S’il y a aujourd’hui une urgence qui s’impose, c’est certainement la remise en état de l’infrastructure de la capitale et des autres grandes villes du pays. Un plan national devrait être mis en place impérativement pour éviter les scènes de catastrophe observées hier. Car la situation est devenue carrément insupportable pour les citoyens comme pour les autorités, et le ras-le-bol est général.
On se demande qu’ont pu faire les différents décideurs qui se sont succédé à la tête de l’Etat durant les dernières années. N’était-il pas urgent de résoudre les problèmes de l’infrastructure et prévenir les dégâts humains et matériels? Somme-nous devant une situation d’incapacité totale pour améliorer le quotidien des Tunisiens ou s’agit-il d’un laxisme et d’un laisser-aller inadmissibles ? Dans ces circonstances dramatiques et catastrophiques pour les citoyens, les autorités se sont-elles préparées aux changements climatiques ? Autant de questions et d’interrogations qui s’imposent en quête de réponses claires et solutions opérationnelles, face au énième épisode d’un long feuilleton portant sur une infrastructure défaillante et incapable de supporter des précipitations qui devaient être, pourtant, bénéfiques. Un long feuilleton dont, malheureusement, la fin n’est pas prévue pour demain. Hier, sous les pluies abondantes et torrentielles provoquant des inondations dans plusieurs gouvernorats de la République, des Tunisiens ont été privés de se déplacer, d’aller travailler ou étudier, d’autres ont été même empêchés d’aller aux hôpitaux ou de voyager, et pour certains d’entre eux, c’était carrément le cauchemar.
Suite à une chute abondante de pluies, des inondations ont été enregistrées, hier, notamment dans plusieurs villes et quartiers du Grand Tunis où la situation renvoie à un véritable contexte de catastrophe naturelle : routes coupées, moyens de transport interrompus, citoyens en détresse, effondrement de chaussées et voitures emportées par les eaux, c’est ainsi que se résume la situation, marquant de nouvelles scènes sombres et douloureuses dont les citoyens sont les principales victimes. Mais jusqu’à la rédaction de ces lignes, ce sont seulement des dégâts matériels enregistrés, notamment dans le gouvernorat de l’Ariana, à La Soukra, à Borj Louzir et également à Ksar Said, ou encore à Monastir qui ont été signalés, aucune perte humaine n’est, heureusement, à déplorer.
Les moyens de transport hors service
En effet, c’est la capitale Tunis et les autres villes du Grand Tunis qui ont été particulièrement touchées par ces intempéries et ces inondations provoquant une situation de paralysie totale induite par l’interruption de pratiquement toutes les lignes de transports en commun. Effectivement, ce sont notamment les lignes de la Société nationale des chemins de fer tunisiens (Sncft) qui ont été bloquées, pour nous rappeler encore une fois de la fragilité de l’infrastructure.
Le trafic des trains des voyageurs sur les grandes lignes et celles de la banlieue de Tunis a été bloqué au niveau de l’entrée de la gare de Tunis à cause de l’augmentation du niveau des eaux, a annoncé la société. La gare de Jbel Jloud a été le point de départ et d’arrivée de quelques lignes encore opérationnelles.
Même image chez la Société des transports de Tunis (Transtu), toutes les lignes de métro reliant la capitale à plusieurs périphéries ont été bloquées, idem pour la ligne ferroviaire Tunis-La Goulette-La Marsa (TGM). Le chargé de communication auprès de la Société des transports de Tunis, Mohamed Chamli, a expliqué à notre journal que cette interruption intervient principalement suite à la montée du niveau des eaux sur les lignes des engins. « Le service reprendra si on observe une baisse des niveaux des eaux pluviales, nous suivons de près la situation, c’est la sécurité des voyageurs qui prime car la situation est compliquée », a-t-il affirmé. Mohamed Chamli a souligné d’autre part que le trafic des bus de la Transtu est plus ou moins régulier à l’exception des zones qui ont été inondées.
La Protection civile et l’équipement sur le pied de guerre
Pas que les moyens de transport et les lignes des trains et métros, la circulation routière a été considérablement touchée par cette situation météorologique très délicate, annoncée pourtant par les services de l’Institut national de la météorologie (INM). Ce sont les rues de la capitale Tunis et des autres villes du Grand Tunis qui ont été bloquées par les eaux pluviales, des automobilistes ont été contraints de rebrousser chemin. Les eaux de pluie, dont le cumul a atteint 100 mm dans certains quartiers, ont également pénétré dans des maisons. En effet, les quantités importantes de pluies qui se sont abattues ces dernières heures sur le Grand Tunis ont causé de nombreuses perturbations sur les voies routières. Ces pluies ont notamment provoqué d’énormes embouteillages et blocages sur de nombreuses artères paralysant le trafic routier.
Une situation qui a évidemment nécessité une intervention rapide et efficace des unités de la Protection civile qui étaient sur le pied de guerre, mobilisées presque partout. « Depuis l’aube du lundi, nous avons commencé les interventions par le sauvetage de certaines personnes qui ont été bloquées dans leurs véhicules sur le Grand Tunis. Nous avons également déplacé certains véhicules qui bloquaient le passage, et ceci selon les moyens disponibles. Mais, la priorité a été donnée au sauvetage des personnes », a déclaré, pour sa part, le colonel Moez Triâa, porte-parole de la Protection civile dans des interventions médiatiques. Pour sa part, le ministère de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire a affirmé qu’il était en train d’intervenir dans toutes les régions où la circulation est entravée ou ralentie. « Toutes les ressources matérielles et humaines nécessaires ont été mobilisées à cet effet pour rétablir la circulation dans les plus brefs délais », précise ce même document, cité par l’agence TAP. En tout cas, pour le ministre de ce département, il ne s’agit pas d’une situation catastrophique, tout était sous contrôle. En effet, le ministre de l’Equipement, Noureddine Selmi, a déclaré aux médias que la situation n’était pas catastrophique et que des interventions étaient en cours dans plusieurs régions. « L’infrastructure en Tunisie rencontre plusieurs problèmes depuis des années, notamment au niveau de l’évacuation des eaux pluviales », a-t-il expliqué.
L’Ariana considérablement touchée
La situation météorologique très délicate, on dira même catastrophique dans certains quartiers, a concerné plusieurs gouvernorats et villes comme le Grand Tunis, Nabeul, Monastir et Sousse. C’est l’Ariana qui semble être le plus concerné. En effet, plusieurs villes de ce gouvernorat ont été considérablement touchées par ces inondations alors que des centaines de citoyens ont lancé des appels à l’aide à travers les médias et sur les réseaux sociaux.
En dépit des messages de rassurance du département de l’Equipement, Fayrouz Ben Jemaa, maire de La Soukra, a estimé que la région est devenue désormais sinistrée suite aux pluies qui se sont abattues depuis la nuit de dimanche. Sur les ondes d’une radio privée, la responsable a lancé un appel de détresse aux ministres de l’Equipement, de l’Agriculture et de l’Environnement en plus du président de la République pour intervenir en vue de mettre un terme à « la situation catastrophique ».
Le gouverneur de l’Ariana, Mokhtar Nefzi, a indiqué à cet effet que cette situation s’explique notamment par la chute ininterrompue de pluies durant la nuit de dimanche à lundi. Il a fait savoir dans ce sens que le cumul des précipitations a atteint 75 mm à La Soukra, 95 à Mnihla et 83 mm à Raoued. « L’infrastructure dans ces villes et quartiers ne pourra en aucun cas supporter de telles quantités de précipitations, c’est ce qui explique la situation catastrophique observée », a-t-il reconnu. Et face à cette situation, alors que certains endroits ont été ravagés plus que d’autres, des habitants de la Cité El Mostakbal en colère, dans le gouvernorat de l’Ariana, ont bloqué la route de Bizerte pour protester, ce qui a enfoncé le clou. Dans certains quartiers de l’Ariana, l’intervention des unités de l’Armée nationale était nécessaire pour appuyer les efforts de la Protection civile en vue d’évacuer des citoyens en détresse et dégager des routes bloquées.
La Steg appelle à la vigilance
Au vu de cette situation délicate et aux risques d’électrocution, la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (Steg) a appelé tous les citoyens à faire preuve de vigilance et à ne pas s’approcher des poteaux, câbles et transformateurs électriques pour éviter des accidents, vu les précipitations, qui peuvent causer des dégâts sur les réseaux d’électricité et de gaz. La Steg a appelé, dans ce sens, les citoyens à contacter ses services pour déposer les déclarations d’accident, les réclamations de pannes sur le réseau d’électricité ou la fuite de gaz, afin de mobiliser des équipes techniques pour éviter tout danger. Sur les réseaux sociaux, les images et vidéos étaient impressionnantes, témoignant d’une véritable situation catastrophique dans certains quartiers. Des véhicules renversés, des effondrements de routes et de chaussées, des habitants sinistrés, tout renvoie à des scènes désolantes. Sur ces mêmes réseaux, les conseils municipaux, le ministère de l’Equipement et toutes les autorités ont été pointés du doigt, notamment en raison de l’absence d’un plan pour faire face à de telles intempéries. Notons que des précipitations importantes ont été enregistrées depuis la nuit de dimanche dans le Grand Tunis, causant l’accumulation de quantités importantes d’eaux, qui ont submergé plusieurs habitations et ont emporté des véhicules dans plusieurs zones et le blocage de la circulation. L’institut de la météorologie a prévu des pluies orageuses sur la plupart des régions hier et aujourd’hui. Ces pluies seront temporairement intenses et en quantités localement importantes sur les régions côtières Est.