L’organisation de trois élections en moins d’un mois ne pourra que renforcer les traditions démocratiques en Tunisie, au point que ces scrutins électoraux se transforment en de véritables habitudes chez les Tunisiens. En tout cas, c’est le souhait exprimé par tout le monde au bureau de vote installé dans l’école primaire Tanit à Carthage Byrsa, où les électeurs ont afflué dès l’ouverture de ses portes pour choisir leur président tout au long des cinq prochaines années. Mais les premières heures du vote dans ce bureau relevant de la circonscription électorale de Tunis 2 étaient marquées par l’absence des observateurs, contrôleurs, des journalistes et des représentants des deux candidats
Ce qui a marqué l’opération électoral dans le bureau de vote Carthage Byrsa, outre l’affluence des jeunes assez remarquable, c’est la quasi absence des observateurs, des contrôleurs et des représentants des deux candidats. En effet, jusqu’à 12h du matin, ces acteurs indispensables pour le contrôle et le bon déroulement du vote étaient les grands absents, constat que nous avons pu vérifier auprès des agents de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) qui ont fait part de leur étonnement de ce fait.
Car d’habitude et durant le premier tour de l’élection présidentielle et les dernières législatives, les opérations de vote dans les six bureaux de ce centre se déroulaient dans la présence d’au moins un observateur de la société civile, des représentants des candidats ou des journalistes. Mais, hier, jusqu’à midi, un seul observateur du réseau Mourakiboun était présent pour contrôler et suivre le déroulement du vote dans tout le centre et enregistrer d’éventuelles infractions. Sous le couvert de l’anonymat, il a expliqué à notre journal que les observateurs de ce réseau ne peuvent pas couvrir tous les bureaux de vote, dans la banlieue nord de Tunis. «Oui nous avons aussi constaté l’absence des observateurs, mais pour ce qui est du réseau Mourakiboun, malheureusement nous ne pouvons pas couvrir tous les bureaux, c’est pour ce fait que les responsables ont appelé les observateurs à se diriger vers les bureaux où le nombre des électeurs est plus important», a-t-il noté.
Pour les agents de l’Isie, chargés de l’organisation de ce scrutin présidentiel dans ce centre de vote, le constat est assez préoccupant dans la mesure où les observateurs constituent un pilier de la transparence de l’opération électorale. L’un de ces agents nous confie même que l’absence des observateurs ne concerne pas seulement ce bureau de vote, mais la plupart des bureaux de la banlieue nord. «Vous êtes les premiers journalistes ou observateurs qui sont venus aujourd’hui, nous ne trouvons pas d’explications pour justifier l’absence des observateurs mais nous espérons qu’ils viendront durant les heures à venir, notamment lors du tri des bulletins de vote et à la fermeture des bureaux», a-t-il expliqué.
Les jeunes au rendez-vous
Contrairement aux observateurs, les jeunes électeurs étaient présents dès les premières heures du matin d’hier, pour participer à ce rendez-vous électoral et décider de leur avenir. En effet, la grande surprise du déroulement du scrutin présidentiel dans ce bureau était l’affluence des jeunes, qui ont même devancé les séniors pour exprimer leur voix.
Qu’a-t-il changé ? Pourquoi l’affluence de cette catégorie d’âge était assez remarquable ? Mahmoud, 23 ans, étudiant en Pharmacie, explique à notre journal que la grande mobilisation sur les réseaux sociaux réside derrière ce constat. Pour lui, les jeunes ont afflué, «car il s’agit d’un défit, c’est comme si c’était un conflit générationnel, les jeunes veulent choisir un candidat, alors que les personnes plus âgées en veulent un autre».
Cette explication est également partagée par les agents de l’Isie qui s’attendaient à une telle affluence de la part des jeunes. «En suivant les derniers jours ce qui se passe sur les réseaux sociaux, on s’attendait à une telle affluence, les étudiants sont même revenus dans leurs villes natales, où ils sont inscrits, pour exercer leur droit», nous a confirmé un responsable de bureau au sein de ce centre de vote.