Encore une journée exceptionnelle sous le dôme de l’Assemblée des représentants du peuple. Hier, la deuxième législature a été inaugurée en présence de tous les députés, une inauguration qui a été marquée par une tension dès le premier jour. Si le déroulé protocolaire de cette séance plénière à l’issue de laquelle on devait connaître le prochain président du Parlement était au centre de l’attention, ses coulisses ont été également placées sous les projecteurs.
Avant l’ouverture de la séance plénière consacrée à l’inauguration de la deuxième législature, les couloirs de l’ARP se sont transformés en de véritables salles de réunions entre les nouveaux députés, qui représentent, bien entendu, des partis politiques impliqués dans un processus de négociations et de tractations pour former le nouveau gouvernement. En effet, pour cette journée, l’enjeu était double poursuivre les pourparlers et mettre les dernières touches sur d’éventuels compromis autour de l’élection du nouveau président de l’ARP, mais aussi se pencher sur la formation du gouvernement et la possibilité de voir de nouvelles alliances voir le jour.
Vers 9h30, dans les quatre coins du hall principal du Parlement, les cercles de discussions ne se comptaient pas mais ce qui était remarquable c’est notamment le rapprochement et l’entente visibles entre les députés d’Ennahdha, du Mouvement du peuple et ceux du Courant démocratique, même si les dirigeants de ces trois formations politiques reconnaissent que leurs négociations sont au point mort. En fait, les députés du parti Ennahdha étaient la pièce maîtresse de ces cercles de discussions et de négociations sous le dôme du Parlement. Des négociations qui incluaient même certains députés du parti de Rached Ghannouchi et ceux du parti Au Cœur de la Tunisie qui ont été aperçus à maintes reprises en pleines discussions, on pourra s’attendre alors à des points de rapprochement entre ces deux blocs parlementaires, mais aussi entre les deux partis pour le reste du processus des tractations portant sur la formation du gouvernement.
Mais loin de ces pourparlers, concertations et discussions, ce sont également certains nouveaux élus qui ont attiré l’attention lors de cette séance plénière. C’est notamment le cas de Seïfeddine Makhlouf, président du bloc de la Coalition Al-Karama, dont l’aspect vestimentaire était au centre des regards. Vêtu d’une Djebba, le député a-t-il voulu attirer l’attention des médias ou simplement transmettre un message d’attachement à ses origines ? En tout cas, pour lui, ce n’est qu’un acte spontané.
Manifestation et colère
Au cœur d’un scandale sexuel, le nouveau député du parti Au Cœur de la Tunisie, Zouhaïer Makhlouf, faisait également l’objet d’un engouement médiatique. Ce dernier, accusé de harcèlement sexuel et d’atteinte aux bonnes mœurs, a été ciblé, hier, par une manifestation organisée devant le Parlement par des membres du collectif Ena Zeda, dénonçant le harcèlement et les violences sexuelles. Ces protestataires, qui ont scandé des slogans appelant notamment au retrait de l’immunité parlementaire et à l’application de la loi, manifestaient contre la prestation de serment du nouveau député Zouhair Makhlouf, accusé, en effet, dans une affaire de harcèlement sexuel.
Toujours devant le siège de l’ARP, une autre manifestation a été organisée par des familles des martyrs et des blessés de la révolution qui se sont rassemblées à l’occasion de l’ouverture de la deuxième législature pour appeler les nouveaux députés à accorder à leur dossier l’importance qu’il mérite. Les familles protestataires ont également appelé à former une commission indépendante pour accélérer l’examen de ce dossier et publier la liste complète des martyrs et blessés de la révolution dans le Jort.Mais à l’intérieur du Parlement, et à l’annonce du début de prestation du serment, l’Assemblée a été la proie à la zizanie dès les premières heures de sa réunion. En effet, la prestation de serment était à l’origine du premier clash entre Rached Ghannouchi, qui a présidé cette plénière étant donné qu’il est l’élu le plus âgé, et la députée du Parti destourien libre, Abir Moussi, qui a réclamé de prêter le serment d’une manière individuelle et non pas collective. Au moment où la grande majorité des députés était en train de prêter serment d’une façon collective, Abir Moussi et certains députés de son parti étaient en train de crier et de contester, car, pour eux, il y avait des députés qui étaient absents durant la séance et qui n’ont pas prêté serment. La situation s’est calmée ultérieurement, lorsque Rached Ghannouchi a permis aux autres députés de prêter serment à nouveau.