«En Egypte, qui parle est emprisonné…». Les paroles sont de la chanteuse «super star» au pays du Nil et dans le monde arabe, Shirine Abdelwahab. Lancées, comme à la parade, lors d’un récent concert au Bahreïn, et qui ont eu des suites, aussitôt.
Auprès de la presse et de la profession d’abord. Tollé, là. Plutôt contre.
La presse égyptienne est de plus en plus proche de Abdelfattah Sissi. Souvenir du «règne court» des «Ikhouan», peut-être. Ou alors (beaucoup le disent, d’autres le regrettent ou le crient) ce serait «la rechute même du régime» : «Raiess» et pouvoir fort, plus de révolution, plus de démocratie.
Le syndicat des chanteurs n’y est pas allé de main morte, lui. Deux mois d’interdiction ! Et pour quel motif ? Pour «offense à l’Etat» !?!.Ni musique, ni éthique, le syndicat musicien a sanctionné Shirine pour tout autre chose que l’exercice de son métier. Et pour quoi au juste? Pour avoir critiqué le pouvoir, pour lui avoir reproché des atteintes réelles à la liberté.
Réelles est, hélas, le mot. D’autres artistes, d’autres gens de culture encourent les mêmes ennuis aujourd’hui en Egypte. Des connus comme Shirine. Exemple de Alaa el Aswani (auteur de la célèbre «Imaret yaacoubian») en exil aux Etats-Unis et dont le tout dernier roman «La république, comme si» est frappé d’interdiction absolue. Mais des moins connus, aussi, en grand nombre, un peu comme chez Erdogan, que l’on entoure d’un silence affligeant, inquiétant.
Le cas de Shirine Abdelwahab (quasiment en «fuite» en ce moment, encourant le pire) n’est, en fait, que le révélateur d’un «état des lieux» dont nous aurions aimé, tous, ne jamais faire le constat. L’Egypte est pays leader qui a toujours choyé, élevé haut, plus haut qu’en tout, ses artistes, ses penseurs et ses créateurs, qui nous les a toujours donnés en exemple. Les voir «rabaissés» ainsi, pour si peu, en fait, pour «ne pas faire ombrage au prince», pour de simples «caprices d’ego», déprime. Fait mal, vraiment…