Sit-in devant le ministère de l’agriculture : Les oléiculteurs en colère

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Les agriculteurs revendiquent une tarification de 7.5 dinars pour le litre d’huile d’olive.


Les agriculteurs venus de diverses régions de la Tunisie ont observé hier un sit-in devant le siège du ministère de l’agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche pour protester contre la nouvelle tarification de l’huile d’olive imposée par l’Office national de l’huile (ONH). Les oléiculteurs qui ont participé à ce mouvement de protestation, sous la houlette de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (Utap), ont également contesté le laxisme du ministère de tutelle qui, selon leurs dires, n’arrive pas à prendre les justes décisions pour résoudre les difficultés rencontrées dans le secteur oléicole. Nous étions sur les lieux pour recueillir quelques témoignages.

Abdelmajid Ouled Ali, agriculteur et membre du bureau régional de l’Utap à Bir Ali Ben Khelifa, affirme que ce laisser- aller dont fait preuve le ministère risque de compromettre la récolte qui a battu un nouveau record cette année. « Nous sommes ici aujourd’hui pour protester contre la situation inquiétante de la récolte des olives qui risque d’être endommagée si le ministère ne prend pas les justes décisions pour répondre aux revendications des agriculteurs. Cela fait trois ans que nous attendions une telle saison. La tarification imposée par l’ONH n’est pas encore définie d’une manière claire et exacte. Les prix de vente sur le marché qui ont été déclarés (5.5 dinars) ne peuvent en aucun cas couvrir les coûts de la production. Nous revendiquons une tarification de 7.5 dinars », explique l’oléiculteur. Ce prix proposé par les agriculteurs peut être, selon eux, négocié et relativement revu à la baisse pour frôler les 6.5/6.8 dinars.

Ces revendications ont été réitérées par S.H un sénior, natif de la même région (Bir Ali Ben Khelifa) qui a voulu garder l’anonymat. Pour lui, il est inconcevable que l’augmentation des prix ait touché pratiquement tous les secteurs, tandis que le prix de vente de l’huile d’olive demeure inchangé. « Le coût de la production de l’huile d’olive comprend les coûts de l’eau, l’électricité, l’hydrocarbure…etc. Sa tarification devrait forcément suivre la tendance haussière des prix. Dans le cas échéant, l’agriculteur ne peut tirer aucun profit de sa culture. Une telle saison prometteuse doit être préparée à l’avance au mois de juin», s’est-il indigné. Cet oléiculteur sénior a par ailleurs lancé un appel urgent aux autorités afin de résoudre les difficultés qui menacent « la pérennité du secteur », tout en soulignant que les petits agriculteurs ne peuvent plus joindre les deux bouts si cette politique tarifaire sera maintenue.

« Le coût de la main-d’œuvre est compris entre 35 et 20 dinars par jour, le tarif le plus bas étant celui des ouvriers de la gent féminine. En moyenne, le rendement de deux ouvriers (homme et femme), est de 70 kilos par jour. Tout compte fait, les prix de vente actuels ne sont pas en mesure de couvrir les frais de production », s’est indigné Mohamed Ben Fraj Ben Ghraiba agriculteur de la région de Sfax.
Le député d’Achaâb, Abdessalam Ben Amara, était sur les lieux pour soutenir les revendications des agriculteurs en protestation. Il nous affirme que : « La crise du secteur oléicole est une crise nationale, étant donné que la production de l’huile d’olive figure parmi les secteurs les plus productifs en Tunisie. Ayant une forte valeur ajoutée, il est également l’un des secteurs phares de l’exportation tunisienne. Nous contestons la nonchalance dont font montre les autorités de tutelle face aux difficultés du secteur. Nous considérons que le problème puise son origine dans une inefficacité au niveau de la gouvernance. Le mouvement du Peuple sera toujours le défenseur des droits de tous les citoyens, notamment les agriculteurs », a-t-il déclaré.

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