Face aux innombrables conflits de la vie politique et de la dégradation de sa moralité, nombreux sont les jeunes à avoir renoncé à leur droit de vote. 63% des jeunes font partie du corps électoral et 70% des nouveaux inscrits sont des jeunes. Mais combien ont-ils voté hier ? Quels étaient leurs choix ? Sont-ils conscients de l’importance d’un tel événement qui marque le processus électoral tunisien ? Nous sommes allés à la rencontre d’un nombre de jeunes pour leur donner la parole. Les avis étaient mitigés. En tout cas, jusqu’à midi du jour de vote, le taux de participation des jeunes n’était pas encourageant. Entre colère contre toute la classe politique et ambitions de voir le pays réussir cette étape cruciale du processus électoral, ces jeunes se sont exprimés en toute franchise.
Radhouan, 21 ans, étudiant en journalisme : « Je n’ai pas exercé mon droit de vote, pour moi c’est insensé, aller voter ou pas, ça ne va rien changer, ce sont les mêmes partis qui vont nous gouverner.
Et je parle au nom de toute ma génération, la vie politique c’est une cause perdue d’avance pour nous, car elle n’est pas synonyme de changement et de développement comme dans les pays occidentaux. Au contraire, en Tunisie, c’est le système qui gouverne, et tous les candidats sont à son service ».
Issam, 37 ans, ingénieur en informatique basé en Allemagne : « J’ai voté pour Abir Moussi, j’ai suivi sa campagne électorale et son discours m’a semblé le plus crédible et le plus direct. Et je pense que plusieurs personnes de mon entourage l’ont fait, c’était en fait mon choix même avant le début de la campagne ».
Fatma, 32 ans, architecte : « Oui j’ai exercé mon droit de vote dès les premières heures de l’ouverture du bureau de vote de mon quartier à La Marsa, car c’est un devoir. Je ne peux pas vous dire plus sur mon choix, je considère que c’est confidentiel, mais ce que je pourrais dire, c’est que je n’ai pas voté pour une personne âgée, j’ai donné ma voix à un jeune ».
Jihene, 23 ans, assistante de direction d’une société: « J’ai voté pour Youssef Chahed, il est vrai que son bilan n’était pas exemplaire en tant que chef du gouvernement, mais il est le plus jeune et je pense qu’il représente la classe des jeunes, même son discours lors de la campagne était adressé à cette catégorie d’âge, en plus son charisme lui permet d’être président de la République. »
Mohamed, 27 ans, ouvrier journalier : « Ne me parlez pas de politique, ni de vote, ça ne m’intéresse vraiment pas. Je n’ai jamais voté et je ne compte pas le faire.
Ce sont toujours les mêmes figures qui s’approprient le pouvoir en Tunisie. Nous les jeunes, nous n’avons rien à faire dans ces cercles de pouvoir, que de fausses promesses et que des mensonges ».
Sabrine, 33 ans, réalisatrice de documentaires : « J’ai choisi Dr Zbidi. Il n’est pas un bon orateur mais ce n’est pas l’art oratoire qui sauvera le pays ! En tant que femme militante pour les droits humains et laïques qui ne veut pas voir cette République et ses valeurs s’effondrer ou encore sombrer dans l’obscurité de l’islam politique, j’ai voté Zbidi qui était clair sur les questions d’égalité dans d’héritage, la peine capitale, les droits des non-jeûneurs, la dépénalisation de l’homosexualité, le droit de tous les Tunisiens et Tunisiennes à la présidentielle, etc. »
Asma, 24 ans, étudiante en médecine : « J’ai donné ma voix et ma confiance à Kais Saied. Pourquoi ? Il est intègre, digne de confiance et une personne respectueuse.
Il n’a jamais manqué de respect à qui que ce soit et il n’a jamais sali ses mains par la corruption. Son discours est clair et son programme est crédible et surtout faisable, d’ailleurs je pense que beaucoup de jeunes ont voté pour lui ».
Mahmoud, 18 ans, élève : « C’est la première fois de ma vie que j’ai exercé ce droit. C’est un sentiment exceptionnel, pouvoir voter et contribuer au succès de cet évènement majeur.
Même si je ne suis pas de près la vie politique et encore moins la campagne électorale, j’ai fait mon choix en suivant les débats télévisés qui ont été organisés ».
Wissal, 27 ans, journaliste : « J’ai voté blanc, personne ne représente mes ambitions, celles de voir la Tunisie meilleure. J’ai suivi de près la campagne électorale vu mon travail, mais j’ai remarqué que tous les programmes et les discours se ressemblent.
Et malheureusement aucun profil ne m’a convaincu. Je dirai même que toute la classe politique est décrédibilisée à mes yeux et aux yeux des jeunes. Les candidats manquent d’innovation, de visions et surtout de réalisme et de pragmatisme. On ne se présente pas à la présidentielle pour sauver le pays, c’est une illusion, tout se joue au Bardo et à La Kasbah au vu de l’actuel régime politique ».
Seif, 24 ans, étudiant en informatique : « Je considère que la Tunisie a réussi l’organisation de ce premier tour de la présidentielle anticipée. J’ai voté pour le cheikh Abdelfatah Mourou, car je le considère le candidat le plus équilibré dans son programme et ses idées. Mon milieu familial a également voté pour lui, c’est un homme d’Etat, il pourrait assumer les grandes responsabilités de président de la République ».
