) ou l’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) sont autant de passeports pour les marchés exigeants. Ainsi, chaque bouteille peut raconter une histoire, celle de notre terroir et d’un savoir-faire transmis de génération en génération. Or, la communication reste timide, voire inexistante sur certains marchés clés. C’est pourquoi il faudra occuper le terrain, en investissant les salons internationaux, en multipliant les séances de dégustation et surtout, entrer dans le marketing digital.
Les réseaux sociaux, les collaborations avec des chefs de renom et les influenceurs gastronomiques internationaux peuvent transformer l’image d’un produit. Et pourquoi la Tunisie ne désignerait-elle pas un véritable ambassadeur de son huile d’olive, à l’image de la France pour le champagne ou de l’Italie pour le parmesan, afin de porter haut et fort son excellence sur la scène internationale ? Il ne s’agit donc pas de copier les autres, mais de trouver la voix spécifiquement tunisienne, celle qui fera vibrer le consommateur à Tokyo, New York ou Dubaï.
S’adapter aux attentes des consommateurs
Il est un fait que les préférences et comportements d’achat diffèrent selon les marchés. En Asie, l’histoire du produit et ses bienfaits pour la santé sont des arguments clés. En Amérique du Nord, la demande pour des huiles premium certifiées bio est en forte croissance. En Afrique, le prix et la disponibilité restent les principaux critères de choix.
De plus, le commerce en ligne demeure un levier sous-exploité. Amazon, Alibaba et les autres plateformes spécialisées, pourquoi les huiles nationales n’y sont-elles pas mieux représentées ? À l’ère du digital, être absent de ces véritables vitrines transfrontalières, c’est tout simplement manquer une révolution en cours.
Le secteur de l’huile d’olive pâtit d’un manque de coordination à l’échelle nationale. Trop d’acteurs, mais une synergie insuffisante. Il devient donc impératif de structurer la filière en fédérant producteurs et exportateurs autour d’une vision commune. Une dynamique horizontale forte permettrait non seulement de mieux défendre les intérêts de notre or vert, mais aussi d’optimiser les coûts liés au transport, à la certification et au marketing à l’international.
Briser les barrières commerciales et oser de nouveaux marchés
Les restrictions tarifaires, notamment en Europe, restent un frein. La Tunisie devra mener une diplomatie économique offensive pour arracher de meilleurs accords. Mais elle ne doit pas non plus rester prisonnière de ses partenaires traditionnels. L’Asie, l’Amérique latine et l’Afrique offrent de formidables perspectives pour qui sait s’adapter à leurs besoins.
L’État, les ambassades et les chambres de commerce doivent, enfin, jouer un rôle plus actif. Promouvoir notre huile d’olive ne peut plus relever d’initiatives isolées, mais devenir une véritable cause nationale. Il ne s’agit plus seulement de s’adapter aux règles du marché, mais d’y imprimer sa marque afin de pouvoir en façonner l’évolution.
Avec une qualité indéniable, une production abondante et une histoire millénaire, l’huile d’olive nationale a tout pour briller à l’international. Mais pour s’imposer durablement, elle a besoin d’une vision affirmée et d’une stratégie ambitieuse. Le défi est grand, mais loin d’être insurmontable. D’autres ont su transformer leur patrimoine en succès mondial, et la Tunisie a, elle aussi, tous les atouts pour y parvenir.