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Au bout de la logique politique

Au terme de la réunion de son bureau exécutif, le parti Ennahdha vient d’annoncer qu’il entamera des concertations avec les différentes parties concernées, en premier lieu le président de la République, pour trouver un terrain d’entente adéquat à la formation d’un gouvernement dans les plus brefs délais. Pour la deuxième semaine consécutive, le mouvement a pris contact avec des personnalités nationales, des représentants de partis et des acteurs politiques pour dessiner les contours du prochain gouvernement.

Il faut dire que les concertations avec les différentes parties se font, bien sûr, à des degrés divers, sur fond de crise institutionnelle qui  recouvre plusieurs enjeux apparents et d’autres sous-jacents. D’où les conflits d’intérêts entre les différentes parties et qui nous amènent à nous interroger sur la question de la gouvernance : au-delà des résultats des élections législatives et la légitimité qu’elles donnent, qui peut, qui doit gouverner? Un chef de gouvernement nahdhaoui fort d’une légitimité électorale ou une personnalité politique indépendante ?

Le flou reste ce dénominateur commun de ce qui est entrepris et envisagé ici et là. Quelles alliances pourrait tisser Ennahdha pour assurer une majorité parlementaire ? Avec qui et contre qui ?

Au-delà, des failles et des risques, si ce n’est un mal-être. On  joue avec l’inconnu. Enclencher les polémiques, cela commence par une parole bafouée. Et cela finit par tout ce qui rend aussi illégitime un manquement moral qu’une erreur caractérisée.

C’est à plusieurs niveaux qu’il faudrait aujourd’hui craindre les excès qui risquent de dénaturer le paysage politique. Là est sans doute le danger actuel qui nous guette, tout particulièrement à travers le comportement abusif de certains, ou même les relents récurrents à l’absence de visibilité et de vision.

Il faut dire qu’au-delà des attitudes le plus souvent curieuses et pour le moins dénuées de sens de la responsabilité, c’est l’incapacité d’agencer et de conjuguer les efforts qui a entraîné les politiques dans les sentiers battus. Cela prend des proportions encore plus alarmantes lorsque le contexte social devient explosif. Les polémiques et les querelles permanentes qui ne cessent d’émailler le paysage politique ont fini par devenir une source de pessimisme et de doute. Ce qui a généré une élite qui se plie à toutes sortes de pratiques étrangères au champ des compétences et des valeurs sûres.

Ces mêmes valeurs sont autant de repères que la scène politique est en train de perdre, surtout lorsque s’y installe la forfaiture avec tous les manquements qui en découlent. On n’est pas là évidemment dans une comparaison absurde des défaillances et des déficiences, mais bien dans l’affirmation essentielle que la démocratie n’aura plus aucun sens si son éthique fondamentale n’est pas respectée. Rien n’est plus vraiment exemplaire sur la scène politique.  Ni l’ambiance, ni les rapports humains entre les différents acteurs, ni le niveau des débats, ni le mode de vie, ni la gouvernance. Ici et là, les abus et l’ingérence outrepassent les compétences. La confusion dans les rôles et dans les prérogatives fait que chaque parti politique ne reconnaît plus la légitimité de l’autre.

C’est à se demander s’il existe vraiment chez nos élites une vision collective des problèmes ? Ou alors chacun défend-il simplement ses propres intérêts?

Nous nous contentons de dire que la politique est mystérieuse et énigmatique, voire étrange, pour ceux qui ne savent pas l’apprécier à sa juste valeur…

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